C’est une tache noire indéniable dans la gestion. Le ministère de la Santé publique est sommé de rembourser plus de 5 millions USD, au titre de dépenses non éligibles. En attendant, les décaissements de financements en provenance du Fonds mondial sont suspendus. Depuis fin septembre, cette organisation internationale, impliquée dans l’amélioration de la santé mondiale, a saisi le ministre Roger-Samuel Kamba pour lui signifier de l’expiration du délai de signature d’un «protocole de remboursement».
Pourtant, cet accord trainait sur la table de Kamba depuis décembre 2023, soit plus de neuf mois de lenteur administrative, au point d’énerver le Fonds mondial qui exige désormais un remboursement immédiat avant de procéder à tout autre décaissement en faveur de ce département gouvernemental. Au total, le bailleur réclame 5.121.726 dollars américains au gouvernement RD-congolais.
«Au regard des délais déjà encourus, nous vous informons que le Fonds mondial a pris la décision de suspendre tout décaissement à la Cellule d’administration et de gestion financière -CAGF-, récipiendaire principal des financements du Fonds mondial au ministère de la Santé tant que le remboursement attendu ne sera pas effectif», prévient Sonia Florisse, Country Portfolio Manager au Département des pays à fort impact – Afrique auprès du Fonds mondial.
Pour Kinshasa, c’est un sacré coup dur avec une décision qui «aura un impact significatif sur les activités des différentes subventions». Dans le secteur de la santé, le pays doit pourtant mobiliser 16 millions de dollars «pour mener les activités prévues d’ici la fin de l’année 2024». Ces fonds devraient provenir de trois subventions du Fonds mondial.
Une mal gouvernance aux conséquences néfastes
Selon des échos reçus de l’administration de la Santé publique, cette décision vient mettre en lumière les «problèmes de gestion financière qui gangrènent le pays», soulevant ainsi des questions cruciales sur les raisons de cette mal gouvernance dans un secteur aussi primaire que la santé, avec des «conséquences néfastes» sur la population.
Au sein du Secrétariat général, l’on espère une rectification du tir dans les plus brefs délais. Cette décision du Fonds mondial n’est pas sans effet induit. Elle occasionne en même temps le report des campagnes de distributions de moustiquaires de masse des provinces de Kwango et Sankuru prévues en fin 2024.
Ce report va priver plus de 6 millions de personnes d’une protection basique contre le paludisme. Aussi, la campagne de Chimio prévention du paludisme saisonnier -CPS-, prévue dans la province du Haut-Katanga en novembre 2024, devrait également être renvoyée aux calendes grecques. La lutte contre le VIH et la tuberculose va également être impactée avec l’annulation des différentes missions de supervision des programmes mais le report du nettoyage de la file active VIH, des activités de recherche des cas de tuberculose ainsi que des activités du projet Financement direct des formations sanitaires -DFF. Déçu d’en arriver à cette mesure forte, le Fonds mondial s’est retrouvé dos au mur face à une gouvernance «très peu orthodoxe» et aux antipodes de ses procédures internes.
DL