Le briefing hebdomadaire du lundi 18 octobre 2022 a pris en compte les principales délibérations de la dernière réunion du Conseil de ministres présidée par le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi, mais avec un accent particulier sur l’avant-projet de loi modifiant et complétant la loi n° 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse en RD-Congo. Ce texte, on le sait, a été adopté vendredi par le Conseil de ministres. «Dans cette loi, il est prévu que le gouvernement accorde des subventions aux médias, mais pas aux médias qu’il ne connaît pas. Lorsque je parle de la connaissance de médias, ici, c’est au sens administratif du terme. Les médias doivent être connus du ministère, ils doivent bénéficier des avis favorables des récépissés et remplir toutes les conditions qui sont exigées pour qu’on arrive à cette fin», a expliqué le ministre Patrick Muyaya en réponse à une question d’un journaliste lors du briefing hebdomadaire qu’il a animé lundi à Kinshasa.
Et de poursuivre: «aujourd’hui, nous avons bouclé le processus de l’assainissement du secteur de médias. Il est juste question que nous décidions de la fermeture de certains. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour ce faire, parce que, malheureusement, nous serons obligés d’y arriver».
Cette affirmation du ministre de tutelle porte à croire qu’en RD-Congo, certains médias n’existent que de nom, sans avoir aucune existence légale. Ce à quoi le ministre en charge de la Communication et Médias voudrait apporter une correction. Comme pour enfoncer le clou de sa détermination à apporter une thérapie de choc dans ce secteur, «le besoin qu’il y a et c’est ce que nous avons dit aux états généraux de la Communication et médias, c’est de nous regarder dans les yeux et de nous dire: est-ce que cet environnement de foisonnement de médias nous permet d’évoluer d’une manière économiquement viable? De quoi vivent les médias? Quelle est la marge bénéficiaire? Quel est le marché publicitaire dont les médias disposent ici»?
Et de répondre lui-même: «il est étroit», ajoutant que les médias souffrent aussi du contexte général de pauvreté dans lequel se trouve le pays. «Lorsque nous allons sévir, il ne faut pas que les gens considèrent que nous sommes en train de brimer l’exercice de la liberté de presse. Au contraire, nous sommes en train de l’encadrer pour être sûrs que lorsque nous déciderons de donner des subventions aux médias, qu’on soit à mesure de les lister», a-t-il prévenu. Et de renchérir: «on sait qu’il y a 100, on va donner à 100, mais lorsqu’il y a 260, le partage devient compliqué».
A propos de certains journalistes qui profitent de leurs organes de presse pour insulter, le ministre Patrick Muyaya a été catégorique. Partant des propos injurieux tenus contre le Docteur Mukwege par un journaliste, le ministre de la Communication et Médias s’est fait fort de décourager cette culture d’insulte qui n’honore pas le métier. «C’est extrêmement choquant la passivité avec laquelle on converse aujourd’hui. Je me demande ce qui reste encore de la fondation de notre éducation», s’est-il interrogé.
Toujours concernant les dérapages de certains professionnels de médias, «le gouvernement se montre encore réticent à l’adoption d’un texte sur la dépénalisation des délits de presse. La dépénalisation du délit de la presse devient aujourd’hui hypothétique. Lorsque nous tous nous devons regarder les médias et certains journalistes aujourd’hui, je suis désolé, je ne sais pas s’ils le sont véritablement mais lorsque vous regardez leur prestation, vous vous posez des questions. C’est comme si eux-mêmes devenaient, je ne sais pas dire, des opposants. Mais tout ça ce sont des dérapages, évidemment les insultes, en aucune manière, le gouvernement ne peut les tolérer», a indiqué le patron de la Communication et Médias, indigné. Bien plus, «que ce soit le Docteur Mukwege ou un quidam dans la rue, personne ne doit être insulté». Quoiqu’ayant fait une part à la loi qui concerne les journalistes, le briefing du lundi 17 octobre a également abordé d’autres sujets importants qui préoccupent les RD-Congolais. «Quant à la récupération annoncée de Bunagana, les choses vont pouvoir aller vite, car les forces de la Communauté de l’Afrique de l’Est seront bientôt là», a rassuré l’orateur.