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À Gombe, un chef coutumier caïd placé sous Map!

Prince Ngavu Ngangwele se présente comme un chef coutumier. Ses bourreaux lui contestent cette qualité et disent qu’il est plutôt un caïd, un chef de bande sous la protection de certaines autorités militaires et judiciaires à qui il revend ou offre des parcelles pourtant couvertes par des titres fonciers inattaquables, arrachées à des victimes, localisées pour la plupart dans la concession Lomponda wa Botende, à Kinkole, commune de Nsele. Plusieurs fois interpellé pour ce forfait, Prince Ngavu n’a jamais passé plus de 12 heures en détention grâce à l’influence de ses nombreux appuis.

Des dossiers pénaux ouverts à sa charge au Parquet près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete demeurent sans suite. Cette fois-ci, le Parquet de la Gombe a réussi à mettre la main sur lui et l’a mis sous mandat d’arrêt provisoire. Une lueur d’espoir pour les propriétaires longtemps terrorisés et abandonnés à leur triste sort. Ils ont été dépossédés un à un de leurs terrains régulièrement cadastrés depuis la construction du mausolée d’Etienne Tshisekedi! L’astuce de leurs bourreaux: des cycles des jugements par défaut confectionnés à leur insu mais exécutés à leur désavantage avec diligence. Entre-temps, les maisons poussent sur leurs terrains et chantiers généralement acquis à la sueur de leurs fronts et après des privations.

Ces habitants ont encore vécu le calvaire la nuit du 4 au 5 septembre quand ils ont reçu la visite, selon leurs propres termes, des «kuluna» à la solde d’un procureur bien connu à Kinshasa et de Prince Ngavu Ngangwele. Bilan: des maisons vandalisées, des constructions détruites et des vies humaines exposées. Selon les témoins, l’épouse de ce procureur est venue le lendemain avec des militaires pour placer un nouveau portail dans une parcelle et un haut magistrat militaire a commencé des travaux, chez autrui… dans un État de droit. Un détail dans événement malheureux: Prince Ngavu Ngangwele, présenté comme le cerveau, a passé pour la première fois 24 heures au cachot, celui du Parquet de la Gombe à ses trousses depuis 2021.

Dans la Concession Lomponda, des propriétaires en association avec d’autres plaignants pensent que cette fois-ci leur dossier sera traité sans trafic d’influence et que la justice va trancher et sécuriser pour une fois les pauvres citoyens. «C’est en effet immoral que ceux qui ont de l’argent, au lieu de construire des villes, arrachent des terrains aux pauvres dans des quartiers jadis abandonnés. Qui connaissait ce quartier avant l’inhumation de Tshisekedi père?», a crié une des victimes du groupe de Prince Ngavu.

Plaidoyer pour la mise en place d’une juridiction spéciale

Dans un courrier daté du 09 septembre 2022 transmis au Procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete, le Cabinet d’avocats agissant pour leur compte revient abondamment sur les exactions, les méthodes ainsi que les présumés complices et soutiens de Prince Ngavu Ngangwele au sein des appareils militaire et judiciaire, notamment un PG de la Cour d’appel de Matete, non autrement identifié, et le Général Ilunga de la Haute cour militaire.

Au nom de ses clients, le Cabinet se plaint de constater que Prince Ngavu se permet de vendre les parcelles de tiers alors que plusieurs litiges y relatifs sont pendant devant les Cours et Tribunaux, faisant part d’autres irrégularités commises par les huissiers dépêchés sur terrain tendant à impliquer frauduleusement des parcelles non concernées par ces contentieux. Le Cabinet parle entre autres de la partie de la Concession dûment acquise en 2007 par un certain Ali Chalhoub suivant le Certificat d’enregistrement Volume AT/XXXVII Folio 058 de la Parcelle n°30903 et morcelé en 48 parcelles vendeurs en 2012 aux clients du Cabinet, tous victimes des troubles de jouissance de la part de Prince Ngavu.

À en croire cette lettre adressée au Procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete, sieur Prince Ngavu a fait irruption en 2021, accompagné d’un groupe des jeunes de sa communauté, menaçant tous les occupants, leur brandissant la sommation judiciaire de quitter le lieu avec instruction de déguerpir en exécution du jugement RC 1831 du 13 avril 2021, rendu par défaut contre Ali Chalhoub, attaqué depuis en tierce opposition par les victimes.

À la convocation du Parquet où le Cabinet d’avocats inventorie 4 RMP, quatre dossiers pénaux ouverts à charge de Prince Ngavu et son groupe mais restés sans effet, un général a eu le courage de répondre, muni du mandat de comparution lancé contre Prince Ngavu et sa bande ainsi que du fameux jugement par défaut condamnant Ali Chalhoub. Ça sent le trafic d’influence. Le comble c’est que le jugement brandi est soupçonné faux du fait que le greffier supposé chargé de le signifier à Ali Chalhoub n’a jamais existé à la Cour d’appel de Matete. Le Cabinet fustige aussi l’exécution par les services judiciaires du jugement RC1831, tant vanté par sieur Prince Ngavu, pourtant annulé par le jugement RC 2105. Chez les victimes, plusieurs questions taraudent les esprits. Quels liens existent entre le général de la Haute militaire et le présumé chef coutumier Prince Ngavu? Qui peut donner avec certitude les limites des terres des prétendus chefs coutumiers?

Alors que l’histoire renseigne qu’ils n’avaient que les parties occupées par des familles bien identifiées et que le reste c’étaient des forêts et savanes inhabitées et hostiles, des terrains libres de chasse, comment ces prétendus chefs sont-ils devenus propriétaires? Et de quel chef s’agit-il car il y a eu plusieurs chefs, chacun reprenant les commandes et les villages? «En attendant que les institutions compétentes répondent à ces questions pertinentes, il y a lieu de neutraliser, en urgence, toutes les autorités militaires et judiciaires impliquées dans ce conflit causé par le caïd Prince Ngavu et les déférer devant un tribunal spécial pour un un traitement équitable et sur le pied d’égalité que les victimes», plaide un des propriétaires suppliciés… par Prince Ngavu.

Etienne MUTIENE

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