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Covid-19: A César les gestes barrières, à Dieu la foi et les louanges

Distanciation physique quasi-inexistante, abandon du port du masque pour chanter et prier à voix audible, les églises kinoises ont foulé au pied les gestes barrières au nom de la foi et des louanges. Les accolades et les embrassades ont été au rendez-vous

Suspendues depuis le 18 mars 2020 dans le but de briser la chaîne de contagion du Coronavirus, les activités des églises ont officiellement repris le samedi 15 août en RD-Congo. Cette décision, prise dans le cadre de la levée progressive de l’état d’urgence, est assortie des conditions notamment le prélèvement de la température et le lavage des mains à l’entrée des lieux de culte ainsi que le port «correct» des masques et la distanciation physique à l’intérieur. Malheureusement, lesdites mesures ont souffert d’application, faisant craindre à certaines personnes la résurgence d’une nouvelle vague de contaminations.

Après cinq mois d’arrêt, les cultes ont officiellement repris sur toute l’étendue de la RD-Congo. Si la mesure est entrée en vigueur le samedi 15 août, la vraie rentrée a été constatée 24 heures plus tard. Dimanche 16 août, les églises kinoises ont grouillé du monde au point de mettre à mal les mesures barrières. Frondeuses un temps, les églises de réveil se sont bel et bien pliées aux décisions gouvernementales, du reste d’intérêt général. La quasi-totalité des églises kinoises ont disposé des lave-mains à l’entrée et du thermo-flash pour le prélèvement de la température. Certaines églises ont en plus exigé le port obligatoire et convenable du masque pour avoir accès au temple.

Dans la commune de Ngiri-Ngiri, plusieurs églises ont veillé à ce que les dispositifs de lavage des mains, placés à l’entrée, ne soient manipulés que par les agents commis à ce service. «C’est bien de placer un lave-mains mais si tout le monde ouvre et referme le robinet, ce dispositif peut facilement se transformer en vecteur du virus», a expliqué un protocole rencontré dans une église de Ngiri-Ngiri. Dans la commune voisine de Kalamu, rien de tel. «Je suis là pour prélever la température pas pour servir de domestique et ouvrir le robinet aux gens. Ils ont de mains pour cela», a tancé un agent de sécurité à Kalamu.

Contraste à l’intérieur

Le constat est encore amer dès qu’on franchit le seuil de la plupart d’églises ayant repris service. Distanciation physique quasi-inexistante, abandon du port du masque pour chanter et prier à voix audible ainsi que des accolades ont fait la loi dimanche dans les églises de Kinshasa. Sur la 1ère rue dans la commune de Limete, une église a occupé la voie publique en violation des instructions des autorités urbaines. Le même spectacle désolant a été donné par des églises localisées à la 8ème et 17ème rue toujours à Limete.

«Il est impossible pour nous de chanter avec le masque», a fait savoir une chantre d’une église kinoise. Pour un autre, la prise de température est suffisante pour déterminer l’absence du Coronavirus. Il est dès lors inutile d’observer les mesures barrières. «A l’entrée, ma température a affiché 36°, je n’ai donc pas de Corona. Je peux chanter et crier sans problème» a-t-elle soutenu, expliquant qu’un culte sans baiser n’en est pas un car, a-t-elle argumenté, la Bible demande de nous saluer par un saint-baiser.

Privilégier les télé-cultes

De leur côté, certains pasteurs ont loué Dieu pour la fin de la pandémie et ont appelé leurs fidèles à chanter, oubliant que la Covid-19 n’est pas encore vaincue. Interrogé à ce sujet, un pasteur a dit ne pas comprendre autant d’attention consacrée aux églises alors que les terrasses non plus ne respectent pas les gestes barrières. Un argument étrange d’autant plus que les églises sont censées éduquer leurs fidèles autant moralement que spirituellement. Toutefois, certaines églises ont totalement respecté les mesures, le cas d’une église à Limete où le nombre de participants a été limité et les chants doux privilégiés. «Toute autorité vient de Dieu. Les décisions prises, c’est pour nous protéger. Etre chrétien ne rime pas avec de l’inconscience», a recadré le pasteur de cette assemblée chrétienne. Pour lui, il faut continuer à privilégier les cultes à la télé et en ligne durant la semaine et ne réunir les fidèles que les dimanches et ce, jusqu’à l’éradication complète de la pandémie.

Dandjes LUYILA

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