Le Conseil d’administration et la Direction générale du Fonds de promotion de l’industrie -FPI- viennent d’entamer la visite d’inspection et d’évaluation des projets financés par cet établissement public dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. Le jeudi 10 août 2023, dans la suite du ministre de l’Industrie, Julien Paluku Kahongya, la présidente du Conseil d’administration, Vicky Katumwa Mukalayi, et le Directeur général, Bertin Mudimu Tshisekedi, ont assisté à la pose de la première pierre de construction du bâtiment du Guichet unique de la Zone économique spéciale -ZES- de Musienene, une localité située à une vingtaine de kilomètres de la ville de Butembo.
D’une manière générale, le Conseil d’administration et la Direction générale du FPI séjournant dans la partie Est de la RD-Congo, a réalisé que la dégradation de la situation sécuritaire avec la résurgence du mouvement terroriste M23 a un impact très négatif sur les recettes et les projets financés par le FPI. A Butembo, la pose de la première pierre de construction du bâtiment du Guichet unique de la Zone économique spéciale de Musienene a été faite par le ministre de l’Industrie.
La journée du jeudi 10 août 2023 a été significative pour la population de Butembo, dans le Nord Kivu. La population a pris d’assaut l’aérodrome de Rughenda pour accueillir le fils du terroir, Julien Paluku Kahongya, ministre de l’Industrie, qui s’est fait accompagner de la présidente du Conseil d’administration du Fonds de promotion de l’industrie, Vicky Katumwa Mukalayi, et du Directeur général, Bertin Mudimu Tshisekedi. Cette effervescence manifestée par cette marée humaine est due à la pose de la première pierre de construction du bâtiment du Guichet unique de la Zone économique spéciale de Musienene, une localité située à une vingtaine de kilomètres de la ville de Butembo.
Sur les lieux, le ministre de l’Industrie, Julien Paluku qui a présidé cette cérémonie symbolique devant plusieurs personnalités parmi lesquelles, les autorités politiques, administratives, militaires, policières, coutumières et les potentiels investisseurs, a loué l’énorme contribution du FPI dans la construction de cette zone économique spéciale. On note que le FPI a financé les études de faisabilité de cette Zone économique spéciale.
«Aujourd’hui, nous posons la première pierre de la construction du guichet unique. En effet, chaque zone économique spéciale dispose d’un guichet de sorte que les opérateurs économiques qui vont s’installer ici n’aient pas à subir les tracasseries des services. Donc, il y a un seul bureau qui reçoit toutes les demandes. Soyez certains que dans 5 ans, ce ne sera pas le même espace que vous voyez ici avec l’herbe. 10 ans plus tard, ce sera encore plus différent et, peut-être 20 ans plus tard, ce sera une zone industrielle comme vous n’en avez jamais vu. Rêvez grand, ne vous laissez pas hanter par l’esprit d’immédiateté, disant que le troisième mois, il n’y a rien ou encore que le quatrième mois, vous ne voyez toujours rien. Et le cinquième mois, vous ne verrez rien, c’est tout à fait normal. Les gens ne doivent pas vous dire que le mois prochain, il y aura déjà des usines. Nous nous projetons dans 5 ou 10 ans. Nous construisons petit à petit. Même nos mères nous ont portés pendant neuf mois, alors comment voulez-vous qu’il y ait une usine dans moins de neuf mois? Je tiens à remercier le FPI et tous ceux qui croient en ce projet. Continuez à croire car, lorsqu’on a une vision, c’est toujours possible d’y arriver», a indiqué Julien Paluku dans son adresse à la population.
Après la ZES de Musienene, le ministre de l’Industrie et le staff du FPI se sont rendus dans le site de Kihala où une usine de captage d’eau est en pleine construction. Cette usine produira 450 m3 d’eau par jour afin de desservir plusieurs quartiers de la ville de Butembo. L’initiative revient à la Société de production d’eau au Congo -SOPRODEC. Profitant de l’occasion, les autorités de cette société ont sollicité l’intervention du FPI pour mener à bien ce projet qui devra desservir la population en eau potable d’ici à la fin de l’année 2023. Le ministre Paluku et le staff du FPI ont terminé la journée à Butembo par un point de presse.
Au cours de ce face-à-face avec la presse, la délégation venue de Kinshasa a expliqué les réalisations du FPI sous la vision du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. A l’unissons la délégation a conclu qu’avec l’accompagnement du FPI, d’ici peu, le Nord-Kivu deviendra une province qui va plus produire et exporter et non se contenter du commerce et des importations.
Serena Hôtel, la Maison Victoire, Nyiragongo Ciment… parmi les bénéficiaires
A l’étape de Goma, les bénéficiaires des crédits FPI ont avoué rencontrer des difficultés d’ordre opérationnelle par suite de la résurgence de l’insécurité. Parmi les projets financés et évalués dans la ville volcanique, on note Serena Hôtel et la Maison Victoire, la société mère de la cimenterie Nyiragongo Ciment. Serena hôtel est ce grand palace de classe internationale de Goma qui a bénéficié d’un financement du FPI dans le cadre de l’appui à l’industrie hôtelière et touristique.
Cet hôtel 5 étoiles mieux connu sous l’appellation de Ihusi 2 a reçu du FPI un appui pour l’acquisition de plusieurs équipements pour le montage de sa chaîne de pâtisserie et boulangerie. Puis, est venu le tour de Nyiragongo Ciment qui utilise 5% du calcaire dans la fabrication de ses produits. Grâce au financement FPI, cette industrie implantée depuis 2015 dans la périphérie de Goma produit du ciment «Made in Goma».
Au terme de cet exercice d’évaluation des projets, la délégation du FPI a rappelé aux promoteurs que malgré la dégradation de la situation sécuritaire avec la résurgence du M23 qui a un impact très négatif sur les recettes et les projets financés par le FPI, le paiement de la Taxe de promotion de l’industrie locale et le remboursement sont des impératifs pour permettre au FPI d’avoir les moyens de sa politique. «Nous sommes dans une région à haut risque au Nord-Kivu avec des guerres à répétition. Nous restons flexibles avec les promoteurs qui ont signé un contrat avec le FPI à cause de ces éléments exogènes qui entrent en ligne de compte. Toutefois, nous leur exhortons de rembourser leurs prêts afin de permettre au FPI de revoir dans la mesure du possible leurs échéances», a précisé Vicky Katumwa.
Au-delà des visites, le Directeur général du FPI, Bertin Mudimu Tshisekedi, a échangé en tête-à-tête avec d’autres promoteurs des projets ayant bénéficié des financements du FPI. C’est le cas de l’entreprise Premidis qui produit de l’eau minérale dans le territoire de Rutshuru. Cet industriel alimente le Grand Kivu en eau minérale depuis des années. Aujourd’hui, Premedis est à l’arrêt puisque se trouvant dans la zone occupée par la rébellion. L’entreprise ne sait actuellement remplir ses engagements vis-à-vis du FPI. Un autre promoteur qui a été reçu par le Directeur général du FPI est celui de l’établissement La Confiance qui produit des matériaux de construction dans la ville de Goma. Ce promoteur a reconnu être confronté aux mêmes difficultés que son prédécesseur. Les deux industriels ont soumis à Bertin Mudimu Tshisekedi leurs préoccupations qui sont à considérer comme des «cas de force majeure».
Visite de la délégation du FPI à l’entreprise TSOKAS
Dans la série de visites au Nord-Kivu, la délégation du Conseil d’administration et de la Direction générale du FPI a visité, à Butembo, une industrie sollicitant un financement du FPI. Il s’agit de l’entreprise Tsongo Kasereka -TSOKAS. La demande émise par cette industrie a poussé la délégation du FPI d’effectuer une descente dans ses installations pour se rendre compte de sa capacité opérationnelle. TSOKAS qui exporte ses produits vers l’Ouganda, emploie 210 travailleurs déployés dans ses plantations et ses usines de traitement de café et de cacao.
La délégation du FPI a suggéré au promoteur de cette industrie de se lancer dans la transformation au lieu de se contenter des exportations car, l’adhésion de la RD-Congo à la Zone de libre-échange continentale africaine -ZLECAF- est une vraie compétition entre les États. «Nous sommes convaincus à 50%. C’est un RD-Congolais! Nous allons l’aider à aller de l’avant pour la promotion et la fierté de notre pays», a indiqué la présidente du Conseil d’administration du FPI, Vicky Katumwa. Avant de quitter la ville de Goma pour entamer l’étape du Sud-Kivu, le Directeur général, Bertin Mudimu, a échangé avec les agents et cadres de la Direction provinciale du Nord et Sud-Kivu auxquels il a rappelé le sens du devoir et du savoir-faire afin que chacun puisse apporter sa contribution dans la réalisation des missions assignées au FPI.
Dans le territoire d’Uvira, le FPI entrevoit le refinancement de la Sucrerie de Kiliba
Au terme d’un séjour d’une semaine de la délégation du FPI, le point de chute de la mission de supervision et évaluation des projets financés dans cette partie Est de la RD-Congo est la Sucrerie de Kiliba -SUKI. Sur place, cette délégation a échangé avec les responsables de cette industrie qui sollicite un nouveau financement du FPI pour booster, cette fois-ci, sa production. La demande de la SUKI a retenu l’attention des dirigeants du FPI. Les deux parties ont tenu une réunion de planification, de clarification et d’harmonisation des vues à Kiliba.
Le Directeur général de la SUKI, Raj Ruddoo, a expliqué aux autorités du FPI les différentes étapes parcourues, les difficultés rencontrées, les avantages et les opportunités du projet. Vicky Katumwa et Bertin Mudimu, quoique séduits et intéressés par ce projet, ont, à leur tour, donné leur position quant au financement sollicité par la SUKI. La procédure d’octroi des crédits et les exigences de l’Inspection générale des finances doivent être respectées avant tout décaissement, selon le FPI.
Pour palper des doigts les réalités du terrain, la délégation du FPI a visité les plantations de canne à sucre de la SUKI. Soucieuse du sort des travailleurs RD-congolais, Vicky Katumwa a pris langue avec la masse laborieuse qui lui a exprimé ses préoccupations concernant sa prise en charge. Au terme d’une inspection minutieuse qui a permis à la délégation de constater les résultats de la mise en œuvre de ce projet salvateur pour le territoire d’Uvira, la PCA du FPI a exprimé sa satisfaction pour la renaissance de cette industrie qui s’inscrit dans l’objectif global poursuivi par l’institution afin d’appuyer les efforts de l’Etat RD-congolais dans le développement des chaînes de valeur du secteur agro-industriel dans le cadre de la promotion de l’industrialisation de la RD-Congo. La SUKI est une société d’économie mixte.
Dans sa structuration financière, l’Etat RD-congolais détient 49% des parts sociales tandis que les investisseurs mauriciens ont 51%. Le FPI a déjà accordé une subvention à cette industrie pour la réalisation des études de faisabilité. La SUKI qui emploie à ce jour 1500 travailleurs, possède1500 hectares sur la plaine de la Ruzizi et compte étendre ses champs sur 2500 hectares à la longue. L’entreprise est aussi propriétaire d’un Guest house et dispose d’une école de 1000 élèves dans la cité de Kiliba. C’est depuis 27 ans que la SUKI est à l’arrêt. Il convient également de signaler que le défi sécuritaire et l’enclavement du site handicapent le bon fonctionnement du projet. Pour accéder à Kiliba, il faut parfois transiter par des pays voisins dont le Rwanda et le Burundi à cause de l’activisme des groupes armés et de l’impraticabilité de la route à l’intérieur de la RD-Congo.