La Loi Tshiani viserait-elle Moïse Katumbi intuitu personæ? Oui, à scruter les propos du député national qui porte cette proposition de Loi à l’Assemblée nationale. Reçu le weekend passé sur le plateau d’une télé kinoise, le député Nsingi Pululu a évoqué le caractère impersonnel de la loi, réputée concerner chacun et ne désigner personne en particulier, de manière nominative. Mais, il a trahi de manière presqu’involontaire le jeu de son camp politique, l’Union sacrée, en citant nommément Moïse Katumbi, disant clairement que c’est lui la cible, la personne à écarter de la course.
«J’ai beaucoup de respect pour Katumbi mais j’ai mal pour lui. Il est en train de se faire escroquer», a-t-il dit sans détours, faisant allusion à l’impossibilité pour le président d’Ensemble pour la République à briguer la magistrature suprême au cas où la Loi Tshiani est adoptée. L’hypothèse est d’ailleurs unique selon Nsingi Pululu pour qui le seul obstacle à l’adoption de cette Loi aux allures ségrégationnistes reste le temps.
«La Loi est déjà passée», a-t-il affirmé, sous-entendant que le reste du processus n’est que formalité. De quoi susciter des interrogations sur le rôle même du débat démocratique au Parlement RD-congolais. «C’est grave d’affirmer qu’une loi est adoptée avant même qu’elle ne soit débattue en plénière, encore moins en commission», a regretté un député membre de l’Union sacrée, opposé à cette proposition de Loi.
Nsingi Pululu, quoi que législateur, a clairement décidé de fouler aux pieds les Lois de la République en qualifiant de «demi-Congolais», tous ceux dont l’un des parents n’est pas RD-Congolais. Ce concept, non repris dans l’arsenal juridique du pays, énerve.
Dans sa démarche tendant à endoctriner son esprit d’apartheid, Nsingi Pululu, prénommé «Cerveau», n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur Christian Mwando, cadre du parti de Katumbi, loin de toute courtoisie et de bon sens. «Il n’a ni qualité, ni moyens, ni force, ni sagesse, ni intelligence», a-t-il proféré, indexant celui qui avait alerté sur le risque de balkanisation encouru avec la Loi Tshiani.
Repris par le journaliste après ces attaques, le député pro UDPS a tenté tant bien que mal de camoufler ses invectives contre son collègue. Le péché de Mwando est d’avoir enfilé le costume de lanceur d’alerte pour appeler à la sagesse du Président de la République face au danger d’implosion de la Nation.
Discours de haine et séparatiste
Le débat autour de la proposition de Loi Tshiani prend des allures dangereuses. Dans la même vidéo, Nsingi a fait de la stigmatisation, créant une classe de «sous-Congolais». Adoptant la ruse de la souris, soufflant le chaud et le froid, il a fait en même temps un procès aux Katangais qu’il étiquette peuples de «basse classe» et les accuse d’avoir tué Moïse Tshombe, Patrice Lumumba, Simon Kimbangu, Katumba Mwanke et Samba Kaputo.
«Si le Congo souffre, c’est à cause du Katanga», a tempêté l’élu de Lukunga à Kinshasa. Ce discours amer passe mal dans l’opinion et n’est pas sans réveiller des velléités séparatistes. Depuis le début de la saga «Loi Tshiani», plusieurs voix alertent sur les méfaits de cette proposition alignée dans l’agenda de mars à l’Assemblée nationale. Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, a également averti sur les venins de la division contenus dans cette loi, fruit de l’irresponsabilité politique, qui menace toute la nation.
Selon des spécialistes de la géopolitique RD-congolaise, le «discours séparatiste» de Nsingi Pululu à la télévision, devenu viral sur les réseaux sociaux, est de nature à jeter de l’huile au feu dans une période charnière de l’histoire de la RD-Congo.