La question du Coronavirus devient inquiétante. Le nombre de cas testés positifs va toujours crescendo. Plusieurs fois critiqué sur la gestion de cette pandémie, le gouvernement de la République ne semble pas améliorer sa manière d’informer sur le Covid-19. Il ne s’intéresse qu’aux comptes-rendus des réunions organisées autour du Premier ministre. Rien de concret sur la manière d’informer avec rationalité en cette période de crise sanitaire que traverse le pays. Rien de plus concret pour permettre à la population d’être édifiée sur ce que fait exactement le gouvernement ou le Secrétariat technique de la riposte. A la place s’observe un véritable amalgame, mieux une confusion entre information et communication. Face à ce tâtonnement grandissant, le RD-Congolais lambda se permet de dire haut et fort que le gouvernement ne se soucie pratiquement pas de son sort. Cette question sanitaire appelle à la mise en place d’une communication élaborée de crise.
Jeudi 02 avril 2020 déjà, le nombre des personnes atteintes au Covid-19 se chiffrait à 123. Face à la montée en flèche de la propagation de cette pandémie qui a réussi à décimer de milliers des personnes à travers le monde, les RD-Congolais ne cessent de s’interroger sur ce que fait exactement le gouvernement. Que dit le gouvernement face aux événements qui se succèdent autour de la pandémie du Covid-19 parvenue en RD-Congo où il prend de l’expansion? Voilà d’autres questions qui continuent de tarauder les esprits dans une certaine opinion et qui débouchent sur la terrible accusation d’aphonie institutionnelle dont feraient montre les autorités du pays, bien entendu, à divers niveaux. La communication ne passe pas entre les dirigeants et les dirigés. Sinon de telles questions n’existeraient.
A dire vrai, il s’observe une certaine insouciance de la population face au matraquage dans la sensibilisation sur les gestes barrages. L’histoire retient pourtant que s’il est un axe de la lutte anti Covid-19 qui fonctionne, c’est bien la sensibilisation dans laquelle tous les leaders d’opinion se sont lancés après l’élan donné par les instances gouvernementales compétentes. A ce stade, peut-on dire que les institutions sont-elles aphones face au Covid-19 et aux inquiétudes de la population? Ou, à revers, sont-elles, à ce point, inactives? Difficile de répondre. Mais approché sur toutes ces questions, un spécialiste dans la communication de crise a voulu commencer par paraphraser le Premier ministre français, Edouard Philippe, qui reconnaît qu’«aucun système de santé au monde n’a été construit, pensé et dimensionné pour faire face à ce que nous vivons». Loin de justifier la pagaille observée dans la mise en place de la riposte en RD-Congo et tout en reconnaissant que le pays doit s’assumer pour ses gâchis des années passées, notre interlocuteur note que la RD-Congo, «qui est à l’image des économies des pays de sa trempe et, donc, du tissu sanitaire y correspondant, ne pouvait pas grand-chose lorsqu’elle a été pratiquement cueillie à froid par ce monstre silencieux et invisible.
Riposte: véritable machine à conduire
La riposte contre le coronavirus demande des moyens financiers. C’est une véritable machine qui renvoie le pays sur la donne économique, commerciale, scientifique, sociale, sécuritaire et politique. C’est une machine complexe qui exige la maitrise de plusieurs paramètres, l’organisation et la répartition des responsabilités. Dans ces conditions et après observation, fait remarquer notre expert en communication, les institutions étatiques accusées au départ d’immobilisme se mettent progressivement en mouvement après les tâtonnements de départ et l’obligation d’organisation qui s’imposait quand il fallait agir en même temps. Progressivement aussi, cette action révèle sa lisibilité et son articulation autour d’un pivot central, le Premier ministre qui a pris le relais des orientations du Chef de l’Etat adoptées en Conseil des ministres et par la réunion interinstitutionnelle. Autour du Premier ministre, des ministres sectoriels en charge d’une partie de l’action de riposte. Celle-ci est confiée, dans sa partie opérationnelle à un Secrétariat technique dont le fonctionnement est assuré par un coordonnateur. Ce secrétariat a une organisation pluridisciplinaire qui va au-delà de l’intervention médicale pure et dispose même d’une cellule de communication pour les besoins en information du public. L’expert en communication avoue tout de même que le travail est réparti en sorte que la structure technique conduite par le Dr Muyembe soit assurée pour ce qui est de la riposte sanitaire et tout ce qui l’entoure pour son efficacité, notamment le confinement. «En retour, le travail étatique consiste, d’une part, à fournir à l’équipe de riposte tous les moyens dont elle a besoin en termes d’équipements médicaux et d’infrastructures, de produits divers, de personnel et de leur motivation, de la sécurité de tout ce monde», a-t-il souligné. Cet appui s’ouvre aussi au reste des aspects de cette riposte dont l’encadrement du confinement qui charrie un certain nombre d’exigences à caractère social, économique et même sécuritaire. Le confinement manqué a, d’ailleurs, donné la mesure de cette décision et nécessite d’y mettre toute l’organisation qui s’impose. Le tableau étant ainsi peint, le spécialiste en communication de crise a fait un constat. Depuis quelque temps, a-t-il expliqué, après des pressions de la communication sur le besoin de l’information, le gouvernement est en train d’atteindre la vitesse de croisière, du moins celle que lui permet les moyens actuellement disponibles». Dans son argumentation, il s’attèle sur le ministre de la Santé publique. Pour lui, le ministre EteniLongondo est sur le terrain de la communication. Il apprête des espaces à équiper pour l’accueil des malades. Au même moment se met en place un travail de formation du personnel médical.A la Primature, centre névralgique des opérations, se mène littéralement un travail de ruche avec les réunions qui s’y succèdent au quotidien. Objectif: trouver les moyens d’action du Secrétariat technique et répondre aux besoins socioéconomiques préalables à l’instauration imminente d’un confinement. Depuis plus d’une semaine, des opérateurs économiques défilent chez Sylvestre Ilunga pour étudier et mettre aussi en application des mesures de mitigation de l’impact de la pandémie sur le vécu des RD-Congolais. Il s’agit, entre autres, d’assurer la disponibilité des produits de première nécessité sur le marché et d’encourager les opérateurs économiques à poursuivre leur alimentation par des allègement de certaines charges fiscales, de garantir le contrôle des prix par rapport au revenu du plus et gagnant et, last but not least, assurer le paiement continu des salaires pour permettre aux citoyens d’accéder au marché. Ces matières sont-elles clairement expliquées à la population? La première réponse reste non. Voilà un déficit communicationnel de taille en une période comme celle-ci où les populations ne savent à quel se vouer pour faire face au confinement. «Il est clair qu’il faut faire la part des choses quand on parle de communication et savoir qui se plaint et pourquoi. Trop souvent on confond la communication factuelle -information- avec les interactions des gens dans les réseaux sociaux et certains médias classiques qui ont la polémique comme dénominateur commun», a martelé le même expert. Sinon, il est important que le gouvernement mette en place une communication de crise en cette période de lutte contre le Coronavirus.
Tino MABADA