Politique

Mbadu previent les menaces contre élu banni: secrets d’un meeting interdit à Boma

Le gouverneur Jacques Mbadu
Le gouverneur Jacques Mbadu
A l’issue d’une réunion convoquée le 29 mars, les services urbains de sécurité ont prévenu la mairie de Boma et l’Exécutif provincial du Bas-Congo des menaces qui pèsent sur le député MPCR Adrien Phoba. L’élu est déclaré persona non grata par une frange de la population irritée par plusieurs affaires de moralité. Entre autres, les scandales des dettes non réglées des témoins de son parti aux élections et de trafic des êtres humains
A Boma où le député MPCR Adrien Phoba a des œufs à peler avec certains de ses électeurs désabusés par son comportement, le contexte est de moins en moins favorable à ses sorties publiques. Des leçons que le gouverneur du Bas-Congo, Jacques Mbadu, a tirées du rapport du maire de la ville de Boma consécutif à une réunion de sécurité convoquée le 29 mars et qui l’ont poussé à interdire un meeting du député prévu le 5 avril, sécurité oblige. Eclairage.
La tension est vive à Boma où une frange de la population est hostile au député MPCR Adrien Phoba. Dernier épisode en date: l’animosité affichée le 17 mars dernier à l’endroit du député RECO Fabrice Puela, placé dans le même registre que Phoba. Des sources confient que Puela a failli être lynché avec promesse de subir le même sort que l’élu MPCR en cas de récidive. Témoins de la rixe: le député national César LubambaNgimbi, le ministre des Affaires foncières Robert Mbwinga et son collègue des Affaires sociales Charles NawejMundele.
Phoba a, lui, été agressé il y a peu alors qu’il avait fait le déplacement de Boma dans le cadre de ses vacances parlementaires. Les images en rapport avec cette sortie ratée ont montré un Phoba surexcité, distillant un discours va-t-en-guerre devant une dizaine de curieux, probablement à la base de l’autodafé pratiqué peu après sur lui. Victime certes d’une agression, Phoba en est aussi et surtout la cause.
Alors que les investigations destinées à l’identification de ses agresseurs se poursuivent encore dans la ville, que l’Assemblée nationale est en pleine session de mars, que la restitution de la session de septembre 2013 et la session extraordinaire de janvier-février 2014 n’est plus une urgence, Phoba a voulu susciter nouvelles brouilles et embrouilles en projetant un meeting en date du 5 avril à Boma. Bien entendu, il a sollicité le concours des autorités provinciales et urbaines pour assurer sa sécurité. Mais le gouvernement provincial du Bas-Congo y a réservé une fin de non recevoir.
Persona non grata
Les raisons du refus sont tirées du rapport du Conseil urbain de sécurité convoqué le 29 mars à Boma autour du maire de la ville, Marie-Josée Niongo. Les services ont passé au peigne fin la situation qui prévaut dans la ville avant et après l’agression de Phoba, a-t-on appris le week-end. Leurs constats: «la population désapprouve la conclusion de la plénière de l’Assemblée nationale réunie à huis-clos de ménager un élu poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat pour des présumés infractions commises à Matadi et Boma», à en croire une source porche du dossier.
Les services en ont déduit que des menaces sérieuses pèsent sur la personne de Phoba au regard entre autres du litige financier pendant avec ses témoins MPCR aux élections de novembre 2011, jamais payés à ce jour et les relations avec sa base empoisonnées par son entêtement à obtempérer au mot d’ordre de Tshisekedi, mascotte de la campagne de plusieurs candidats de l’Opposition dont est issu l’élu MPCR, interdisant de siéger à l’Assemblée nationale.
Selon le Conseil urbain de sécurité, Phoba a aussi maille à partir avec certaines familles à Boma. Notamment celle de son ami Séraphin Luzolo, arrêté depuis le 3 septembre 2013 pendant qu’il exécutait une mission commanditée par le député -une autorisation de sortie signée par l’antenne locale de l’ANR en faveur de son épouse- ainsi que celles des personnes qui l’accusent de les avoir escroquées pour un voyage en Europe. L’élu a donc coupé le cordon ombilical avec sa base. Dès lors, il a fallu regarder la vérité en face.
Voici que l’élu MPCR de Boma a des œufs à peler avec certains de ses électeurs désabusés par son comportement. Voici que le contexte est de moins en moins favorable à ses sorties publiques dans la ville. Voici qu’il est devenu difficile de lui assurer la sécurité. «Donner autorisation de meeting à Phoba serait synonyme de jouer avec le feu, de préparer les conditions des émeutes dans la ville. Gouverner c’est prévoir, c’est savoir anticiper», justifie, pour sa part, un agent de la sécu à Boma.
Autant d’éléments explosifs et autant d’hypothèses qui ont suggéré successivement la prudence aux membres du Conseil urbain de sécurité de la ville de Boma et à l’autorité provinciale. A son tour, Mbadu a interdit le meeting pour prévenir toutes ces menaces qui exposent un élu fiché persona non grata. Pour avoir joué un rôle direct dans la préparation de son agression, Phoba n’a qu’une seule issue pour prétendre encore mener une vie paisible à Boma: réparer les préjudices causés aux témoins et aux personnes victimes dans l’affaire Ngulu.
YA KAKESA

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