Membre du bureau politique d’Ensemble pour le changement et ancien secrétaire général d’Ensemble changeons le Congo -ECCO- d’Adam Bombole, Emery-Patrice Olengha a passé au crible l’actualité politique RD-congolaise à la faveur d’un entretien exclusif accordé à AfricaNews. Entretien.
Martin Fayulu conteste les résultats de la présidentielle de 2018 et mène une lutte dite de «vérité des urnes». Croyez-vous en cette lutte?
Tout ce que fait le président Fayulu est une très bonne chose pour la démocratie. Cela va ouvrir de nouvelles voies dans le futur pour que la politique en RD-Congo soit gérée, vue et traitée différemment. Il a raison de le faire, parce qu’au fur et à mesure les jours passent, nous sommes certains qu’il avait réellement gagné les élections. Même s’il ne rentre pas dans ses droits, c’est une très bonne chose.
Depuis Bruxelles, Fayulu a déclaré qu’il est tard de recompter les voix et qu’il faut réorganiser les élections. Est-ce le début d’application d’un prétendu agenda caché des leaders de Lamuka qui veulent les élections endéans deux ans?
C’est le même discours qu’il tient aussi bien en RD-Congo qu’à l’étranger. Dans d’autres pays, l’on aurait recompté les voix. Ici, je ne sais pas pourquoi cela n’a pas été fait. La conclusion est que c’est un arrangement entre deux personnes. Selon ces personnes, c’est un arrangement pour éviter le sang. C’est bien bon mais en évitant le sang, nous sommes repartis d’un désordre constitutionnel total en RD-Congo.
Un désordre qui pourrait empêcher Félix Tshisekedi d’accomplir sa tâche de Président de la République?
Il est possible pour Félix Tshisekedi, peu importe la manière dont il est arrivé au sommet de l’Etat, de faire de bonnes choses pour la RD-Congo. Il ne pourra cependant rien faire s’il ne se débarrasse pas de la Kabilie. Les sanctions américaines n’ont pas été prises sans calcul. C’était pour desserrer l’étau de la Kabilie autour de Félix. C’est à lui de bien jouer sa carte, de prendre des risques. En se débarrassant de la Kabilie, il pourra appliquer une politique bien meilleure que celle de Kabila.
Se débarrasser de la Kabilie est peut-être synonyme de dissoudre le Parlement?
S’il ne peut pas arriver à ses fins, il sera obligé de le faire. Il ne faudra pas qu’il le fasse sans réfléchir. Rien n’est impossible. S’il joue bien sa carte, il peut satisfaire la population en dépit de son accession frauduleuse à la magistrature suprême. Du moins, cette page est à tourner. Nous devons à présent l’aider à pouvoir nous sortir de ce traumatisme.
Qu’est-ce que vous entendez par aider Félix?
Il faut l’aider à sortir de cette prison dorée. Il ne peut pas agir entièrement comme il le veut. Je me réserve de dire certaines choses. La meilleure personne qui peut aider Félix à sortir de cette emprise, de cet étau, c’est Moïse Katumbi.
Suggérez-vous un mariage CACH-Ensemble?
Je ne suggère rien. Moïse Katumbi n’a pas demandé un quelconque mariage. Il a beaucoup fait pour que nous en arrivions là où nous sommes aujourd’hui. Kabila ne s’est pas représenté, son dauphin, Shadary, n’a pas pu passer parce que très faible dans le score. A défaut d’être candidat, Katumbi a ouvertement soutenu Félix jusqu’à Genève. Malheureusement, il s’y est passé ce qui s’est passé. La Kabilie s’est ingérée dans cette histoire.
Vous avez été suspendu de vos fonctions de Secrétaire général de l’ECCO pour avoir soutenu Martin Fayulu, contrairement à la volonté du président Adam Bombole. Envisagez-vous créer votre propre formation politique?
Non. Je ne créerai pas de parti. Il y en a déjà assez. Il y a des partis dans lesquels je puis me retrouver. Effectivement, je ne suis plus de l’ECCO. J’ai été suspendu mais j’ai décidé de quitter. Mon âme est dans Ensemble. Je suis avec Moïse Katumbi. Je suis dans son bureau politique. Je vais intégrer sous peu une autre formation politique après consultation avec ma base de Bruxelles.
Les partis cibles sont-ils membres d’Ensemble pour le changement?
Moïse Katumbi va certainement restructurer Ensemble. Son regroupement va se retrouver différemment sur la scène politique que ce qu’il est présentement. J’attends cette restructuration avant de m’engager sur la nouvelle voie que va tracer le président Katumbi dès son retour au pays.
Restructurer Ensemble signifie sanctionner ceux qui ne parlent pas le même langage que Katumbi?
Je ne sais pas ce qu’il va faire. Mon souhait est que les gens corrects puissent entourer Moïse Katumbi. Beaucoup ont intégré Ensemble pour profiter de l’argent de Katumbi. Ce n’est pas honnête que beaucoup qui ont profité de sa largesse puissent aller à l’encontre de la décision du président d’Ensemble.
Sauf erreur de notre part, Moïse Katumbi est toujours plein aux as, qu’est-ce qui peut justifier ces prises de positions contraires à sa décision?
Ils ont fait des calculs politiques. Ils se sont dits: «Shadary passera sûrement. Félix passera avec accident. Katumbi ne reviendra pas». Ils n’ont pas eu tort selon leurs calculs parce que supporter Tshisekedi était moins sale que soutenir Emmanuel Shadary.
Des voix discordantes se font entendre au sein d’Ensemble mais Moïse Katumbi reste silencieux. Que comprendre de son silence persistant?
Moïse Katumbi n’est pas silencieux. Il a parlé au travers de ses conseillers. Nous acceptons Félix comme Président de fait. Autrement, il n’a pas été élu, mais nommé. C’est la ligne de Moïse Katumbi. Il n’a pas besoin de s’exprimer pour que les gens connaissent sa pensée profonde, déjà exprimée par ses proches collaborateurs.
Quels sont vos rapports avec Adam Bombole après tout ce qui s’est passé dans ECCO?
Il ne s’est rien passé. Ce sont les fous du roi qui ont crée toute cette situation. Beaucoup de gens ignorent que le parti n’a jamais eu une ligne de conduite. La réunion qui devrait déterminer lequel des candidats allait-on soutenir, a été reportée à maintes reprises. Le choix du président Adam de soutenir Félix a fait croire aux gens que c’était la ligne du parti, alors que non. Moi, je suis resté fidèle à la ligne d’Ensemble. Je continue dans cette voie. J’ai une grande estime envers Adam Bombole. Mais, nous avons divorcé politiquement. Entre hommes, on s’estime.
Propos recueillis par Laurent OMBA