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Haut-Uélé: les députes provinciaux refusent des jeeps offertes par le Gouv’ Lola Kisanga, ses proches la justifient

Controverse dans le milieu politique de la province du Haut-Uélé après un échange épistolaire entre le gouverneur Lola Kisanga, candidat à sa propre succession, et le speaker de l’Assemblée provincial, au sujet des 20 jeeps tout terrain commandées au profit des députés provinciaux. Alors que le contexte actuel est caractérisé par les allégations de corruption dans plusieurs provinces, les élus provinciaux du Haut-Uélé ont refusé l’offre du gouverneur, l’assimilant à une tentative de corruption, lui demandant d’affecter ces fonds à la réfection des routes. Il s’est installé un dialogue des sourds, Lola Kisanga s’appuyant sur les dispositions des articles 109 et 197 de la Constitution du pays pour justifier cette commande, les bénéficiaires, par contre, émettant des doutes sur la légalité de la ligne budgétaire pouvant couvrir une telle dépense. Dans les réseaux sociaux, chacun y va de son commentaire. Les jeeps du gouv’ sont devenues les jeeps de la discorde. 

Dans sa correspondance du 21 mars 2019, accusant réception de la lettre du chef de l’exécutif lui faisant part de la commande des 20 véhicules tout terrain au bénéfice des députés provinciaux, le président de l’Assemblée provinciale du Haut-Uélé décline l’offre et demande au gouverneur Kisanga d’affecter cet argent à la réhabilitation des routes de la province en état de délabrement. Le speaker évoque le climat délétère suscité à travers le pays par les soupçons de corruption des députés provinciaux à la faveur de l’élection des sénateurs.

L’affaire fait couler beaucoup d’encre et de salive dans l’opinion et crée d’ailleurs le buzz sur la toile. Les avis sont visiblement partagés. Ça polémique sur Twitter, où AfricaNews a posté les deux correspondances. Certains estiment que c’est une opération à titre onéreux destinée à forcer les députés d’acquérir des véhicules à crédit à un prix exorbitant, laissant entendre que le gouverneur ne jouerait que l’intermédiaire et l’avaliseur auprès du vendeur.

Sur son compte, l’UDPS Namibie fait constater que la province du Haut-Uélé n’a même pas d’hôpitaux, d’écoles ou des cliniques réhabilitées avant de dire que «Lola Kisanga doit être audité pour malversation financière; ces véhicules doivent être récupérés et mis à la disposition du gouvernement».

Un autre twittos est d’avis que le refus de l’Assemblée provinciale du Haut-Uélé mérite les encouragements de toute la nation pour servir de modèle aux autres provinces.

Des critiques que les sympathisants du gouverneur balayent d’un revers de la main, prenant la défense de Lola Kisanga. «Il s’agit d’une drôle de corruption, s’il en était une. Pourquoi informer toute la hiérarchie du pays par une lettre de son propre acte de corruption? Pourquoi demander l’exonération au gouvernement central pour des véhicules de corruption sensés arriver après les élections des gouverneurs le10 avril?», tempête un certain Mike Kodravele.

Et de poursuivre: «Pour aller au bout de la logique, pourquoi ne qualifie-t-on pas de corruption les actes que pose le gouverneur en faveur de cette Assemblée provinciale notamment les subsides aux députés provinciaux, la prise en charge intégrale des soins médicaux ou les véhicules des membres du Bureau?».

Kodravele déplore que les députés provinciaux ne puissent pas connaitre leur propre loi provinciale -édit- contenant le budget 2019, votée par leur chambre, qui donne, au Titre 6, une ligne pour fonds spécial en faveur de l’Assemblée provinciale pour Francs congolais 4,345 milliards. Il soutient aussi que les dispositions constitutionnelles évoquées induisent la légalité d’un gouverneur à actionner ces dépenses, mutatis mutandis au niveau national.

A en croire la correspondance du Gouv’ Lola Kisanga au président de l’Assemblée provinciale, ces véhicules pick-up de marque Toyota Hilux double cabine 4×4 ont déjà été embarqués, depuis le 02 mars courant par voie maritime, par la société Global Shipping LLC Dubaï, à destination de Dar-es-Salam en Tanzanie, avant d’atteindre Isiro, chef-lieu de la province du Haut-Uélé via le poste frontalier de Aru en province de l’Ituri.

Olitho KAHUNGU 

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