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Goma: Dodo Kamba revêt la tunique du philanthrope à Mugunga

C’est un début d’après-midi où, comme d’habitude, le soleil qui trône sur les collines de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, voit ses rayons adoucis par l’air frais de l’altitude et du lac Kivu. Dans cette sérénité rassurante, le Chef religieux Dodo Kamba, Archevêque supérieur des Communautés unies du Réveil -CUR-, accompagné de son épouse, la Révérende Dorcas Kamba, tous deux de blanc vêtus, invite ses collaborateurs qui l’attendaient patiemment dans le hall de Goma Serena Hôtel, à un petit briefing.

«Nous avons appris qu’il y a des tensions à Kanyabayonga. Mais on ne change pas notre programme. Nous irons au camp des déplacés à Mugunga. Ce n’est pas pour rien que Dieu nous a permis d’arriver ici à Goma», leur dit-il debout, d’un flegme monacal, avant de faire une prière.
Puis, le couple Kamba grimpe dans la robuste Mercedes Brabus noire. Le vrombissement du moteur rompt le silence, le cortège se meut, une Jeep de la Police nationale en tête. Il serpente les routes sinueuses jusqu’au camp Mabanga de Mugunga, dans la périphérie de la ville.

Un spectacle insoutenable!

Tout de suite, on sent la misère qui pèse. Telles des niches, les tentes en bâches blanches fourmillent et recouvrent le sol de lave, froufroutant sous les roues des 4×4. Ici, adossée sur le ventre gonflé de sa mère, une gosse à peine vêtue d’un haillon avec de mouches qui se régalent de sa morve. Là, une femme, peut-être jeune, le visage ridé et creusé par la famine, plus loin, un vieux le corps ployant sous le poids de la sentence que la guerre lui inflige,… mains tendues, marmonnant en swahili, le regard criant à l’aide. Dure épreuve pour les cœurs sensibles!

Dodo Kamba en est affecté. Arrivé au lieu emménagé pour la cérémonie, il se hâte de s’assoir et incline la tête un moment -on suppose qu’il prie-, puis se redresse. On remarque ses yeux qui luisent, et ceux de son épouse n’en font pas moins. L’émotion est dure à cacher. Mêmes les verres fumés n’y arrivent pas vraiment.

La suite en rajoute une couche…

Des témoignages des victimes entrecoupés des sanglots, des sketches qui témoignent des souffrances vécues hier et au quotidien: des femmes obligées de se livrer aux hommes pour avoir tout juste de quoi nourrir leurs enfants sans vaincre la faim, des frères et des sœurs tués, des mères violées… des pères mutilés… le couple Kamba découvre l’amère symphonie des malheurs de l’Est. Derrière ces histoires, revient à l’esprit une simple vérité. Et Dodo Kamba le soulignerait plus tard. Ces concitoyens sont d’abord des époux, des épouses, des enfants et des grands parents qui vivaient normalement leur train-train quotidien, avant que la guerre ne les oblige à devenir des «Déplacés». Ils se comptent par millions.

Mama Dolica…

Au milieu de cette désolation, le couple Kamba prêche en toute humilité par l’exemple, par la solidarité, par l’amour du prochain comme le recommande la foi chrétienne. Ils ont emmené avec eux, matelas, housses, farines, huiles, et autres vivres pour aider plus ou moins 300 familles. Un geste qui a derechef touché les cœurs des bénéficiaires. «Aksanti baba, Aksanti Mama Dolica -lisez Maman Dorcas-», scandaient les déplacés. On aurait dit qu’ils venaient par-là de trouver une bulle de bonheur dans leur monde de dénuement! Mais bon… disons qu’ils ont, le temps d’un instant, retrouver foi en l’humanité, ce samedi 28, grâce aux Kamba. Et le couple Kamba est passé de l’affliction au bonheur regardant les déplacés chanter, danser,… et surtout à la vue des radieux sourires qu’arboraient ces âmes meurtris. C’est clair. L’altruisme est un baume qui soigne les cœurs.

La promesse est faite. CUR reviendra à Mugunga…

Avant son départ, l’archevêque supérieur Dodo Kamba a adressé un message aux déplacés, leur promettant que Dieu finira par changer leur situation. Mais encore, il leur a promis de revenir, cette fois-là, avec des dons encore plus importants. Et cela n’a pas été des paroles en l’air. Alors que le cortège s’éloignait de Mugunga, Kamba réfléchissait. Une fois à l’hôtel, il regroupe sa délégation comme fait à l’aller.

Là, il rumine toute la souffrance qu’il a vue, sentie, entendue et palpée. «Nous devons revenir ici dans quelques mois. Tous les Evêques de toutes les 26 provinces des Communautés unies du Réveil doivent s’organiser et contribuer pour qu’on fasse un geste encore plus important en faveur de nos frères et sœurs qui souffrent», annonce-t-il à ses collaborateurs qui ne tardent d’épouser l’idée. Cela fait. Ils prient ensemble pour remercier Dieu avant de monter à leur suite.

Reportage de MATSHI Darnell
depuis Goma/ Nord-Kivu

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