A la demande de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, la Mission d’évaluation des besoins électoraux de l’ONU a été déployée en début d’année et a finalisé son rapport en mai 2022. En même temps, deux experts électoraux mandatés par le Programme des Nations unies pour le développement -PNUD- ont cartographié «les risques de conflits avant, pendant et après les élections de 2023».
Dans ce document de 88 pages daté de juin s’égrène un inventaire des menaces pesant sur le scrutin de décembre 2023 avec notamment un énorme risque de glissement de calendrier. A en croirele Magazine Africa Intelligence qui a révélé cette information, les deux rapports concomitants d’une mission d’évaluation des besoins du processus électoral des Nations unies et des experts du Programme des Nations unies pour le développement -PNUD- convergent dans leurs conclusions: «La RD-Congo évolue vers une période de crise électorale extrême».
Les Nations unies s’inquiètent de la capacité de la RD-Congo à organiser des élections présidentielle et législatives prévues en décembre 2023.Ces deux rapports largement commentés et relayés par la presse RD-congolaise ont suscité une vive polémique au sein de la classe politique et de l’opinion nationale. Des réactions divergent selon que l’on est soit proche du pouvoir en place, soit proche de l’Opposition. C’est dans cet imbroglio que Me John Mbaya Ntita, président national du Mouvement de réveil de la jeunesse congolaise -MRJCO-, monte au créneau pour fustiger ces deux rapports, accusant leurs auteurs de puiser la thèse de l’Opposition.
«Les Nations unies épousent les idées du dialogue que réclame l’Opposition pour le partage du gâteau. C’est un jeu dangereux contre le pouvoir en place. Nous comprenons que les élections sont perçues comme une sanction sévère par ceux qui réclament le dialogue, car ils savent très bien qu’ils ne seront pas élus. Ils veulent obtenir ce qu’ils pourraient rater aux élections par le dialogue afin de siéger dans les institutions. Nous ne pouvons pas aller de dialogue en dialogue pendant qu’il y a des institutions démocratiquement élus qui travaillent et que nous sommes à une année et quelques de l’organisation des élections prévues en 2023», a fait savoir Me John Mbaya.
Selon lui, en ce moment où la CENI est engagée sur la voie de l’organisation de ces scrutins, malgré les contraintes d’ordre sécuritaire, financière, logistique et législatif qu’elle avait énumérées au mois de février dernier dans sa feuille de route, son travail mérite d’être encouragé et non découragé. «La loi électorale est déjà promulguée. La CENI s’attèle aux mesures d’applications de ladite loi et à la cartographie électorale. Elle a institué un cadre de concertation avec toutes les parties prenantes au processus électoral. A aucune fois, la CENI leur a dit qu’il est difficile d’organiser des élections dans le délai même si son bureau a été installé avec 28 mois de retard», a soutenu Me John Mbaya.
Puis: «Les deux missions épinglent la contrainte sécuritaire à cause de la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est du pays, où opèrent toujours une centaine de groupes armés, dont le M23 et les Allied Democratic Forces -ADF. Les troupes des Forces armées de la République démocratique du Congo -FARDC-, les Casques bleus de la MONUSCO et les Uganda People’s Defence Forces -UPDF- poursuivent leurs opérations dans l’Ituri et le Nord-Kivu. A cela s’ajoute le déploiement d’une force régionale de l’East African Community -EAC- dont l’effectivité part du 15 août avec l’arrivée d’un premier contingent burundais dans le Sud-Kivu».
Pour le MRJCO, partenaire privilégié du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, les Nations unies à travers la MONUSCO ont démontré leurs limites dans la pacification de l’Est, et cela par complicité avec des multinationales qui pillent les richesses de la RD-Congo. «Le déploiement de la force régionale a été décidé par la Communauté de l’Afrique de l’Est après avoir constaté l’échec de la MONSUCO sur le terrain. Ce qui a provoqué une vive tension et des marches de protestations populaires contre la MONUSCO s’étant soldé sur la mort de 36 personnes dont 4 Casques bleus et 170 blessés. Aujourd’hui, nous demandons au gouvernement de la République d’accélérer le retrait de la MOUNSCO», a-t-il dit.
Quant au constat de glissement du calendrier qualifié d’«un scénario désormais probable» par les consultants du PNUD au motif qu’en séquençant les différentes opérations nécessaires à la tenue du scrutin, «il faudra environ 640 jours à compter de la promulgation de la nouvelle loi électorale pour une tenue régulière des élections», John Mbaya a noté qu’il y a moyen de combiner les opérations pour gagner le temps. C’est pourquoi, le président du MRJCO a demandé au gouvernement Sama de doter la Centrale électorale des moyens financiers conséquents, à savoir octroyer à la CENI les 640 millions de dollars américains qu’elle a sollicités pour l’année 2022 afin de faire son travail.
Pour lui, il est possible d’organiser des élections dans le délai en élaguant toutes les contraintes dont la plus menaçante est l’insécurité qui écume l’Est du pays. Raison pour laquelle Me John Mbaya demande au Chef de l’Etat de s’impliquer en appuyant les FARDC afin qu’elles reprennent la cité de Bunagana occupée par l’armée rwandaise sous couvert des terroristes du M23.
Octave MUKENDI