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Ce que l’on sait d’Air Congo, le futur pavillon national

Répartition des postes clés entre la RDC et Ethiopian Airlines, flotte, coexistence avec Congo Airways… Jeune Afrique lève le voile sur le lancement du futur pavillon congolais, annoncé pour le 1er décembre.

Le 1ᵉʳ décembre prochain, aura lieu le vol inaugural d’Air Congo. C’est ce qu’a annoncé le vice-Premier ministre, ministre des Transports, des Voies de communication et du Désenclavement, Jean-Pierre Bemba, au cours du conseil des ministres congolais du lundi 20 septembre.

Air Congo, une compagnie dont le projet de création était porté depuis 2021 par son prédécesseur, feu Chérubin Okende. Elle doit être adossée à Ethiopian Airlines, à raison de 51% pour le gouvernement congolais et 49% pour le pavillon éthiopien, comme le prévoyait à l’époque un premier mémorandum d’entente (MoU). Le directeur général d’Ethiopian Airlines, Mesfin Tasew, avait été reçu à Kinshasa le jour même par Jean-Pierre Bemba. Les deux hommes sont tombés d’accord sur le pacte d’actionnaires, qui a pu être finalisé.

Selon nos informations, deux exigences d’Ethiopian Airlines avaient jusque-là empêché la conclusion de ce deal final. D’une part, la mise en place d’un contrat de management imposant que les postes de directeur général et directeur financier soient confiés à des cadres de la compagnie éthiopienne (la présidence du conseil d’administration devant revenir à l’actionnaire majoritaire, à savoir l’État congolais), et d’autre part, la garantie que le directeur général adjoint, nommé par Kinshasa, réponde à l’autorité de la direction générale plutôt qu’au gouvernement. Des termes que la partie congolaise a fini par valider, ouvrant la voie à la constitution de la société légale Air Congo SA.

Une source qui suit le dossier au sein du gouvernement congolais dénie toute référence à un « blocage ». C’est par « les échéances électorales et l’instruction d’expédition des affaires courantes » que Jean-Pierre Bemba a expliqué en conseil des ministres l’interruption du processus de création d’Air Congo, en 2023.

La direction pour Ethiopian, la présidence pour Kinshasa

Également annoncé en conseil des ministres, le capital de la nouvelle société, de 40 millions de dollars, dont la moitié doit être apportée par Ethiopian Airlines, est conforme au projet initial. Selon nos informations, la constitution de la flotte a cependant évolué. Alors que le projet initial tablait sur sept appareils quasi dès le lancement, il s’agira, dans un premier temps, de mettre à disposition d’Air Congo deux Boeing 737-800 appartenant à Ethiopian Airlines, auxquels s’ajouteront deux autres appareils similaires six mois plus tard. La flotte devant se renforcer régulièrement pour atteindre huit Boeing 737-800 dans les cinq ans suivant l’envol de la compagnie.

La compagnie devrait aussi, à terme, disposer de deux Boeing 787 (Dreamliner), mais qui ne seront pas mis en service avant la troisième année d’existence d’Air Congo, précise-t-on du côté du gouvernement congolais.

Les discussions ont été menées dans le plus grand secret. « Nous avons eu un entretien avec le ministre du Portefeuille, le 17 septembre, lors d’une marche de protestation, mais le ministre n’a absolument pas mentionné ce sujet », glisse une source syndicale de Congo Airways.

Car, outre le pacte d’actionnaires, un autre point est, depuis le début du projet, sujet de crispation : la potentielle coexistence entre deux compagnies nationales, Congo Airways, 100% publique – dont Kinshasa possède 40% aux côtés d’autres organismes, comme la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS 31%), le Fonds de promotion de l’industrie (8%), la Société commerciale des transports et des ports (8 %) ou encore la Régie des voies aériennes de RDC (6 %) –, et Air Congo, où l’État serait cette fois majoritaire.

Quel avenir pour Congo Airways ?

Dans les années 2021-2022, cette question avait fait l’objet d’un débat houleux, l’ex-Premier ministre, Sama Lukonde Kyenge, étant partisan de flécher les propositions de partenariat vers Congo Airways, quand Chérubin Okende fustigeait cette compagnie « en faillite » et à la gestion douteuse. Plus de deux ans plus tard, ni Jean-Pierre Bemba ni son homologue au Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, ne semblent prêts à « lâcher » Congo Airways, dont la situation ne s’est pas améliorée depuis 2022.

Le ministre du Portefeuille avait ainsi apporté son soutien au directeur général de la compagnie, José Dubier, lorsque le président du conseil d’administration, Jean-Bertrand Ewanga, avait tenté de le relever de ses fonctions, fin juillet.

Congo Airways, qui a dû clouer ses propres avions au sol pour des problèmes moteur et ne parvient pas à louer d’autres appareils, n’a plus opéré de vols commerciaux depuis le mois de juillet et sa survie paraît compromise. D’ici au mois de décembre, la compagnie arrivera au bout du moratoire qu’elle a obtenu des instances internationales, et pourrait perdre sa certification. Justement au moment où la future compagnie devrait prendre son envol…

Jeune Afrique

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