Au terme de l’Arrangement particulier signé fin avril par les forces politiques et sociales signataires de l’accord du 31 décembre 2016, le poste de président du Conseil national de suivi de l’accord -CNSA-, initialement destiné à Etienne Tshisekedi avant sa mort, ne reviendra pas nécessairement à une personnalité du Rassemblement. Vendredi 12 mai, le Président Kabila a appelé les signataires à présenter les listes de leurs candidats membres de cette nouvelle institution d’appui à la démocratie. Alors que la désignation du président du CNSA doit se faire par consensus, l’appel de Kabila relance la course à ce poste dont Vital Kamerhe, Joseph Olenghankoy, Eve Bazaiba et Fidèle Babala passent pour les favoris.
Joseph Olenghankoy est le président du Conseil des sages de l’aile du Rassemblement qui a présenté Bruno Tshibala au poste de Premier ministre. Il avait déjà entamé la campagne avec la lourde charge de rassembler son camp, éclaté par les divisions et les dissensions avec l’existence d’une direction concurrente animée par le duo Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi, qui a boudé et qualifié de forfaiture la signature de l’arrangement particulier. Pas sûr que sa tâche soit aisée alors même qu’il s’agit de l’unique chance pour le Rassemblement. Reste qu’il a joué un grand rôle dans la mise en place du gouvernement Tshibala, où il a pu placer son jeune frère, le député Emery Okundji, pour avoir signé, en compagnie de Jean-Pierre Lisanga promu ministre d’Etat en charge des Relations avec le Parlement, l’arragnement particulier pour le compte du Rassemblement, sous les applaudissements nourris de l’assistance.
La guerre des clans au sein du Rassemblement risque de faire les affaires de Vital Kamerhe. Egalement en campagne depuis un certain temps, le président de l’UNC met en avant sa participation tour à tour au dialogue de la Cité de l’Union Africaine et du Centre Interdiocésain, “dans le souci de donner une chance à la paix et de rechercher davantage d’inclusivité pendant la transition”. Ancien président de l’Assemblée nationale, très actif dans les précédents dialogues organisés en faveur de la paix en RD-Congo, arrivé troisième à l’issue de la présidentielle de 2011 et à la tête de la troisième force de l’Opposition à l’Assemblée nationale, Kamerhe a le défi d’exorciser les démons qui le hantent depuis la nomination de Samy Badibanga, qui lui avait été préféré au poste de Premier ministre issu de l’accord du 18 octobre 2016, ne l’ont pas lâché après la formation du gouvernement Tshibala, où il ne compte qu’un seul lieutenant. D’avoir réuni ses troupes pour annoncer qu’il ne fait du partage des postes une fixation est un signal fort envoyer à la Majorité présidentielle, invitée d’apprécier ce geste de fair-play.
Face à la carte Kamerhe, le Front pour le respect de la Constitution -FRC-, plateforme composée par le MLC de Jean-Pierre Bemba et des partis alliés, affiche clairement ses ambitions et réclame d’occuper la présidence du CNSA. Dans le groupe, deux personnalités sortent du lot. Il s’agit de la Secrétaire générale du MLC, Eve Bazaiba, la seule femme annoncée dans la course, et du député MLC Fidèle Babala, l’oeil et l’oreille de Jean-Pierre Bemba condamné par la CPI dans l’affaire de subornation des témoins. Une boule puante susceptible de compromettre les chances du véritable numéro 2 du MLC, celui-là qui a apposé sa signature sur le document de l’arrangement particulier pour le compte du boss incarcéré à La Haye. De l’avis de certains observateurs, confier la direction du CNSA au Front aurait l’avantage de départager la Majorité présidentielle servi avec Kabila et le Rassemblement qui occupe la Primature.
AKM

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