
C’est à la suite de multiple fuites et dénonciations publiques que le public congolais apprend qu’une dette de 80 millions Usd a été contractée au nom de l’État pour rembourser une autre dette de l’État envers les sociétés pétrolières opérant en RDC. Sur chaque étape de l’enquête menée par la rédaction d’Econews pour élucider l’affaire, un nom semble revenir invariablement avec récurrence. Il s’agit étrangement de Jules Alingete, inspecteur général des Finances – Chef de service.
Les sources consultées par Econews indiquent qu’il aurait activement participé à l’ensemble du processus et qu’il serait l’auteur intellectuel du montage financier s’étant occasionné d’une rétro-commission de 12 millions Usd. Ces soupçons étonnants semblent étayer par quelques éléments concrets qui posent objectivement la question de l’implication de l’inspecteur général – Chef de Service, sinon de certains conflits d’intérêts difficilement justifiables.
Quelques faits notables
Premièrement. Jules Alingete a assumé la fonction de directeur de cabinet adjoint de la ministre de l’Économie nationale, avant d’être nommé à ses fonctions actuelle. Il aurait d’ailleurs soutenu l’introduction du principe de mutualisation des volumes dans la structure des prix des produits pétrolier. Une sérieuse aberration consacrant la possibilité de rémunérer des logisticiens du secteur pétrolier, sans qu’ils n’aient rendu le moindre service.
Deuxièmement. Malgré sa nomination à la tête de l’IGF, Jules Alingete a un temps continué d’exercer ses fonctions de Directeur de cabinet adjoint au Ministère de l’Économie. Plus intrigant encore, il contenue visiblement à prendre part active aux réunions du comité de suivi des prix des produits pétroliers, sous la casquette d’«expert du Gouvernement».
Selon nos sources, quand il est présent, c’est Jules Alingete qui dirige de fait les réunions de ce Comité, secondé en cela par le Secrétaire général à l’Économie, évinçant littéralement le directeur de cabinet officiel qui semble complètement écarter de la gestion des dossiers pétroliers. Ceci en violation des dispositions de l’arrêté Interministériel 001/CAB/MIN/ECO-FIN&BUD/2001 portant réorganisation du comité de chargé du suivi des prix des produits pétroliers du 26 mai 2001, qui précise la composition de ce Comité.
Au-delà des textes et de la déontologie professionnelle, c’est le bon sens qui est violé. Un inspecteur des finances va-t-il appliquer ses prérogatives de contrôle sur des actes auxquels il a lui-même participé ?
Cette question devient encore plus pertinente lorsqu’on se rappelle que c’est le comité de suivi des prix des produits pétroliers qui assure la certification des pertes et manques à gagner et la certification des créances y associées. C’est aussi au sein de ce comité que les travaux techniques de réversion de la structure des prix des produits pétroliers son réalisés. Il semble que l’inspecteur général Chef de service a pris une part active non seulement à la certification des créances des pétroliers, mais aussi à la préparation de la dernière modification de la structure des prix des treize produits pétroliers.
Cette dernière modification ayant eu lieu dans des conditions pour le moins douteuses, sans la participation de certaines parties prenantes importantes, et en marge de la règlementation en vigueur. Dès lors, comment l’inspecteur général des Finances – Chef de Service pourrait-il exercer un contrôle objectif sur des faits découlant des actes et décisions auxquels il a lui-même participé ou qu’il a personnellement influencés ?
Troisièmement. Des sources concordantes indiquent que c’est Jules Alingete qui aurait contacté le ministre des Finances pour l’informer qu’un arrangement avait été trouvé avec la Rawbank et pour lui demander de saisir cette banque par conséquent. A ce jour, le ministère des Finances n’a bizarrement émis aucun commentaire sur cette affaire.
Si ces faits sont avérés, en quelle qualité l’inspecteur général des Finances – Chef de service s’impliquerait-il dans le paiement d’une créance de l’État à ses partenaires ? En quelle qualité et au nom de quel principe aurait-il saisi le ministre des Finances ? Par quel mécanisme a-t-il pu détenir l’information selon laquelle c’est la Rawbank qui se chargerait de financer l’opération et qu’un accord avait été trouvé avec cette dernière ?
Quatrièmement. Le silence de Jules Alingete sur ce dossier semble traduire une démarche sélective dans la conduite de ses contrôles. Alors que de nombreuses questions restent en suspens et que des indices sérieux de détournement sont mis à nu, l’inspecteur général des Finances – Chef de Service ne semble pas prêt à lever le petit doit pour fouiner dans cette affaire. Ceci même après que le Conseiller principal du Chef de l’État chargé des questions économiques ait tapé du poing sur la table.
En effet, nos sources à la Présidence de la République indiquent que Marcelin Bilomba, conseiller principal Ecofin du Chef de l’Etat, aurait convoqué les principaux dirigeants des sociétés pétrolières pour leur demander des comptes sur cette affaire. Il leur a même adressé une correspondance officielle pour clarifier la hauteur des montants reçus et expliquer la destination de 12 millions Usd volatilisés. Jusqu’à ce jour, aucune réponse ne lui a été réservée, rapportent nos sources.
Affaire à suivre.