Moïse Katumbi a abattu ses cartes. Sa stratégie d’occupation du terrain médiatique a bien fonctionné. Depuis quatre jours, il est au cœur de l’actualité politique au pays. Il a bien exploité la persécution dont il fait l’objet ces derniers jours, notamment les pressions sur la justice pour lui priver des ressources financières nécessaires à la campagne électorale dénoncées par le juge Laurent Batubenga et le refus de l’ANR de lui accorder l’autorisation de survoler le pays, pour annoncer sa candidature à la présidentielle de 2023. Ses adversaires ont évoqué un non-événement mais ont multiplié commentaires et critiques pendant tout le week-end, trahissant une sorte d’angoisse…
Dans cette stratégie agressive déployée entre le message du «gendarme» Joe Biden aux six dirigeants africains, dont son désormais rival Félix Tshisekedi, reçus à la Maison Blanche et sommés d’organiser, l’année prochaine, les élections «libres, justes et crédibles» et le tweet où il loue l’«engagement pour la bonne gouvernance en Afrique» du «frère» milliardaire et homme de puissants réseaux Mo Hibrahim, rencontré à Doha avant la finale du Mondial 2022 organisé par le Qatar.
Katumbi, l’ami des puissants, a tout de suite précisé la cause pour laquelle il a décidé de descendre dans l’arène: «Guidé par la volonté de servir les Congolais, j’ai décidé de quitter l’Union sacrée & présenter ma candidature à l’élection présidentielle. Je veux bâtir un État juste, une République exemplaire où chacun pourra vivre en sécurité & dans la dignité, par le fruit de son travail». Cette ambition affichée sur Twitter le 17 décembre a été précédé d’un autre désir noble dévoilé à RFI et France 24 un jour plus tôt: «Sauver un peuple en danger, reconstruire l’armée et la sécurité du pays, créer des emplois et refaire les infrastructures».
Brandissant son bilan la tête de l’ancienne province du Katanga, faisant valoir son expertise et sa vision, l’ancien gouverneur attend d’être investi par son parti, Ensemble pour la République, convoqué en congrès à partir de ce lundi 19 décembre à Lubumbashi. Des centaines de personnes venues de toutes les fédérations d’Ensemble pour la République vont prendre part à ces travaux qui constituent un tournant historique pour cette formation qui demande à tous laisser les urnes parler.
Natine K.