C’est sous une pluie battante que les jeunes du mouvement YouthSprint ont pris d’assaut l’Université Révérend Kim, campus de N’djili, dans le cadre de la campagne de sensibilisation axée sur «l’accès à l’information sur les droits sexuels et reproductifs des jeunes en milieu universitaire». Sur place, ces jeunes, engagés dans la promotion des Droits en santé sexuelle et reproductive -DSSR- ont expliqué aux étudiants le risque des avortements clandestins.
Grâce aux échanges, ils ont démontré que les lois restrictives sur les avortements n’ont pas aidé à juguler ce fléau en RD-Congo. Par contre, la pratique connait des proportions inimaginables dans la société. Par la suite, les jeunes de YouthSprint ont présenté aux étudiants les avancées médico-légales enregistrées dans le pays ces dernières années avec notamment la ratification et la publication au Journal officiel du Protocole de Maputo.
«Cet instrument juridique international autorise, en son article 12 alinéa 2.c, aux femmes de recourir à des services d’avortement sécurisé sous certaines conditions», a notamment expliqué Teddy Landu, jeune expert en sexologie thérapeutique et membre du mouvement YouthSprint. En effet, une femme dont la grossesse est issue de viol ou d’inceste ou qui met en danger sa santé physique et/ou mentale ou encore est incompatible avec la vie est éligible au Protocole de Maputo.
Malgré ces avancées constatées et scellées notamment par l’élaboration des normes et directives, l’accès à l’information demeure un vrai casse-tête, la faute notamment à une société plus hypocrite que conservatrice.
A l’Université Révérend Kim, les jeunes de YouthSprint ont donc apporté une solution qui intègre la donne du numérique, incontournable parmi les étudiants. Il s’agit d’un chatbot WhatsApp accessible via le numéro +243827325289 -Nurse Nisa. Cette infirmière virtuelle permet aux jeunes d’accéder facilement et de manière totalement confidentielle aux informations sur la SSR, y compris sur l’avortement sécurisé.
A l’issue de la sensibilisation, les étudiants se sont montrés très satisfaits. Sharone, étudiante en médecine, a dit toute sa joie en ces termes: «C’est un très bel apprentissage. En tant que médecin en formation, je pensais que seuls les avortements eugénique et thérapeutique étaient autorisés. Pourtant, le Protocole de Maputo a ouvert le champ. C’est d’autant plus important quand on sait que le viol demeure un vrai problème de société dans notre pays. Personnellement, je m’approprie ces deux outils, non pas seulement pour moi, mais aussi pour répercuter la bonne nouvelle autour de moi».
La campagne de sensibilisation universitaire de YouthSprint, lancée dernièrement à l’Université protestante du Congo -UPC- et dont l’Université Révérend Kim a été la deuxième étape, est rendue possible grâce à l’appui financier de l’Ambassade des Pays-Bas en RD-Congo et la supervision d’Ipas.
Dandjes LUYILA