François Rubota Masumbuko, ancien ministre du Développement rural, et l’entrepreneur Mike Kasenga Mulenga, patron du consortium Stever Construct-Sotrad Water, vont comparaitre en appel ce lundi 04 novembre à 09 heures à la Cour de cassation dans la commune de la Gombe. «La Cour de cassation siégera en matière répressive en appel lors d’une audience publique dans l’affaire RP 15/CR», indique l’extrait de rôle parvenu à «AfricaNews» samedi 02 novembre dernier.
François Rubota, libre provisoirement depuis quelques temps, et Mike Kasenga toujours détenu préventivement au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa -CPRK-, ex-prison centrale de Makala, sont poursuivis pour des soupçons de détournement de fonds publics et de surfacturation des forages dans le cadre des projets d’infrastructures pour des localités rurales. Cette affaire a été révélée au grand jour après une enquête de l’Inspection générale des Finances -IGF-, relayée par un rapport conjoint de l’Observatoire de la dépense publique et de la Ligue congolaise contre la corruption. Ce rapport dénonçait des pratiques douteuses, notamment une surfacturation massive sur des projets d’unités de pompage et de traitement d’eau.
Le contrat en question, signé entre le gouvernement RD-congolais et le consortium Devert Construct-Sotrad Water, prévoyait un budget de près d’USD 400 millions pour l’installation de 1.000 unités de pompage et de traitement d’eau dans différentes localités du pays. Selon des organisations de la Société civile, ces coûts seraient exagérément élevés, et certains projets n’auraient jamais vu le jour.
Nicolas Kazadi, principal auteur présumé de cette affaire, circule à l’air libre
Un autre acteur politique est visé dans cette affaire. Il s’agit de l’ancien ministre des finances, Nicolas Kazadi, qui fait l’objet d’une enquête pour son implication présumée dans ces affaires. Le 27 avril dernier, le Procureur général Firmin Mvonde avait émis un ordre auprès de la Direction générale de migration -DGM- pour interdire aux suspects de quitter Kinshasa. Cette mesure visait à s’assurer que toutes les personnes impliquées restent à la disposition de la justice et répondent de leurs actes. Néanmoins, l’ancien ministre des Finances avait réussi de quitter le pays pour y retourner quelques semaines après.
Dans les faits, le Procureur général de la République avait décelé les indices de surfacturation. «Ayant relevé que le coût retenu dans le contrat précité était très élevé, le ministre des Finances Nicolas Kazadi avait invité le ministre du Développement Rural, François Rubota Masumbuko, à négocier avec le consortium pour revoir à la baisse ledit coût», avait détaillé Firmin Mvonde dans sa correspondance adressée au bureau de la Chambre basse du Parlement.
Et d’ajouter: «suite à des négociations intervenues entre Mike Kasenga Mulenga et François Rubota Masumbuko, le consortium s’est engagé à augmenter le nombre des stations d’eau de 340 et de porter ainsi le total des unités à installer à 1340 sans diminuer le coût initial du contrat». A en croire Firmin Mvonde, bien qu’ayant constaté la surfacturation des forages, après les négociations, «le ministre des Finances, Nicolas Kazadi a reconnu, au cours du briefing de presse tenu par le ministre de la Communication et médias le mercredi 24 avril 2024, avoir payé la somme d’USD 71 000 000 pour l’installation de 241 stations d’eau, soit USD 294 605 8 par forage».