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4ème sondage Les Points-OG: Shadary 49,7% surclasse Fatshi 25,1%!

A trois semaines de la tenue des élections triplées présidentielle, législatives nationales et législatives provinciales en RD-Congo, quand on observe les statistiques des intentions de vote de l’électorat concerné par ces scrutins, on peut confirmer l’expression: «Koswana na kobunda na libala ya kibombanda ezali kopesa mbanda makasi» -se quereller et se battre dans le mariage polygamique, c’est donner de la force à la rivale. Cette expression a toute sa place dans le positionnement de chaque candidat Président de la République.
 
Notre quatrième sondage sur les intentions de vote aux scrutins du 23 décembre 2018 montre un potentiel électoral de plus en plus évolutif pour deux candidats Présidents, à savoir: Emmanuel Ramazani Shadary et Félix Tshisekedi. Le premier est candidat indépendant soutenu par le Front commun pour le Congo -FCC- et le second est candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- en alliance avec UNC de Vital Kamerhe confortent leur avance sur les autres même si ce dernier candidat, au regard des sondages scientifiquement effectués, a du mal à atteindre la barre de 25% des intentions exprimées au niveau national. En effet, en dehors des fiefs traditionnels de l’UDPS, le candidat Félix Tshisekedi et d’une relative avancée due à l’appui de Vital Kamerhe qui s’est désisté en sa faveur, il ne dispose que de peu d’intentions de vote dans plusieurs provinces du pays. La démonstration ciselée dans les statistiques ci-dessous le prouve. La quintessence substantielle de son faible engagement en campagne électorale sur terrain dans lesdites provinces l’atteste. S’agissant du candidat Martin Fayulu, après avoir suscité un certain enthousiasme et attiré une certaine catégorie des électeurs, celui-ci stagne dans les intentions de vote. Malgré sa désignation à Genève par ses pairs comme candidat commun de la Dynamique de l’Opposition, Fayulu peine à séduire l’opinion. La raison de sa stagnation est à chercher dans la démarche ambiguë dans laquelle il s’est mis avec ses pairs de la coalition Lamuka en appelant leurs soutiens à aller voter mais sans la machine à voter ni le fichier électoral.
 
Vers un duel Shadary-Tshisekedi?
En fait, les statistiques de nos sondages au niveau national montrent qu’Emmanuel Ramazani Shadary ne cesse de grimper dans les sondages. Classé premier avec 49,7%, le candidat du FCC conforte son avance et continue de faire la course en tête. Il apparait pour le moment évident que son poursuivant, Félix Tshisekedi est trop éloigné derrière Emmanuel Ramazani Shadary. Le temps n’étant pas du côté des candidats, la possibilité de rattraper Shadary et de lui ravir la première place devient mince à quelques 20 jours du scrutin. Pour la quasi-totalité des répondants à nos sondages, aussi bien ses partisans que les partisans des autres candidats, l’avantage électoral de Shadary peut s’expliquer par cinq indicateurs majeurs objectivement vérifiables: a. l’entrée en lice rapide et réussie du FCC dans la campagne électorale; b. le succès de ses meetings; c. l’engagement sans faille de ses partisans, en l’occurrence tous les candidats du FCC battent doublement ou triplement la campagne et, de. la clarté et la précision de son discours de campagne par rapport à ceux des opposants obligés jusqu’à présent de se mettre d’accord sur des projets de sociétés selon les alliances et, e. lui et ses partisans ont les moyens de leurs campagnes électorale.
 
Félix Tshisekedi regagne du terrain à Kinshasa
A la deuxième marche se place Félix Tshisekedi qui a réussi à renverser la vapeur créée par le retrait de sa signature de l’Accord éphémère de Genève portant désignation du candidat commun de l’Opposition. Après avoir obtenu le soutien de Vital Kamerhe avec qui il a créé la nouvelle coalition dénommée «Cap pour le changement» et leur retour triomphal au pays, il apparait comme un deuxième homme avec 25,5% des intentions de vote, soit un accroissement de 12% comparativement aux intentions du 16 novembre 2018. Son retard dans la campagne électorale et le déficit des moyens financiers constituent sans doute des obstacles qui risquent de lui coûter cher. Le leader de l’UDPS semble regagner petit à petit du terrain à Kinshasa, surtout dans le district de la Tshangu traditionnellement acquis à l’Opposition. Toutefois, il fait face à la forte mobilisation du FCC et de son candidat qui reste favori dans les districts de Lukunga et Mont-Amba. L’écart se creuse considérablement entre Emmanuel Ramazani Shadary et Félix Tshisekedi par le fait que ce dernier a plusieurs provinces du pays dans lesquelles les intentions de vote en sa faveur sont inférieures à 0% alors que le premier, Shadary est en tête dans plus de ¾ des provinces à travers la République.
 
Fayulu, une véritable crise d’intelligence stratégique!
Classé troisième Martin Fayulu dont le discours contre la machine à voter est mal compris dans l’opinion, 67% des enquêtés soutiennent que Martin Fayulu n’a ni la volonté, ni les moyens de participer aux élections. Ils sont d’avis que ses soutiens de Lamuka -Moïse et Katumbi, Muzito et Matungulu- ne pourront pas faire grand-chose pour lui s’il persiste à participer aux élections. Pour la majorité de militants de ces alliés de Fayulu, ce rejet par lui de deux outils électoraux est incompréhensible et très mal expliqué. Les répondants craignent les conséquences de ce discours jugé par eux-mêmes  «creux, inintelligible, et non stratégique» pour l’avenir politique du candidat et ses alliés. Un nouveau indécis qui, lors de notre précédant sondage, avait jeté son dévolu sur Fayulu affirme. «Je ne voterai plus Fayulu et ses candidats députés. Il ne sait pas que pour la Commission électorale nationale indépendante, tout bulletin qui ne transite par la machine à voter est un bulletin nul. En plus, il n’est pas possible de pouvoir voter sans un fichier électoral!». Un candidat député de Lamuka contacté à ce propos a déclaré: «je ne peux pas mettre la photo de Fayulu à côté de la mienne au risque de perdre les voix de mes électeurs!». Nous avons également constaté qu’à trois semaines des élections, il n’y a aucun candidat pro-Fayulu qui, durant sa propre campagne, n’a évoqué le nom du candidat Fayulu. Cette stratégie du candidat Fayulu et ses alliés projette une image négativement reçue et ancrée assez profondément dans les mœurs de certains électeurs qui ont affirmé avoir changé définitivement d’avis quant à l’intention de vote pour lui et ses deux grands alliés: Bemba et Katumbi. Voilà pourquoi, le pourcentage d’indécis, quoiqu’en régression par rapport à notre précédant sondage, est encore assez significatif. Par ailleurs, la quasi absence d’intentions de vote pour Fayulu dans le Grand-Kivu et toutes les provinces issues de l’ancienne Province Orientale s’explique par deux raisons fondamentales, la première relève de la sociologie électorale: Emmanuel Ramazani Shadary et Vital Kamerhe sont ressortissants de cet «Est» de la République. La seconde est due au fait que dans l’imaginaire collectif des électeurs de cet «Est» de la République, il se raconte que Fayulu aurait taxé, en 2011, tous les habitants de l’Est du pays d’être des «Rwandais». Une telle affirmation a eu un impact significatif dans la psychologie collective des électeurs du Grand-Kivu face à ce dernier candidat surtout que personne n’a contredit ou présenté les excuses. En ce qui concerne Katumbi, une certaine opinion affirme que le président du TP Mazembe a perdu son influence dans une grande partie du Grand Katanga, sa popularité en grande partie constituée des ressortissants du Kasaï préfère soutenir Fatshivit plutôt que Martin Fayulu. Même situation pour Jean-Pierre Bemba dont les 10 ans d’absence au pays ont laissé émerger d’autres leaders politiques dans son Équateur natal. Parmi eux, José Makila, Jean-Lucien Busa, Michel Bongongo, Arthur Sedea et autres. D’où penser que le soutien du président du MLC et d’Ensemble pour le changement ne pourrait apporter grand-chose en termes d’électeurs à Martin Fayulu.
 
Quant aux autres candidats
D’autres candidats -Shadary, Félix Tshisekedi et Fayulu mis à part- sont talonnés par les deux premiers cités -Shadary et Félix Tshisekedi- et ne parviennent, dans l’ensemble, qu’à se contenter que de 1,3% des intentions de vote. Autant dire qu’ils ne pourront pas influencer significativement les résultats attendus le 25 décembre prochain. Leur alliance avec un autre candidat ne peut booster les intentions de vote, peu connus dans l’opinion, le reste des candidats a du mal à se positionner et lancer la campagne. Essoufflés avant le lancement de la campagne, ces candidats ne disposent ni des moyens financiers conséquents pour battre campagne, moins encore des cellules de campagne. L’affiche du candidat Gabriel Mokia, par exemple, a attiré un effet contraire. La majorité des répondants de Kinshasa se demandent pourquoi il a postulé s’il n’est pas capable de mettre des photos dignes d’un Président de la République. Autre enseignement de ce sondage, les provinces issues du démembrement de l’ex-province du Katanga sont littéralement acquises au candidat du Front commun pour le Congo qui y a tenu ses premiers meetings de campagne. Il totalise plus de 51% des intentions de vote sur l’ensemble de ces provinces contre 37% pour Félix Tshisekedi. Ce dernier arrive en tête dans la province du Kasaï Oriental avec 53% des intentions de vote mais il est suivi par Shadary qui a 36%. Dans d’autres provinces du Grand Kasaï, ce dernier fait mieux avec notamment 70% dans le Sankuru contre 10% pour son poursuivant. A l’Equateur, le dauphin du Chef de l’Etat conserve son avance du dernier sondage et se retrouve toujours en tête avec 59% des intentions, soit 1 point de plus contre 12% pour Félix Tshisekedi qui y a perdu 5% et environ 20% pour Martin Fayulu. Il en est de même de provinces issues de la Province Orientale où il fait le plein avec 65% des intentions de vote contre 12% pour Félix Tshisekedi et 15% pour le reste des candidats. Dans le Grand-Kivu -Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema-, Félix a gagné 15 points et se trouve avec 22% des intentions de vote contre 51% pour Shadary qui a lui aussi gagné 3 points. Cette progression s’explique par le désistement de Vital Kamerhe en faveur du leader de l’UDPS à la faveur de l’Accord de Nairobi portant création de la coalition Cap pour le Changement. Même dans les provinces du Kwilu, Kwango et Maï-Ndombe, c’est-à-dire, le Grand Bandundu que le candidat Shadary arrive en première position suite à l’influence d’une branche du PALU et certains leaders ressortissants de cette province et membre du FCC 41% contre le candidat de la coalition Lamuka qui enregistre, dans le Kwilu et Kwango, une augmentation des intentions de vote. Cela peut se justifier par le fait que d’une sociologie électorale des originaires: lui-même et Matungulu sont ressortissants de la contrée. Dans le Grand Bandundu, Martin Fayulu gagne 5 points pour se retrouver en deuxième position avec 30% des intentions et devant Félix Tshisekedi, 10%, Mabaya, 6%). Dans la province du Kongo Central, c’est le candidat de l’UDPS qui mène la danse avec 48% talonné par Ramazani Shadary avec 35% devant Martin Fayulu. A la différence de nos précédents sondages sur les intentions de vote à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018, le taux des indécis du présent sondage a beaucoup baissé, mais demeure significatif. Il passe de 27% au 16 novembre 2018 pour se situer à 15,1%. Ce qui laisse entrevoir, pour tout scientifique sérieux et habitué aux sondages qu’à trois semaines des élections, plus de 85% d’électeurs semblent avoir fait les derniers choix car avec 15% des indécis, il est serait difficile de battre le candidat du FCC qui a déjà frôlé la barre de 50%. Néanmoins, les intentions de vote étant dynamiques, notre équipe de sondage poursuit ses investigations sur terrain jusqu’au soir du scrutin. «Sondage exclusif Les Points – Observatoire de la gouvernance» -Laboratoire de recherche scientifique en sciences sociales, administratives et publique fonctionnant au sein de la Faculté des Sciences sociales, administrative et politiques de l’UNIKIN.
Tiré de Forum des As n°5784 du 5 décembre 2018

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