Deux structures rattachées à la Présidence de la République constituent des instruments stratégiques et techniques pour le pays contre la fuite des capitaux via la traque des auteurs des crimes de prévarication.
Il s’agit, d’une part, de l’Inspection générale des Finances -IGF- créée par l’ordonnance numéro 87-323 du 15 septembre 1987, puis relancée par le Président Félix-Antoine Tshisekedi en juillet 2020 avec la nomination de l’actuel Inspecteur général chef de service, Jules Alingete. Et d’autre part, de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption -APLC- mise en place en 2020 par Félix Tshisekedi pour faire front commun avec l’IGF dans l’exercice de leurs missions quasi similaires.
Alors dotées toutes deux des moyens aussi matériels que financiers conséquents, sur le terrain cependant, le jeu ne se joue pas de la même manière. L’une se démarque, et l’autre s’embourbe. Parlant de l’IGF, cette structure dispose d’une compétence générale en matière de contrôle des finances et biens publics. Elle vérifie et contrôle notamment toutes les opérations financières de l’Etat et organismes paraétatiques ainsi que des organismes ou entreprises de toute nature bénéficiant du concours financier de l’État.
Doté d’un chef formé comme inspecteur des finances, ce service a, depuis sa réactivation, résolu de prendre en charge un certain nombre de dossiers d’allégations de détournements des deniers publics. Il s’agit de dossiers ayant suscité la curiosité de tous, entre autres la gestion des fonds destinés à la gratuité de l’enseignement de base; la gestion de certaines entreprises publiques; et le dossier relatif au projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, encore entre les mains de la justice. Certes, avec l’IGF, des améliorations ont été constatées dans plusieurs secteurs depuis le déclenchement de la lutte contre la mauvaise gouvernance.
Fort du travail abattu, l’on assiste à une réduction sensible des détournements des fonds publics devenus un sport prisé par certains gestionnaires, mais aussi à certaines condamnations judiciaires enregistrées à la suite d’une mission de contrôle de l’Inspection générale des Finances.
Parmi ses nombreuses prouesses, l’IGF a réussi à faire arrêter puis condamner un inspecteur général de l’Enseignement primaire et secondaire, et un directeur du Service de contrôle et de paie des enseignants -SECOPE- pour des faits de détournements.
Plusieurs autres gestionnaires des services publics et mandataires sociaux ont été inquiétés, arrêtés ou relevés de leurs fonctions grâce aux rapports de l’IGF relatifs à la mauvaise gestion avérée. D’autres gestionnaires pris en flagrant délit ont été contraints de rembourser les fonds publics en voie de détournement.
À côté de ce service dirigé par Jules Alingete se trouve l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption -APLC- qui fait preuve d’un bilan maigre et accuse des signes d’inefficacité sur le terrain. Selon un état des lieux, l’APLC n’a bouclé aucune affaire parmi tous les dossiers qu’elle a initiés devant les Cours et Tribunaux. Autant dire qu’aucun rond n’a pu être ramené dans le compte du Trésor public jusque-là, du fait que tous les dossiers restent pendants, tandis que cette agence revendiquait avoir initié 36 dossiers de détournement dont 26 de détournements des deniers publics et 7 de coulage des recettes de l’Etat. Les causes de cet immobilisme seraient sans nul doute ailleurs.
De l’avis de certains observateurs et experts dans le domaine anti-fraude, il se pose un sérieux problème de leadership à la tête de l’APLC. Pour ces compatriotes avertis, bien que soutenue par une volonté politique réelle du Président de la République, l’APLC est en train de faillir à sa mission mais brille plutôt dans la traque et rançons des mandataires au profit de ses propres animateurs. Cette agence serait aussi à l’origine de beaucoup de scandales signalés ça et là.
À titre d’illustration, cette structure a été citée dans le dossier Access Bank dont le Directeur général a été retenu jusque tard dans son bureau, puis libéré contre 30.000 dollars. Dans ce dossier qui a fait écho au niveau de la justice, certains hauts responsables de l’APLC ont été interpellés par le Parquet général de Kinshasa/Gombe, mais le dossier est resté sans suite. Ce n’est pas tout.
L’APLC aurait aussi signé un scandale en acceptant d’être utilisée par une structure contre les responsables de la Direction générale des recettes de Kinshasa -DGRK-, ce qui ne relève pas, selon les analystes, de ses compétences. «Cette agence qui bénéficie des moyens financiers colossaux de la part de la présidence de la République et d’autres partenaires est devenue en réalité un gouffre budgétaire, où des agents et cadres se remplissent les poches gratuitement sans gêne. Alors qu’au regard de ses nombreuses missions, l’APLC devrait travailler durement pour réaliser des résultats palpables qui devaient servir d’arguments pour remonter la côte de popularité du Chef de l’Etat dans l’opinion», a décrié un expert, qui ne s’est pas interdit d’évoquer l’initiative remarquable de Paul Biya du Cameroun qui a largué l’opération «Épervier» ayant permis de traquer tous les detourneurs des deniers publics de son pays.
En somme, il est grand temps pour Félix-Antoine Tshisekedi de restructurer l’APLC en y plaçant des animateurs qualifiés qui ont fait des écoles de lutte contre la fraude et la corruption, capables de poursuivre avec dévouement et patriotisme tous les auteurs des crimes de prévarication.
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