Le Coronavirus -Covid-19- tue de milliers de personnes à travers le monde. A Kinshasa, la capitale RD-congolaise, elle commence à faire ses premières victimes. Selon l’Institut national de recherche biomédicale -INRB-, la RD-Congo compte, du 10 au 22 mars, 30 cas déclarés dont 4 contaminations locales et 2 décès. Le tableau sombre inquiète des députés nationaux. Ces derniers font part d’une gestion dramatique et catastrophique de cette crise sanitaire par le ministre de la Santé, Dr Eteni Longondo. De l’avis de certains, le ministre gère cette crise sanitaire mortelle avec amateurisme. D’autres comme l’élu de Tshikapa, Guy Mafuta Kabongo, le qualifient carrément de «ministre des comptages des morts et nouveaux cas ». Très préoccupés, les élus du peuple grondent le ministre de la Santé. «Hélas ! C’est le peuple qui cogite seul, pas d’interlocuteur, ni d’échos du côté gouvernement ou de la riposte… Toute contribution en termes d’idées est restée lettre morte, sauf le comptage des morts et nouveaux cas», tweete le député Guy Mafuta, invitant le ministre de la Santé publique à prendre des dispositions nécessaires pour juguler ou éliminer le Coronavirus, un virus mortel et invisible, en RD-Congo. «Merci pour le comptage. Quelles sont les dispositions prises? Quel est le plateau technique des hôpitaux ciblés et lesquels? Quelles sont les mesures prises pour épargner les provinces? Quelle est la commune ou la corporation la plus touchée? Nous avons droit à l’info s’il vous!», s’interroge Guy Mafuta dans un autre tweet, rappelant le gestionnaire du portefeuille de Santé sa plus lourde charge, en termes de modalités réelles de prise en charge.
Alors qu’il n’entend pas révéler les identités des personnes atteintes et du deuxième compatriote décédé dimanche du Coronavirus après le Dr Dédié Bandubola, directeur de cabinet adjoint et frère de la ministre de l’Economie, mort 24 heures plus tôt, le député Mafuta appelle alors le ministre Eteni à mettre à côté le secret médical. Il lui suggère de protéger la population, en ces termes: «Mr. le ministre, votre responsabilité c’est aussi révéler les identités des personnes atteintes pour faire appel à la conscience de celles ayant été en contact avec elles pour des tests éventuels et comportements conséquents. Les chiffres balancés comme ça ne nous aident en rien!». Et d’ajouter: «Le simple fait de connaître l’origine de ces personnes rend plus prudent son entourage et le pousse à observer un comportement plus responsable». Le député national Guy Mafuta pense que communication de la riposte n’est pas efficace, moins encore les mesures prises.
Quid de la gestion des personnes en contact avec Dr Bandubola?
Son collègue de Kananga, Claudel André Lubaya, tout aussi remonté, recommande, pour sa part, au gouvernement de la République à devoir se doter de moyens nécessaires pour contrer la propagation du Covid-19 en redoublant d’initiatives, c’est-à-dire à décréter un état d’urgence sanitaire, imposer un confinement aux citoyens et surseoir aux engagements financiers non essentiels.
Les députés UNC Juvenal Munubo et PALU Patrick Muyaya partagent le même avis. Néanmoins, face à la progression du Coronavirus, ils suggèrent également au gouvernement de la RD-Congo d’isoler temporairement la ville de Kinshasa du reste du pays et de suspendre tous les vols nationaux, exceptés les vols cargo ou ceux relatifs aux interventions médicales, et de filtrer au maximum le trafic entre Kinshasa, Kongo Central et le Grand Bandundu. «Ne laissez passer après contrôle que les produits de première nécessité», insiste Patrick Muyaya. Pour éviter la propagation de l’épidémie, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi suspend toutes les activités du Conseil des ministres pendant au moins 10 jours et demande au gouvernement de travailler en service minimum. Tous les membres du gouvernement sont au confinement pour 10 jours au moins alors qu’aucune disposition n’est prise pour isoler et suivre toutes les personnes en contact avec la première personne décédée des suites du Coronavirus, Dr Bandubola. Selon ceux qui ont retracé son parcours depuis son retour au pays le 10 mars, le médecin est passé entre autres par le Centre médical de la CNSS à Matonge, où il était responsable et a serré la main à ses collègues et autres subalternes, le Centre médical basé à la Direction générale de la CNSS et le Cabinet de la ministre de l’Economie. Seul le Cabinet de la ministre et les bureaux de ses collaborateurs ont été désinfectés jusque-là. Quid des autres cabinets et ministères logés à l’Immeuble intelligent? Pourquoi n’avoir pas songé aux membres du personnel de la CNSS en contact avec leur ancien collègue? Des questions adressées au ministre de la Santé, qui fâchent davantage les élus nationaux.
Tino MABADA