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Kabila et Fatshi écrivent l’Histoire

Dans les annales, la date du jeudi 24 janvier 2019 est à jamais gravée en lettres d’or. Jamais une telle cérémonie de prestation de serment dans l’Histoire de la RD-Congo. Il y a eu de l’émotion. Il y a eu des larmes. Il y a eu de la joie. Il y a eu des invités de marque dont le président kényan Uhuru Kenyata et son ex-rival Raila Odinga, les vice-présidents tanzanien, namibien, zimbabwéen et burundais, les chefs des corps, des anciens Premiers ministres de la RD-Congo, Matata Ponyo Mapon, Samy Badibanga Ntita et Bruno Tshibala, celui-là même qui a financé le processus électoral ayant débouché sur cette grande manifestation. Il y a eu surtout les deux hommes du jour: Joseph Kabila Kabange, le Président de la République sortant, père de cette alternance, et Félix Tshisekedi, son bénéficiaire direct.
Il y a eu aussi des masses reconnaissables par leur tenue blanche. Certaines perchées sur les arbres et les balcons du Palais de la Nation. Que de belles images. Comme celle où Kabila salue et applaudit le discours d’investiture de son successeur.
Un discours teinté d’humilité, pour un Président qui se veut rassembleur, et de vision d’un digne fils du pays déterminé à apporter sa touche dans le développement de la RD-Congo alors que la veille, dans son dernier discours à la Nation, Kabila a déclaré avoir fait sa part après18 ans de règne.
De l’avis de Félix, la journée historique du jeudi 24 janvier 2019 ne consiste nullement à célébrer «la victoire d’un camp contre un autre», plutôt d’honorer «un Congo réconcilié», car «la RD-Congo, que nous formons, ne sera pas un Congo de la division, de la haine ou du tribalisme».
Trois moments forts ont marqué le mot du Président Félix Tshisekedi lors de la toute première cérémonie de passation pacifique du pouvoir en RD-Congo. D’abord, des hommages rendus aux illustres personnalités politiques d’hier et d’aujourd’hui qui ont tant œuvré pour ce vaste pays au cœur de l’Afrique. Dans un premier temps, Fatshi a salué la mémoire de ses prédécesseurs à la présidence, notamment Joseph Kasavubu, Maréchal Mobutu, les Kabila père et fils. «Ce moment inédit de notre histoire est aussi un instant privilégié pour célébrer les différents acteurs du passé qui ont contribué à l’avènement de cette transition démocratique. Nous pensons tout d’abord au Président Joseph Kasavubu, réputé pour sa droiture et sa gestion saine. Ensuite, au Premier ministre Patrice Emery Lumumba puis au Président Joseph Désiré Mobutu, déterminé dans la recherche de l’unité du peuple congolais et l’affirmation de notre authenticité. Enfin, au Président Laurent-Désiré Kabila», a dit Félix sans tarir d’éloges à l’endroit de son prédécesseur direct. «Dans le plus grand respect de la tradition républicaine, nous rendons hommages à celui qui aura été l’un des acteurs de la matérialisation de l’alternance démocratique et pacifique, M. le Président Joseph Kabila Kabange… Dans votre exercice du pouvoir, vous avez pu engager le pays dans une transition qui avait abouti à la réunification du territoire national alors divisé», a-t-il reconnu. Dans le chapitre des hommages, Félix Tshisekedi a mentionné son défunt père et leader de l’UDPS pour sa longue lutte pendant près de 4 décennies pour l’instauration démocratique en RD-Congo. «Nous voulons rendre hommages à celui qui a orienté et façonné notre lutte politique durant 4 décennies avant de nous quitter au cœur du combat le 1er février 2017, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba. Cet homme d’exception a su, par son charisme, sa rigueur morale, sa ténacité et son dévouement, incarner les profondes aspirations du peuple congolais pour la démocratie et le progrès social», a souligné le nouveau Président non sans faire un clin d’œil à ses deux principaux adversaires à la présidentielle du 30 décembre 2018: Martin Fayulu Madidi et Emmanuel Ramazani Shadary.
«Nous témoignons notre profond respect et sincère admiration à l’endroit de notre frère Martin Fayulu Madidi avec lequel nous avons mené ce combat politique… L’engagement de ce véritable soldat du peuple est un exemple pour la vitalité de notre démocratie et la responsabilité civile de chaque congolais… Nous partageons aussi un sentiment patriotique commun envers le camarade Emmanuel Ramazani Shadary», a-t-il précisé quelques instants après avoir invité l’assistance à observer une minute de silence en mémoire de «tous nos martyrs, à nos compatriotes qui sont tombés sur le champ d’honneur pour la cause de la démocratie et de l’alternance».

Promesses de libération des prisonniers politiques et d’opinion
Les hommages passés, le Président Félix Tshisekedi s’est plongé au cœur de son action au sommet de la RD-Congo. Deuxième temps fort de son discours. Il ambitionne notamment de «construire un Congo fort dans sa diversité culturelle et son attachement à la mère patrie. Un Congo tourné vers son développement dans la paix et la sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa place».
«Si cette étape de la transition démocratique peut être considérée comme l’aboutissement d’un combat, nous devons aussi y voir un horizon primaire nouvel. Sans aucun doute, le commencement d’un nouveau combat dans lequel nous voulons engager le peuple congolais. Le combat pour le mieux être de chaque citoyen et citoyenne de ce beau pays», a fait savoir Félix tout en soulignant sa détermination de mener une lutte sans merci contre la fraude fiscale.
Dans son discours, il a aussi fait des promesses dont la principale est la libération prochaine des prisonniers politiques. «Le ministre de la Justice sera chargé de recenser tous les prisonniers politiques ou d’opinion sur l’ensemble du territoire national en vue de leur prochaine libération», a-t-il annoncé dans le cadre de «garantir à chaque citoyen le respect de l’exercice de ses droits fondamentaux».
Avant de mettre terme à son discours, le Président a fait un malaise qui a suscité panique au sein de la population et des foules présentes à la cérémonie d’investiture. Il y a eu plus de peur que du mal. Le Président, plus fort que jamais, s’est relevé et à continuer son discours. Il a mis ce malaise à l’actif de «la campagne de pauvre, la préparation, les émotions endurées ont eu raison de ma personne humaine. J’ai connu un moment de faiblesse. Je m’en excuse. Maintenant que ma force et mon énergie sont revenues, nous pouvons continuer», a dit Félix. Troisième temps fort ayant abouti à la fin de la cérémonie suivie, quelques heures plus tard, d’un repas entre les couples présidentiels sortant et entrant devant des invités triés sur le volet.
AKM
Laurent OMBA

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