Léon Awazi Kharomon, ancien Rédacteur en chef du Soft international aujourd’hui basé en France, est d’avis que «l’inauguration officieuse du saut-de-mouton de Pompage par des populations exaspérées par les embouteillages monstres que ces chantiers occasionnent depuis presqu’un an est un signal clair de la fin de l’état de grâce dont a bénéficié le Président de la République Félix Tshisekedi», arrivé au pouvoir il y a un an jour pour jour. Cet historien du présent le dit dans une réflexion postée mercredi 5 février sur son compte Facebook. Parmi les commentaires suscités un retient l’attention. Son auteur, journaliste lui aussi, relate un fait tendant à confirmer le pertinent constat de Kharomon. Sous son pseudo, le talentueux Didi Mitovelli affirme que l’avenue Elengesa, barrée dans son tronçon situé au croisement Mariano – Mopono, a été ouverte à la circulation par la population locale, après que les travaux ont été soudainement arrêtés. Awazi Kharomon suggère au Chef de l’État de tirer les leçons… de cette insatisfaction. «Rien n’est encore perdu. Mais, c’est plus que jamais le moment de rectifier le tir de sa gouvernance», écrit-il avant d’asséner: «le petit manège qui consistait à mettre tout problème sur le dos des FCC, partenaire contre-nature mais allié tout de même dans une coalition improbable, a montré ses limites». Puis: «Il est temps pour le chef d’assumer ses forces et ses faiblesses. De sanctionner quand il le faut. Le temps d’éviter de promesses qui ne tiennent pas compte du cadre macro-économique du pays, de sortir de la posture de défi pour celle de l’action». Awazi Kharomon est convaincu que «le chef n’a rien à prouver à personne. Il a plutôt des comptes à rendre au peuple RD-congolais qui a tant espéré de lui». Il souhaite que la parole laisse place au travail réel. «Sinon, c’est le peuple qui passera à l’action, à l’improviste, comme ça a été le cas à Binza-Pompage et à Masina», avise-t-il depuis Paris, tel un prophète. Coïncidence, à Kinshasa, la fièvre monte soudain. Remontés contre les souffrances imposées à leurs électeurs, des députés kinois ont fait mercredi le tour des chantiers et des entreprises commises aux travaux pour s’enquérir de la situation. Ils ont dit avoir appris des responsables de ces sociétés que les finances ne suivent plus. L’UDPS est, elle aussi, entrée dans la danse. Mère du mot d’ordre «Le peuple d’abord», la formation politique dont le Président Félix Tshisekedi est aujourd’hui l’autorité morale, est passée à l’offensive. Elle a vu son président Jean-Marc Kabund, son secrétaire général Augustin Kabuya et ses élus nationaux improviser l’inspection des chantiers de sauts-de-mouton jeudi dans la capitale. Leurs cibles: les personnes et les entreprises impliquées dans l’exécution de ces travaux lancés dans le cadre du Programme d’urgence des 100 jours du Président Félix Tshisekedi. «Si après les enquêtes, il se révèle qu’ils ont bouffé de l’argent sans travailler convenablement, leur place sera à la Prison de Makala. La comédie a trop duré, tout est fait et planifié pour que la population vomisse le Chef de l’État…», a prévenu mercredi le secrétaire général Augustin Kabuya, visiblement tenté de faire accélérer les choses, assoiffé de l’action promise tout au long de cette année. Awazi Kharomon a donné l’alerte, Didi Mitovelli a apporté son témoignage, les députés ont dit en avoir marre et l’UDPS a entrepris d’exprimer son ras-le-bol face à ce qui s’apparente à l’immobilisme. Autant la nature a horreur du vide, autant la politique abhorre l’inaction. Au Président Fatshi de faire la lecture qui s’impose.
AKM