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Les patrons du foot libérés sous caution

Interpellé mardi 17 avril 2018 pour détournements présumés des fonds publics alloués au football, le président de la Fédération congolaise de football -FECOFA-, Constant Omari, a été relâché après 24 heures de détention au parquet de Matete. Détenus concurremment avec ses deux vice-présidents, Roger Bondembe, chargé des finances, et Théobald Binamungu, chargé des équipes nationales, ainsi que le secrétaire général aux Sports, Barthélémy Okito, Omari a provisoirement recouvré sa liberté pour des raisons de santé. Ses compagnons ont quant à eux été relaxés jeudi 19 avril 2018, sous caution, «un million de francs congolais» soit 625 dollars, selon Me Emmanuel Kande, avocat de la défense, qui a livré l’information à la presse.
Ces interpellations résultent des enquêtes diligentées depuis début avril par les Officiers de police judiciaire -OPJ- rattachés aux services du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le terrorisme, Luzolo Bambi.
Un lot de documents a été mis à la disposition du Procureur général près la Cour d’appel de Matete qui, en dépit de la libération des auteurs présumés de détournement, continue des instructions à ce sujet.  Après 48 heures de tempête, Omari, Okito, Bondembe et Binamungu restent encore à la disposition de la justice en attendant que lumière soit faite. Au Parquet, les quatre personnalités ont nié en bloc les accusations de détournement, soutenant que la somme d’un million de dollars sollicitée pour l’organisation des matches des Léopards A, U20 et U17 n’a jamais été décaissée. «Le dossier est vide», ont affirmé les avocats des accusés.
Aux aguets depuis l’annonce de l’interpellation du quatuor, l’opinion attend connaître les conclusions de ces instructions. Elle redoute cependant que l’affaire soit placée aux placards par le Parquet à l’instar de trois précédentes initiées par les services de Luzolo Bambi. «Nous espérons que le Parquet ne va pas sacrifier le droit pour le beefsteak», a laissé entendre un passionné du foot. En attendant les conclusions, le SG aux Sports et loisirs, Barthélémy Okito, a plaidé non coupable, expliquant que sa tâche se limite à la gestion de l’administration. «Je ne gère pas les fonds publics décaissés en faveur des fédérations sportives. Je ne suis pas non plus l’ordonnateur, encore moins le bénéficiaire», a-t-il souligné, évoquant son rôle de renseignant dans cette affaire et fustigeant le fait que toutes les fédérations reçoivent les fonds sans jamais justifier leur affectation.
 
Attitudes démesurées de la LINAFOOT et LIFKIN
Pour marquer son soutien et compatir à l’interpellation des responsables de la FECOFA, la commission de gestion de la Ligue nationale de football -LINAFOOT-, nommée en début de saison par la Fédé, a levé mercredi 18 avril l’option de suspendre le championnat national jusqu’à nouvel ordre. Quelques minutes après, la Ligue de football de Kinshasa -LIFKIN-, emboîtant les pas à la LINAFOOT, a aussi décidé de suspendre le championnat provincial de Kinshasa. Aussitôt Omari libéré, la LINAFOOT a fait une honteuse courbe rentrante pour annoncer la réouverture du championnat. «La commission de gestion a pris acte de la libération du président de la FECOFA, Constant Omari… Elle autorise la reprise de ses activités sur l’ensemble du territoire national», a déclaré la LINAFOOT dans un communiqué publié dans la soirée du mercredi 18 avril.
Dans l’opinion, les réactions de la LINAFOOT et de la LIFKIN ont été perçues comme démesurées. Certains observateurs ont fait remarquer que quand Blatter, alors président de la FIFA, a été interpellé, l’institution suprême du football mondial n’a pris aucune mesure allant dans le sens de suspendre ses activités pour n’importe quel motif. L’UEFA non plus n’avait pas ordonné la suspension de ses activités ou compétitions à l’époque où son président Michel Platini, a été interpellé et placé en garde à vue par la justice. «La LINAFOOT et LIFKIN ont voulu faire entrave à la justice», ont-ils constaté.

Laurent OMBA

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