Le président de la République, Félix Tshisekedi, s’est exprimé mardi dans la capitale belge, où il était interné pour une hernie discale et a reçu les soins avec succès. Dans un entretien accordé à Christian Lusakueno de Top Congo Fm et Baudouin Amba Westhi de Congo indépendant, Tshisekedi a indiqué qu’il va observer un moment de convalescence et va rentrer le plus tôt possible au pays. Lors de cet échange, le Président a surtout accusé son prédécesseur, Joseph Kabila, de préparer une insurrection en République Démocratique du Congo. L’Alliance fleuve Congo -AFC- de l’ancien président de la Commission Electorale Nationale Indépendante Corneille Nangaa «c’est lui», a-t-il déclaré, mettant clairement en cause l’ancien président de la République.
À part les accusations contre Kabila, le Président a condamné la posture de Martin Fayulu à ne pas vouloir accepter les résultats de dernières élections, égratigné Katumbi, se félicitant de sa main tendue vis-à-vis de l’opposition, justifiant ainsi la présence de Constant Mutamba à la tête du ministère de la Justice dans le Gouvernement Suminwa. Évoquant les affaires financières qui défraient la chronique, il a déclaré que «les cadavres vont sortir véritablement des placards» et que le nouveau ministre d’État en charge de la Justice a cette mission.
Alors que Kinshasa et Kigali ont récemment signé un cessez-le-feu à Luanda en Angola, le Chef de l’État a réaffirmé sa position de ne jamais négocier avec le M23 qui, pour lui, est une coquille vide. Il a affirmé négocier avec le Rwanda pour qu’il lui dise clairement ce qui lui reste au en République Démocratique du Congo afin qu’il le lui rende. Tout en fustigeant l’attitude partisane du Président kényan, William Ruto, Tshisekedi a salué la maestria du président angolais, João Lourenço dont la bonne foi résiste à tous les assauts du doute.
Tshisekedi a également exprimé son désir de dialoguer directement avec le président rwandais, Paul Kagame, qu’il a qualifié de «criminel». «Ce que je veux, c’est discuter avec Paul Kagame, criminel de son état, pourquoi il tue dans mon pays», a-t-il ajouté, soulignant que son objectif n’était pas de négocier pour intégrer des combattants dans l’armée congolaise, mais plutôt de comprendre les motivations du Rwanda. «Ce n’est pas de négociation pour arriver au mixage des combattants dans l’armée. C’est ce que je veux discuter avec Paul Kagame». Selon Tshisekedi, c’est le Rwanda qui a sollicité le cessez-le-feu, et non la RDC. “C’est le Rwanda qui a demandé le cessez-le-feu, pas nous”, a-t-il affirmé.
Dans un autre registre, Tshisekedi a mis fin aux spéculations sur une éventuelle prolongation de son mandat, exprimant cependant son souhait de modifier certaines autres dispositions de la Constitution. «Regardez, la formation du gouvernement, les élections des bureaux au parlement. Pourquoi ça doit prendre du temps? Ce sont des choses comme ça qu’il faut changer», a-t-il expliqué. Il a également suggéré que les gouverneurs devraient être nommés par le gouvernement plutôt que d’être élus par les députés provinciaux. Son argument: «certaines élections locales cristallisent le tribalisme. On doit faire attention. Attention, je tiens à l’unité de la nation. J’en suis garant».
Tshisekedi a également fait part de sa satisfaction de voir que des affaires de corruption sont enfin mises en lumière dans le pays. «Je m’en réjouis parce que ça n’existait pas dans ce pays-là. Pourtant, des affaires, il y en a dans les casseroles. Et là, je suis déterminé», a-t-il déclaré. Il a clairement indiqué que son administration est prête à ouvrir les placards et y sortir les cadavres pour révéler l’ampleur de la trahison et du pillage subis par la République Démocratique du Congo.
Natine K.