Elle a été illimitée et émancipé bien avant l’arrivée en trombe des
discours sur le genre. Marie Ndundu Nseki a depuis longtemps compris
le rôle de la femme dans le développement d’une nation. Soixantaine
révolue, Ma Mundele, aiment à l’appeler ses clients, vend depuis 1975
les pagnes au Marché central de Kinshasa. Ce commerce lui permet de
scolariser ses enfants et soutenir sa famille, même après la mort de
son mari. Rencontre avec une femme exceptionnelle.
Au croisement des avenues Kato et Kasa-Vubu, dans la commune de
Kinshasa, en plein cœur du Zando, le Marché central de Kinshasa,
l’étalage de Ma Mundele est bien perceptible de loin. Marie Ndundu
Nseki est la seule vendeuse de pagnes sur étalage. «Payer une maison
me coutera trop. Ici, les clients peut voir tous mes pagnes»,
explique-t-elle. A Zando, la dame n’est vraiment plus à présenter.
Elle est l’une des plus anciennes vendeuses de pagnes du grand marché.
Les pagnes africains et leur commerce n’ont plus de secret pour elle.
Sur son étalage, on voit toutes les marques des pagnes: wax
hollandaises, anglaises, super Soso, Java, etc. Il y en a pour toutes
les bourses. «Je vends des pagnes à CDF 15 milles pour permettre à
toutes les femmes de s’en approprier», confie Ma Mundele toute fière.
Cette commerçante souffle d’ailleurs que les jeunes filles n’ont plus
vraiment le gout pour du pagne. «Le pagne est l’habillement de la
femme RD-congolaise. Actuellement, les filles ne savent plus
s’habiller décemment. Elles ont laissé tomber les pagnes de leur
grand-mères», se plaint-t-elle. Le regard plongé dans le vide, Mama
Mundele regrette l’époque où les femmes ne juraient que par le pagne.
«Je comprends que les époques ont changé mais je pense également que
c’était la belle époque», soutient-elle.
Gardienne de l’authenticité de la femme RD-congolaise, Marie Ndundu
condamne la théâtralisation du port des pagnes lors de la célébration
de la Journée internationale des femmes. «Le pagne, c’est un symbole
de respect. Les femmes ne savent déjà plus nouer leurs pagnes. Elles
ne comprennent pas non plus sa signification», ajoute-t-elle.
Autre temps, autres mœurs! Ma Mundele remue les cendres du passé
zaïrois. A l’en croire, à cette époque-là, ce commerce du pagne était
florissant: «J’étais en mesure d’écouler tout mon stock constitué de
plus de plus 50 pagnes en une seule journée. A l’époque, le Marechal
-Mobutu- avait exigé le port du pagne afin d’imposer la dignité de la
femme».
De la mère à la fille
Pour Marie Ndundu, le pagne n’est pas seulement un habit, mais aussi
un vrai gadget de la femme africaine: «le pagne, c’était aussi le
porte-bébé, une couverture, un couvre-chef, comme un mouchoir de
tête». Marie Ndundu. Chez les Ndundu, le commerce du pagne est
familial. Il se lègue de la mère en fille.
«J’ai commencé ce commerce à l’âge de 18 ans, au début des années
1975.C’est ma maman qui m’avait initié. J’ai aussi initié ma fille. Je
suis fière de cette activité car je n’envie personne», se targue à
juste titre Ma Mundele. Cette activité lui a procuré respect et estime
de tous. Mais surtout, ça lui a de subvenir comme il se doit aux
besoins de sa famille. «Je suis fière de moi!», dit-elle. Le pagne lui
a permis de scolariser ses quatre enfants. «Tous ont fait des études
universitaires, grâce aux gains gagnés par la vente des pagnes»,
renseignement un brin de satisfaction dans la voix. Ma Mundele qui
garde une pensée affectueuse son pour défunt époux fait part du
soutient de ce dernier, alors vivant: «Il respectait et soutenais mon
business. Il ne manquait pas non plus de me conseiller. Voilà
aujourd’hui, malgré son absence, je continue à tenir ma famille».
Après plus de quarante-deux ans d’expérience comme vendeuse, Marie
Ndundu Nseke a une conviction: la femme RD-congolaise est à même
d’apporter le changement que tout le monde espère voir dans
l’ex-Zaïre.
Christelle NDONA
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