Me Jean-Claude Katende est compté parmi les acteurs de la Société civile RD-congolaise engagés dans la promotion, protection et défense des droits humains. Il est actuellement 1er vice-président de l’Eveil patriotique. Avocat de son état, il fustige le fait que la RD-Congo n’a pas des valeurs communes à défendre. «Chacun agit comme il veut et dans toute impunité», regrette-t-il. Raison pour laquelle il propose deux pistes pour sortir le pays du gouffre et lui permettre d’avancer vite. D’abord, «convenir de ce que nous considérons comme valeurs communes ou nationales», puis «convenir des priorités nationales». Il s’est confié à AfricaNews lundi 3 août.
Pour Me Jean Claude Katende, il y a des fortes chances pour la RD-Congo d’avancer vite. «C’est possible que je me trompe dans ma réflexion ou ma façon de voir les choses, mais je pense également qu’à un moment donné, il est important de décrire les choses telles qu’elles sont», laisse-t-il entendre. Ce juriste fait la prospection depuis l’Etat indépendant du Congo -EIC-, en passant par la colonisation de la RD-Congo, puis l’obtention de l’indépendance avec sa gestion calamiteuse des nationalistes notamment le conflit Lumumba-Kasa-Vubu, coup d’Etat de Mobutu, prise de pouvoir par l’AFDL avec Laurent-Désiré Kabila en débouchant sur le règne de Joseph Kabila, rien n’a marché en RD-Congo. L’on tourne en rond. Il pense qu’il est grand temps pour concevoir les choses autrement.
Deux pistes de solutions pour l’envol de la RD-Congo
«Qu’il soit Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, notre Président actuel ou celui qui pourrait lui succéder en 2023 ainsi que nous tous les RD-Congolaises et RD-Congolais, nous devons savoir que si nous ne nous mettons pas d’accord, de manière honnête et sincère sans calculs politiciens, sur certaines choses, notre pays ne pourra pas avancer vite comme nous le souhaitons, alors qu’il a tout ce qu’il faut pour être le moteur de l’Afrique, pourquoi pas du monde», souligne-t-il, en proposant deux pistes de solutions pouvant permettre au pays de Lumumba d’aller de l’avant avec vitesse. «En premier lieu, convenir de ce que nous considérons comme valeurs communes ou nationales», dit-il. Jean Claude Katende explique que ces valeurs doivent être entendues comme quelque chose que tout le monde doit accepter et défendre.
«C’est une ligne rouge que personne, qu’il soit simple citoyen, prince ou roi, ne peut franchir. Si quelqu’un transgresse ces valeurs, il doit avoir tout le monde contre lui -institutions, parents, amis, collègues, collaborateur…», martèle-t-il. Malheureusement, pour lui, il constate qu’à voir ce qui se passe autour de RD-Congolais, il lui semble qu’ils n’ont pas de valeurs communes ou nationales dont la violation doit entrainer d’abord la désapprobation populaire et, ensuite, la sanction pénale ou administrative. «Dans notre pays, nous sommes tous habitués à arrondir les angles, à tout expliquer ou justifier, à tout accepter… Pas de place à la rigueur ou à la discipline. Il y a moins de droiture, moins de sincérité/honnêteté. Celui qui est rigoureux, il est considéré comme méchant ou mauvais. Cette manière d’agir nous fragiliser et fragiliser notre pays», fustige-t-il.
Pour renverser la tendance, cet activiste des droits humains insiste sur des valeurs communes ou nationales qui doivent être connues de tous et défendues par tous. Selon lui, par exemple, la vie, la famille, l’école, le respect des biens publics et privés, la protection de la femme et la jeune fille, l’accès au pouvoir par les élections, le travail… doivent être considérés comme des valeurs communes ou nationales. «Elles doivent être protégées, en pratique, par l’Etat et par tous, elles doivent être enseignées à l’école. Et tout acte qui porterait atteinte à ces valeurs doit être condamné par tous et puni par la justice en tout temps», avance-t-il, renchérissant que «l’Etat a le devoir de former les citoyens et d’imposer ces valeurs communes ou nationales».
Selon ses dires, «si l’Etat RD-congolais ne s’engage pas sur cette voie, nous n’aurons jamais de valeurs communes ou nationales autour desquelles les citoyens peuvent s’unir ou se reconnaitre». C’est pourquoi il reste regardant quant aux actions de l’actuel Chef de l’Etat. «Même si l’administration du Président Félix Tshisekedi ne construit pas de grandes infrastructures, s’il pose de bases d’identification, de promotion et de protection de telles valeurs, il aura réalisé la fondation pour la construction d’une grande et puissante nation. L’exemple de la Chine peut nous enseigner», évoque Katende. Deuxième piste, JC Katende penche sur «convenir des priorités nationales».
Il n’entend pas par priorités nationales le programme du gouvernement plutôt les priorités des citoyens eux-mêmes et les priorités partant des citoyens vers les autorités. «Pour arriver à la détermination de ce type des priorités, il faut donner la parole aux citoyens. Dans notre pays, les leaders politiques et sociaux parlent trop et le pays n’avance pas. Il faut organiser des consultations des citoyens à tous les niveaux pour que les priorités des simples citoyens remontent du niveau local vers le niveau national. Les citoyens d’en bas connaissent mieux leurs besoins et ils ont aussi des solutions adaptées au contexte local», propose-t-il.
Puis: «Un tel processus ne doit pas être politisé comme cela se fait souvent». A ce stade, JC Katende est d’avis qu’au niveau national, on peut alors regarder ce que la RD-Congo profond a dit et faire de ses besoins des priorités nationales autour desquelles on peut mobiliser la nation. Selon lui, quand les citoyens participent à la définition des priorités d’un pays, il est facile de les mobiliser pour la mise en œuvre des solutions. «Ces priorités nationales constitueront la source d’inspiration des programmes des partis politiques lors des compétitions électorales», martèle encore JC Katende, reconnaissant qu’«un tel schéma parait lourd, mais c’est le prix à payer pour que le pays soit mobilisé autour des questions d’intérêt pour tous».
Le pays risque de continuer à tourner en rond
Katende partage son esprit lucide et ses opinions sans ambages. «Tel que le pays est gouverné, je doute fort que nous puissions atteindre les résultats que beaucoup ne mentionnent que dans les discours politiques», parie-t-il, soulignant que «sans passer par un tel schéma, ce pays va continuer à tourner en rond». Pour Katende, le développement de la RD-Congo incombe à ses ressortissants conscients de leur avenir et celui de leur postérité. Le contraire bloquera l’avancement du pays.
«Notre avenir est entre nos propres mains. Il n’est pas entre les mains du Fonds monétaire international -FMI- ni de la Banque mondiale», précise JC Katende soulignant qu’il n’est contre personne ou contre une institution, il pense seulement à ce qui est meilleur pour son pays, la RD-Congo. Il affirme qu’il a même publié ses opinions le lundi 3 août sous le titre: «Pour que le Congo avance vite…», afin d’éveiller la conscience des RD-Congolais, du simple citoyen au chef des institutions.
Octave MUKENDI