SantéSociété

RDC: SOFEPADI lance la campagne «Parlons Protocole de Maputo»

La Solidarité féminine pour la paix et développement intégral -SOFEPADI- a lancé, samedi 14 août, la campagne médiatique «Parlons Protocole de Maputo». Cette campagne vise à vulgariser le Protocole à la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples relatif aux Droits de la femme en Afrique, adopté en 2003 dans la capitale du Mozambique. Il est le premier traité international juridiquement contraignant sur les Droits de la femme.

Malgré sa ratification sans réserves par la RD-Congo en 2008 et sa publication en mars 2018 au Journal officiel, le Protocole de Maputo souffre encore d’application dans le pays, notamment son article 14, 2.c qui autorise à la femme d’accéder à des services d’avortement sécurisé sous conditions. «Les Etats prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus», dispose notamment le Protocole de Maputo.

Des avancées médico-légales

Pourtant, dans les faits, les femmes n’ont toujours pas accès à l’information et aux services. Pour Maitre Arthur Matengo, expert au ministère du Genre, il est «absurde» que le Code pénal Livre II continue de criminaliser l’avortement sous toutes ses formes alors que la Constitution, en son article 215, reconnait la supériorité des traités et accords internationaux «régulièrement conclus» sur nos lois internes. «La ratification du Protocole de Maputo découle d’une étude assidue de notre législateur. Il n’est pas tombé du ciel et personne nous l’a imposé. Aujourd’hui, il n’y a plus à tergiverser. La loi est claire: le Protocole de Maputo est au-dessus de nos lois internes», soutient le juriste.

Pour sa part, Dr Delphin Katchelewa se réjouit des avancées médico-légales enregistrés en matière des «Soins complets d’avortement centrés sur la femme». Parmi ces avancées, il cite notamment l’élaboration des «Normes et directives de mise en œuvre des «Soins complets d’avortement centrés sur la femme» ainsi que la mise sur pied d’une feuille route. «Aujourd’hui, les Soins complets d’avortement centrés sur la femme, plus que des simples soins, sont un véritable concept dans le domaine de la santé», se félicite-t-il, poursuivant que, désormais, la femme a le choix de voir son médecin n’importe quand. Pour lui, le Protocole de Maputo renforce le Code de déontologie médicale et protège les prestataires. «Le médecin procède d’abord à des séances de counseling. Il peut par la suite offrir des soins non-nocifs», conclut le médecin.

Abordant l’importance de la Clarification des valeurs et transformation d’attitudes -CVTA-, Vanessa Mwika de «Si jeunesse savait» fait remarquer que le fait de ne pas parler d’avortement n’a pas baissé le taux d’avortement dans le pays. Les panélistes ont d’une seule voix appelé à la «fin de l’hypocrisie collective».

«La campagne lancée s’articulera autour de la production des émissions radio-télévisées et courra jusqu’en décembre prochain», épilogue Sandrine Lusamba, coordonnatrice de SOFEPADI. Elle est menée dans le cadre du projet «Makoki ya mwasi», un programme de l’ONG Ipas, financé par l’ambassade de Suède en RD-Congo. Il vise la domestication du Protocole de Maputo et l’amélioration de l’engagement des décideurs politiques et le renforcement de l’engagement communautaire.

En RD-Congo, les avortements clandestins demeurent un véritable problème de santé publique. C’est la deuxième cause de mortalité maternelle après les hémorragies.

Dandjes LUYILA

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page