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Un ultimatum de 48h adressé à Kabuya : le SG de l’UDPS répond par le chantage

«Je vais déposer ma démission auprès de qui?», a interrogé jeudi soir le Secrétaire général désavoué, promettant d’aller jusqu’au bout avec les contestataires et brandissant son pouvoir de sanctionner tous ceux qui ont participé à la rencontre de Boboto…

Certainement, l’UDPS/Tshisekedi est au bord de l’implosion. Le bras de fer se poursuit entre les protagonistes de la crise. Vomi par plusieurs structures et prié de rendre sa démission, le Secrétaire général Augustin Kabuya est loin de plier et s’avouer vaincu. Seulement 24 heures après son communiqué appelant les combattants et combattantes au calme, les secrétaires exécutifs du parti présidentiel sont revenus à la charge. Le jeudi 18 juillet, au cours d’un point de presse à Kinshasa, ils ont donné un ultimatum de 48 heures à l’actuel chef du parti, cumulant les fonctions de président ai et de secrétaire général ai, pour «présenter sa démission et quitter librement le poste du SG sans effusion du sang». Par conséquent, ils ont porté à la connaissance des sociétés de l’Union sacrée de la nation et des partenaires du parti présidentiel qu’à partir «de ce jour l’honorable Augustin Kabuya n’a plus qualité d’engager l’UDPS/Tshisekedi».

Pour la première fois, les frondeurs ont évoqué l’effusion de sang, signe qu’ils sont prêts à en venir aux mains avec le groupe de combattants pro-Kabuya. Dans la salle où se tenait la conférence de presse, on a vu et entendu les pro-Eteni et les représentants de tous les autres courants hostiles à Kabuya jubiler après l’annonce de l’ultimatum. La liste des griefs à charge du SG est longue comme le bras, mais ce que reprochent de nombreux cadres à Kabuya, c’est sa gestion trop autoritaire, trop centralisée et un manque de démocratie au sein du parti présidentiel. Il est également reproché à Kabuya le «clientélisme» et des « sorties médiatiques inopportunes, hasardeuses et non concertées» et son «absence de vision».

Épreuve de force

Réagissant à la crise qui secoue la formation politique et aux appels à son départ, Kabuya a pondu un communiqué le 17 juillet, invitant tous les cadres et militants de l’UDPS/Tshisekedi au calme, à la sérénité et à l’unité.

«En cette période cruciale de l’histoire de notre pays, le Secrétaire général faisant fonction de Président intérimaire du parti exhorte toute la base du parti à rester unie et à apporter l’appui nécessaire au chef de l’Etat dans sa lutte notamment contre l’agression et l’occupation d’une partie de l’Est de notre patrie par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23», lit-on dans ce communiqué.  Kabuya recommande aux uns et aux autres “le respect des textes du parti notre patrimoine commun”, avant de conclure: «J’en appelle à la vigilance de toutes les combattantes et tous les combattants car l’ennemi compte déstabiliser le parti et par ricochet le régime”.

Pas besoin d’un dessin pour comprendre que le Secrétaire général vomi n’entend pas lâcher prise et est prêt à engager une épreuve de force avec ses nombreux pourfendeurs. Quelques heures après la conférence de presse, il a eu ces termes pour répondre aux frondeurs réunis à Boboto. «Je vais déposer ma démission auprès de qui?», a-t-il interrogé, promettant d’aller «avec eux jusqu’au bout», affirmant même avoir le pouvoir de les sanctionner tous et laissant entendre qu’il a eu un entretien avec l’épouse de feu Étienne Tshisekedi, Marthe Kasalu, sans en dévoiler le contenu. A la menace des révolutionnaires, Kabuya a choisi de répondre par le chantage.

Avant l’installation de nouvelles institutions de la République, Kabuya, désigné informateur mais privé tour à tour du poste de Premier ministre puis de 1er vice-président du bureau de l’Assemblée nationale, avait prédit «les turbulences des institutions dans les jours à venir». Il s’était résolu de rester aux commandes du parti pour assurer la cohésion et l’unité à l’interne en vue de consolider le pouvoir de Félix Tshisekedi qui a débuté son second et dernier mandat constitutionnel en janvier dernier. Aujourd’hui, d’où vient que les querelles internes puissent gagner le parti et exposer ses dirigeants à la vindicte populaire?

«Si Félix Tshisekedi n’intervient pas pour éteindre le feu, l’UDPS vit ses derniers jours et risque de disparaitre au terme de son second mandat», prévient un analyste averti.

La situation actuelle à l’UDPS donne raison au philosophe allemand Hegel  qui a dit: «Toute civilisation -à l’exception de la toute dernière- contenait en elle-même les germes de sa propre destruction». Pas exagérer de dire que l’UDPS, où tout le monde se croit tout permis et pense avoir son mot à dire, a des germes de sa propre destruction. Les signaux ne trompent pas.

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