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Procès Kamerhe: la défense charge l’accusation à l’entame!

Le mensonge a été utilisé à dessein pour organiser l’arrestation arbitraire du Directeur de Cabinet du Président de la République, par lequel le Ministère public a incité la population à la haine, la xénophobie et au tribalisme, dans le but de l’offrir à la vindicte populaire et ainsi le séparer du Président de la République, ont asséné le week-end ceux qui vont batailler pour tenter de prouver l’innocence et obtenir l’acquittement du patron de l’UNC…

La comparution, à partir de ce lundi 16 mai, de Vital Kamerhe pour «pour détournement des deniers publics et corruption» devant le Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe n’est que le premier acte d’un long processus judiciaire. Avant même le passage de l’accusé à la barre à la prison de Makala où la première audience est prévue, la défense a lancé l’offensive et chargé l’accusation dans un document médiatisé. Les avocats ont entrepris de charger sans concession l’organe de la Loi, l’accusant d’avoir menti pour arrêter le Directeur de Cabinet du Président de la République. Ils ont fait part de deux gros mensonges relevés dans l’Ordonnance du Tribunal  de paix de Kinshasa/Matete rendue le 11 avril 2020.

La défense, ainsi montée au créneau, a entrepris de batailler pour prouver que les griefs retenus à charge de Kamerhe, notamment le détournement des deniers publics «par le mécanisme d’attribution des marchés publics de gré à gré à des entreprises fictives», notamment 47 millions de dollars à la société Samibo pour la construction des logements sociaux et 10 millions de dollars à Trade Plus pour l’achat des médicaments, instillent le doute quant à sa culpabilité.

Voici qu’en  droit  le doute profite à l’accusé. Voici que le doute, à travers sa mise en œuvre, le principe de la présomption d’innocence semble donc avoir une force plus importante dans le déroulement et le dénouement d’un procès. La défense de Kamerhe l’a peut-être compris. Elle a justifié ses accusations contre le Parquet par les contradictions constatées entre les chiffres et les renseignements signalés dans l’Ordonnance du Tribunal de paix de Kinshasa/Matete du  11 avril 2020 et la requête aux fins de fixation d’audience que le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete a transmise au président du Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe. Dans la requête aux fins de fixation d’audience, Kamerhe est accusé de détournement de la somme globale de 48.831.148 dollars, en complicité avec le patron de la société Samibo, Samih Jammal, contre 47 millions de dollars précédemment indiqués dans l’Ordonnance du Tribunal de paix de Matete.

Les avocats de Kamerhe ont aussi fustigé la fausseté de l’allégation du Parquet selon laquelle la société Samibo n’existe pas. «La société Samibo n’est pas fictive. Elle avait signé le premier contrat de gré à gré pour la construction de 900 maisons avec la République Démocratique du Congo en avril 2018, et un Avenant à ce contrat en 2019, pour passer de 900 à 1500 maisons et, ce, à travers le ministre du Développement rural du gouvernement Tshibala», ont-ils argumenté avant de signaler: «les autres 3000 maisons épinglées constituent la deuxième commande de la République passée à la suite de la promesse faite par le Président de la République en vue d’améliorer les conditions de vie des militaires et policiers». Ils ont soutenu que sur cette commande évaluée à 57 millions de dollars, le gouvernement n’a payé qu’un acompte de 2.137.500 dollars, contrairement aux «fausses» déclarations du «Ministère public qui a parlé d’un décaissement de 47 millions de dollars» et que «93 maisons sont déjà arrivées au port de Matadi». La pièce du décaissement est en leur possession.

Arrestation arbitraire

Alors que le Ministère public a entre autres arrêté Kamerhe pour avoir, selon lui, passé un marché de gré à gré avec l’entreprise Trade Plus, spécialisée en quincaillerie et non en produits pharmaceutiques, après avoir reçu 10 millions de dollars pour la fourniture des médicaments périmés ou impropres à la consommation dans leur majorité, la défense a trouvé une autre raison de crier au mensonge. Dans sa réaction, elle a argué que la commande auprès de Trade Plus a été passée par le ministère de la Santé pour 5.354.134,72 dollars au lieu de 10 millions de dollars avancés par le Parquet. De plus, «Trade Plus est une entreprise qui a bel et bien pour objet social, entre autres, la pharmacie, comme le témoignent ses statuts notariés», ont-ils asséné, précisant par ailleurs que «tous les médicaments commandés par le ministère de la Santé ont été réceptionnés» et «seuls quelques items contenus dans deux containers sur 12 livrés approchaient la date de péremption ont été remplacés à la demande du ministre de la Santé après le contrôle de qualité effectué par les services attitrés.

Forts de ces arguments, les avocats de Kamerhe sont convaincus que «le mensonge a été utilisé à dessein pour organiser l’arrestation arbitraire» du Directeur de Cabinet du Président de la République. «Nous constatons que par ces mensonges, le Ministère public a incité la population à la haine, la xénophobie et au tribalisme, et ce, dans le but d’offrir le Directeur de Cabinet du Président de la République à la vindicte populaire et ainsi le séparer du Président de la République. En clair, la Justice congolaise a été utilisée et instrumentalisée par certaines personnes mal intentionnés», ont-ils cogné en définitive.

KISUNGU KAS

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