«A ceux qui pensent ou même espèrent que la CENI va conduire le processus électoral, et plus précisément la gestion et la publication des résultats électoraux, dans l’opacité et de manière partisane se détrompent. La CENI ne souscrit pas à cette négativité. Il s’agit là d’un procès d’intention qui, jusqu’à ce stade du processus, s’est avéré sans fondement…», a déclaré le président de cette institution d’appui à la démocratie à Kinshasa
Le vendredi 1er septembre, le président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, Denis Kadima Kazadi, a annoncé solennellement la convocation de l’électorat pour l’élection du Président de la République. Et ce, devant l’ensemble du bureau et de la plénière, le gotha d’invités et la presse à la salle Abbé Apollinaire Malu-Malu. Cette convocation intervient après celle de l’élection à la députation nationale, provinciale et des conseillers communaux qui s’est clôturée le dimanche 27 août 2023. Une précision: la présidentielle sera couplée aux trois autres scrutins susnommés prévus le 20 décembre 2023. Cette annonce marque l’ouverture, du 9 septembre au 8 octobre, soit 30 jours, du Bureau de réception et traitement des candidatures au siège de la CENI sur le Boulevard du 30 juin à Kinshasa-Gombo, à quelques encablures de la Gare centrale.
Rappelant le parcours entrepris par l’institution qu’il dirige, Denis Kadima a mis en exergue les faits saillants de son évolution. «Le processus électoral est, aujourd’hui, à un tournant important avec la cérémonie de convocation de l’électorat pour l’élection du Président de la République. Mais, tout d’abord, j’aimerais une fois de plus rendre un hommage aux 33 agents de la CENI qui ont perdu la vie lors de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs. Ces personnes ont sacrifié leur existence pour consolider la jeune démocratie qu’est la RD-Congo.
En effet, depuis le début de ce cycle électoral, la CENI s’emploie à satisfaire toutes les conditions pour organiser des élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées. Ses agents et cadres ne ménagent aucun effort pour mettre en œuvre les opérations inscrites dans le calendrier électoral publié il y a près d’un an, et ainsi répondre aux aspirations du peuple RD-congolais», a souligné le patron de Centrale électorale. Puis: «Le grand défi pour la CENI et pour toutes les parties prenantes au processus électoral demeure la tenue des élections dans le délai constitutionnel, sur base d’un fichier électoral fiable et de candidatures aux différents scrutins certifiées et sans exclusive.
La CENI a démarré ses opérations en procédant à une évaluation sans complaisance de la situation de départ: le corpus de textes juridiques disponibles, son organisation et son fonctionnement, ses moyens techniques et financiers, tout en étant consciente qu’elle allait devoir se livrer à une course contre la montre. Nous sommes aujourd’hui à 110 jours du vote. Elle s’est fixée pour objectif primordial d’améliorer la qualité du processus électoral avec entre autres la prise en considération des observations et recommandations faites par les missions d’observations électorales et les autres parties prenantes».
Les principales innovations marquantes de la CENI
Denis Kadima est aussi revenu sur les principales innovations marquantes de son institution. «La CENI s’est dotée d’un plan stratégique qui explique clairement sa volonté de changement en créant une nouvelle image et en développant ses relations avec les parties prenantes pour une plus grande confiance. En matière de gouvernance, elle a activé une Cellule de gestion et de passation des marchés publics. Pour pérenniser son action, la CENI a investi en acquérant un entrepôt central de 20 000 m2 et acheté puis rénové le bâtiment de son siège national, auparavant loué, qui abrite la cérémonie de ce jour. En matière technique: la CENI s’est attelée à actualiser ses cartographies opérationnelles», a signalé Denis Kadima.
Et de préciser: «cette opération a permis de disposer d’un outil de travail performant pour organiser principalement l’identification et l’enrôlement des électeurs. La cartographie a offert aux parties prenantes au processus électoral un instrument de surveillance garantissant la transparence des scrutins. Autre innovation technique: les équipes de la CENI ont produit une application mobile de pré-enregistrement qui a permis de résorber les longues files d’attentes devant les centres d’inscription. En matière de communication: la CENI a redynamisé les cadres de concertation avec les partis politiques, la Société civile, le monde scientifique, les personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables ou encore les jeunes. Ces cadres de concertation se sont tenus aussi bien à Kinshasa que dans les 25 autres provinces de notre pays».
Selon lui, à considérer le travail déjà accompli, il y a plusieurs raisons qui doivent pousser les parties prenantes à soutenir ce processus pour qu’il arrive à terme. «En voici quelques-unes: la CENI a organisé l’identification et l’enrôlement des électeurs en 4 mois contrairement aux cycles passés. Elle a renforcé les mesures de sécurité en insérant la capture de l’iris pour garantir l’intégrité du vote: un électeur, une voix. Elle possède aujourd’hui un fichier électoral fiable fort de près de 44 millions d’électeurs», a-t-il fait savoir. Et de clarifier: «les bureaux de vote de la CENI pourront accueillir, pour la première fois, des RD-Congolais résidant à l’étranger. Seuls cinq pays sont concernés pour le moment mais la CENI espère tirer les leçons de cette expérience pilote pour la généraliser au prochain cycle».
Les électeurs RD-congolais vont pouvoir, cette fois-ci, a-t-il poursuivi, élire les conseillers communaux des communes situés dans les 26 chefs-lieux des provinces de la RD-Congo. Enfin, pour la première fois, la CENI a accordé l’accréditation de long terme aux observateurs nationaux à déployer pour les opérations pré-électorales. Denis Kadima est d’avis que ces améliorations, apportées par la CENI, ont été soulignées par plusieurs parties prenantes locales et internationales qui ont apprécié les efforts inlassables consentis par la CENI pour tenir les élections crédibles, transparentes, inclusives, apaisées et à temps.
«Nous leur sommes reconnaissants pour tous ces encouragements. J’aimerais donc saisir cette occasion pour lancer un appel à toutes les parties prenantes à soutenir ce processus qui s’engage sur la dernière ligne droite. Et, je tiens à rassurer l’opinion publique que les élections générales se tiendront le mercredi 20 décembre 2023. Le fichier électoral est complété; les candidatures pour les législatives et les communales ont été déposées. Il ne reste plus qu’à recevoir les candidatures pour la Présidentielle. Tel est notre message aujourd’hui», a-t-il souligné.
Non à la violence post-électorale
A tous ceux qui prédisent le malheur en faisant un procès d’intention à la CENI après les consultations électorales, Denis Kadima a voulu conjurer le sort. «A ceux qui pensent ou même espèrent que la CENI va conduire le processus électoral, et plus précisément la gestion et la publication des résultats électoraux, dans l’opacité et de manière partisane se détrompent. La CENI ne souscrit pas à cette négativité. Il s’agit là d’un procès d’intention qui, jusqu’à ce stade du processus, s’est avéré sans fondement. Nous avons donc géré avec professionnalisme et honnêteté la cartographie opérationnelle, la refonte du fichier électoral, la répartition des sièges ainsi que les candidatures», a-t-il rassuré.
Et de promettre: «chers compatriotes, l’équipe que je dirige, travaille avec intégrité et le fait ainsi par conviction. Nous sommes convaincus que ce 4ème cycle électoral va hausser le standard en matière électorale et ainsi contribuer à la consolidation de la démocratie et de la paix dans notre cher pays. Ainsi à ces prophètes de malheur qui espèrent et affirment à haute voix que la CENI sera la cause d’un violent conflit post-électoral qui justifierait une grave instabilité politique et qui conduirait à un changement de régime antidémocratique, nous leur répondons simplement en deux mots: ‘’Sans effets’’. N’oubliez pas que la vision de la CENI est celle de devenir une CENI de standard mondial qui imprime une culture démocratique pérenne en République Démocratique du Congo».
Kadima dit agir en toute humilité avec son équipe. «Nous aspirons aussi bien avec humilité qu’avec détermination à être un modèle de gestion électorale qui va inspirer et émuler les équipes qui nous succéderont à la CENI ainsi que nos sœurs et frères d’autres pays africains et au-delà», a-t-il conclu. Bien avant, le rapporteur Patricia Nseya Mulela a lu la décision portant convocation de l’électorat et ouverture du Bureau de réception et traitement des candidatures pour l’élection.
Présidentielle: 5 conditions à remplir
Un communiqué de la Centrale électoral diffusé le mardi 29 août annonçait la convocation de cet électorat le vendredi 1er septembre 2023, comme c’est le cas. Le même communiqué notait que la circonscription pour cette élection étant le pays tout entier, le Bureau de réception et de traitement de candidature -BRTC- est installé à Kinshasa, la capitale, au siège de la CENI sur le Boulevard du 30 Juin, à Kinshasa-Gombe. Se référant à l’article 100 de la loi électorale, cette institution d’appui à la démocratie a évoqué, dans son communiqué, 5 conditions pour briguer la magistrature suprême en RD-Congo. «Posséder la nationalité RD-congolaise d’origine; être âgé de 30 ans au moins; jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques; avoir un diplôme d’études supérieures ou universitaires ou justifier d’une expérience professionnelle d’au moins 5 ans dans le domaine politique, administratif, ou socio-économique; avoir la qualité d’électeur où se faire identifier et enrôler lors du dépôt de candidature», stipule ledit article de la loi électorale.
Ce dépôt cours pour une durée d’un mois soit du 9 septembre au 8 octobre 2023. Du côté pouvoir, Félix Tshisekedi est candidat à sa propre succession. Du côté opposition radicale, Moïse Katumbi Chapwe d’Ensemble pour la République, Augustin Matata Ponyo de LGD et Delly Sesanga d’Envol sont en course tandis que l’opposition républicaine soutient la candidature de Constant Mutamaba de DYPRO. D’autres candidats sont attendus bien sûr. La campagne électorale pour ces scrutins combinés sera lancée le 19 novembre prochain et cela pour une durée d’un mois.