Neuf mois après la réélection de Félix Tshisekedi à la présidence de la République, l’UDPS, son parti politique, se déchire. Augustin Kabuya, le président intérimaire et secrétaire général destitué, est de loin de raccrocher. Deo Bizibu, désigné secrétaire général intérimaire pour une durée de six mois par la Convention démocratique du parti -CDP-, n’entend pas non plus abandonner la partie. La Convention Démocratique du Parti est un organe statutaire de concertation qui fonctionne au niveau fédéral, selon les statuts du parti signés en 2013. Cette structure a pour attributions de veiller au bon fonctionnement, des différents organes du parti, d’organiser la commission de discipline, et de se prononcer sur certaines matières non réglementées par les statuts.
Les deux chefs ont juré de se faire la guerre le 7 septembre prochain. Si Bizibu a pris le pari de conquérir la permanence sise 11ème Rue Limete petit boulevard pour, enfin, «se mettre au travail», Kabuya a lancé le défi d’y garder ses bureaux. La rupture entre le secrétaire général et son adjoint en charge des questions politiques et administratives, également conseiller à la présidence de la République, est intervenue il y a quelques semaines quand un autre fils-maison, l’ancien ministre de la Santé Eteni Longondo a entrepris de mener la fronde contre Kabuya, l’accusant de mauvaise gestion.
Face à la remise en cause de l’un de ses hommes de confiance laissés aux commandes de la formation politique, Félix Tshisekedi a évoqué la vitalité démocratique qui a toujours caractérisé l’histoire mouvementée de l’UDPS. Sauf que cette vitalité a fini par consacrer l’existence de deux ailes aujourd’hui antagonistes.
Kabuya est ouvertement soutenu par une frange de fidèles dont la ministre d’Etat en charge des Affaires foncières, tandis que le camp rival compte un bon nombre d’anciens ministres et ex-mandataires du parti dans les institutions et les entreprises publiques, rejoints par son porte-parole et des secrétaires nationaux jamais nommés à des postes de responsabilité dans les rouages de l’Etat depuis que l’UDPS est aux affaires en janvier 2019.
Ancien vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et haut cadre du parti, Peter Kazadi a appelé les deux factions à mettre de l’eau dans leurs vins, rien n’y a fait. Après une série de manifestations dont une conférence de presse et un recueillement à Kibomango, commune de Nsele, au mausolée du leader historique du parti, Étienne Tshisekedi, Deo Bizibu et sa légion ont pris la décision de lancer l’assaut sur le QG du parti le week-end prochain. Dimanche soir, dans un audio mis en circulation dans les réseaux sociaux, on entend Kabuya donner, lui aussi, rendez-vous à ses troupes à la même date et au même endroit. Étincelles en l’air.