Le Président Félix Tshisekedi et son toujours allié du CACH et ancien Directeur de cabinet, Vital Kamerhe, se sont rencontrés mardi soir à la Cité de l’Union africaine, après près de deux ans de séparation. Moments d’intenses émotions. Les deux personnalités ont parlé sous les projecteurs cette fois-ci après une précédente rencontre hors des caméras 48 heures plus tôt.
Costume sombre assortie d’une cravate rouge, Kamerhe a été reçu par un Tshisekedi décontracté et tout sourire. “Comment vas-tu , Vital?”, a lancé le Président à l’endroit de son ancien chef de cabinet qui a répondu: “C’est l’émotion, Monsieur le Président”.
Dans quel rôle ?
Les retrouvailles ont eu lieu quelques heures après une journée chargée pour Kamerhe, partagé entre le deuil qui a frappé son épouse Hamida et la coordination des activités de commémoration de l’an 1 de la mort de son ancien compagnon politique, l’ancien ministre de la Justice Jeannot Mwenze Kongolo.
Elles ont surtout permis à l’ancien speaker de l’Assemblée nationale de faire ses premières déclarations sur la guerre de l’Est, la Primature et la coalition CACH.
Le Patron de l’UNC a réitéré sa loyauté envers le Président de la république et s’est dit prêt à renforcer le partenariat politique qui le lie au Chef de l’Etat à travers leurs partis politiques, UNC et UDPS, a-t-il rassuré.
Kamerhe Premier ministre? “Je me vois comme un citoyen près à servir son peuple”, a-t-il répondu, sans plus.
Au sujet de la situation à l’Est du pays, Kamerhe a parlé de son plan de sortie de crise qui privilégie les options militaire, diplomatique et humanitaire.
De la prison, il a dit avoir beaucoup appris: la patience, la résilience et la foi en Dieu. Il a également dit penser à ses anciens compagnons de prison dont la situation est insupportable.
Kamerhe a été placé sous mandat d’arrêt provisoire, le 8 avril 2020, et emprisonné à Makala après avoir été entendu au Parquet général de Kinshasa/Matete dans le cadre de l’enquête sur les fonds alloués au programme des 100 jours, dans lequel il a été accusé d’avoir détourné 57 millions de dollars.
Condamné à 20 ans en première instance puis à 13 ans en appel avant d’être totalement acquitté, le 23 juin dernier, pour manque de preuves par la même Cour d’appel après réouverture du procès, Kamerhe, 63 ans, a donc effectué ce mardi son retour sur la scène politique à la faveur de cette visite chez le Président Tshisekedi, à un an de la présidentielle.
En décembre 2021, la Cour de Cassation avait accordé à Kamerhe une libération conditionnelle pour raisons de santé, lui permettant d’effectuer un déplacement en France. Elle avait aussi cassé la condamnation à treize ans de prison prise par la Cour d’appel, demandant à celle-ci, constituée d’autres juges, de rejuger l’affaire. En 2018, Kamerhe s’était désisté en faveur de Tshisekedi à la fin de la campagne présidentielle et, les deux avaient conclu un accord dont les termes pourraient être revus dans le cadre d’un nouveau deal.
Reste à savoir quel rôle Kamerhe va devoir assumer dans ce nouveau cadre et d’ici la tenue de ce scrutin. Si d’aucuns le voient reprendre les commandes de la coalition CACH, d’autres analystes, évoquant les commentaires du Président sur l’avenir de cet “As” de la politique nationale, lui trouvent une place à la Primature.
AKM