La CENI priée de préciser le nombre de BVD qui ont ouvert le 20 décembre 2023 et ceux qui ont ouvert après cette date, en informant aussi sur le nombre de DEV et bulletins qui y ont été utilisés…
La Mission d’observation électorale conjointe de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO- et de l’Église du Christ au Congo -ECC- a livré, jeudi 28 décembre à Kinshasa, ses conclusions préliminaires pour les scrutins combinés du 20 décembre en RD-Congo, saluant les efforts de la Commission Électorale nationale indépendante -CENI-, en dépit «de cas de violences, des arrestations, de l’interdiction d’accès à certains bureaux de vote et de dépouillement -BVD-…» dont ont été victimes les 25.000 observateurs déployés sur l’étendue du territoire nationale.
Malgré ces difficultés, les observateurs de la CENCO et de l’ECC ont pu documenter «de nombreux cas d’irrégularités susceptibles d’affecter l’intégrité des résultats de différents scrutins, en certains endroits». Face à ces irrégularités, les deux principales Églises du pays ont invité la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, la Cour constitutionnelle et les autres instances judiciaires compétentes «à tirer, en toute responsabilité, toutes les conséquences qui s’imposent, en fonction de l’incidence sur la base des calculs des résultats pour le scrutin concerné, avant de proclamer respectivement les résultats provisoires et définitifs de différents scrutins». Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle d’une bonne frange de l’Opposition qui appelle de toutes ses forces à l’annulation des scrutins combinés, étalés sur plusieurs jours, en violation flagrante des Lois, et émaillés de plusieurs irrégularités.
Mardi dernier, le ministre de la Communication et des médias a tenté de «minimiser» ces irrégularités, doutant de leur impact sur l’issue de la présidentielle. Patrick Muyaya a, entre autres, évoqué la possibilité pour la CENI d’annuler les scrutins dans certaines circonscriptions. Pas suffisant selon l’Opposition, attaché au principe sacro-saint de droit qui soutient que la «fraude corrompt tout» -Fraus omnia corrumpit.
Pour la MOE CENCO-ECC, la CENI devrait «préciser le nombre de BVD qui ont ouvert le 20 décembre 2023 et ceux qui ont ouvert après cette date, en informant aussi sur le nombre de DEV et bulletins qui y ont été utilisés régulièrement». Ceci, dans le but de «rassurer les différentes parties prenantes» car, ont estimé les Cathos et les protestants, l’acceptation des résultats passe aussi par le respect des dispositions pertinentes de l’article 71 de la Loi électorale. Sans cela, ces deux églises craignent de voir les résultats ne pas être acceptés par le public, mettant ainsi en mal la paix, la cohésion et la stabilité en RD-Congo.
La CENCO et l’ECC, qui ont effectué un comptage parallèle de voix -PVT- ont exhorté la Centrale électorale à «ne publier les résultats provisoires que sur la base des résultats consolidés de tous les Centres locaux de compilation des résultats -CLCR. Grâce au PVT, la MOE CENCO-ECC a constaté cependant «qu’un candidat s’est largement démarqué des autres avec plus de la moitié de suffrages à lui seul». Une recommandation bafouée par les médias proches du pouvoir, qui ont annoncé jeudi la victoire de Félix Tshisekedi, alors que la CENI avait parlé, sans le citer d’un candidat qui avait distancé les autres. En réaction, le camp de Katumbi a aussi revendiqué le sacre de son champion! Le régulateur des médias devrait apprécier.
Écarts de voix entre PV électronique et bulletins physiques
Dans un autre registre, les observateurs de deux Eglises les plus influentes et les mieux implantées au pays, se sont réjouis de «la détermination des électeurs qui se sont mobilisés pour accomplir leur devoir civique, en dépit de différents incidents observés dans les centres et bureaux de vote».
Parmi les faits inquiétants relevés par la MOE CENCO ECC, l’implantation des BVD dans les lieux prohibés par la loi, notamment les écoles et académies militaires ou encore les lieux de culte et les QG des formations politiques. Ces observateurs ont également déploré des «écarts entre les bulletins sortis de l’urne et la fiche des résultats issus de DEV» et des «achats de vote». Plusieurs centres de vote étaient inexistants, selon le rapport préliminaire de la MOE CENCO ECC. Aussi, des agents électoraux ont-ils été interdits d’accès ou expulsés de certains bureaux de vote. A cela s’ajoutent les cas des bureaux saccagés et incendiés, des dysfonctionnements du DEV, des intimidations et/ou harcèlement… Dans ce capharnaüm que le Cardinal Ambongo a qualifié de «gigantesque désordre organisé», plusieurs personnes ont été arrêtées ou blessées, selon le rapport CENCO-ECC.