Il est 8 heures du matin. Les Kinoises et Kinois se précipitent vers le centre-ville pour vaquer à leurs occupations quotidiennes. Les vendeuses de «malewa» installent paresseusement leurs casseroles pendant que les informaticiens et animateurs des bureautiques assaillent l’entrée de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication -IFASIC- à l’affût des étudiants pour leur offrir leurs services. Ces derniers prennent tout leur temps pour remplir les auditoires des cours.
Un grand sachet rempli «d’eau pure» sur la tête, Kevine Amuri entame sa journée. Il ne fait pas encore chaud et les clients se font rares. A cette heure matinale, ce sont plutôt les vendeurs de pains et de charcuterie qui font de bonnes affaires, les amateurs d’eau glacée préférant attendre les heures de midi pour se rafraîchir.
Kevine et d’autres vendeurs d’eau en sachet doivent prendre leur mal en patience. En ce début de journée, les clients se font rares d’autant plus qu’ils sont quelque peu refroidis par la hausse du prix de 50% intervenue depuis quelques jours. En effet, le sachet d’eau pure qui jusque-là s’écoulait à 100FC, coûte désormais 150FC, voire 200FC. Certains indiquent comme justification la loi de l’offre et de la demande. La canicule qui s’abat sur la ville ces derniers temps, pousse tout le monde à se désaltérer régulièrement tout au long de la journée. Comme tout le monde ne dispose pas de moyens consistants pour se taper l’eau en bouteille, le commun des mortels se rue sur l’eau pure conditionnée en sachet. C’est ici que les clients potentiels sont pris dans la nasse. D’aucuns s’imaginent que ces petits vendeurs d’eau en sachet qui écument les artères de la ville, réalisent de gros bénéfices. Loin de là. Fabrice Kwambaba tranche: «Depuis que le prix a pris l’ascenseur, les clients achètent difficilement. Le bénéfice a diminué, ramenant notre gain à 800FC au lieu de 1.000FC par paquet. Cela est dû à l’augmentation du coût du paquet qui est passé de 45.000 FC à 75.000 FC pour 500 pièces». Pour d’autres vendeurs, la hausse du prix de cette denrée de base serait la conséquence du décret pris par le Premier ministre Bruno Tshibala au mois de février 2018 portant interdiction de fabrication, d’importation et d’usage des sachets plastiques en RD-Congo à compter du 1er juillet 2018. Quelle anticipation? Les producteurs et vendeurs disposent de 5 mois pour liquider les stocks et cesser toute vente de ces produits. Le poids de cette décision pèse déjà sur tous ces jeunes qui ne vivent que de la débrouille, n’ayant pas d’autres sources de revenus et qui préfèrent la vente «d’eau pure» aux activités perverses des Kuluna. Il appartient aux dirigeants de réfléchir dès maintenant à la création d’emplois ou d’autres débouchés à offrir à ces jeunes désœuvrés dont le nombre va sans cesse croissant. Pendant ce temps, les petits vendeurs d’eau en sachet doivent multiplier de stratégies pour écouler leurs marchandises dans des temps courts. Ailleurs, d’autres vendeurs se frottent pourtant les mains à l’idée de réaliser de plantureux bénéfices chaque fois le soleil en fait voir de toutes les couleurs aux habitants de ville.
Goretti Kat Kazad