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Kalev: le film de la perquisition inique de sa résidence

Des sources judiciaires ont confié aux avocats que l’Avocat général Robert Kumbu a été, depuis le 9 mars à l’issue d’une réunion, dépossédé du dossier lié à l’AG honoraire de l’Agence nationale de renseignements…   

Jeudi 10 mars, à partir de 6h, médias et réseaux sociaux font part d’une alerte donnée par l’Administrateur général honoraire de l’ANR, Kalev Mutondo, selon laquelle des policiers lourdement armés ont encerclé sa résidence de Ma Campagne, quartier Joli Parc, avant de repartir quelques heures plus tard. Certains internautes publient des démentis, qui n’ont, en réalité, rien à voir avec les faits. Dans la journée, les réseaux sociaux relaient un message de Kalev Mutondo relatant, cette fois-là, le film complet de l’opération.

Des éléments de la Police nationale venus de nuit, conduits par un galonné PNC, ont bel et bien perquisitionné sa résidence qu’il en partage avec sa fille, la députée nationale Isabelle Ihemba Kayombo.

«Des policiers lourdement armés, venus à bord de trois Jeeps de la PNC, et conduits par le Général Egwake, ont encerclé complètement, vers 3h00 du matin, de ce jeudi 11 mars 2021, ma Résidence de Binza/Ma Campagne, sise avenue Ma Campagne, numéro 24, Quartier Joli Parc, dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa; domicile qui sert en même temps de résidence pour ma fille, Isabelle Ihemba Kayombo, qui est députée nationale. Et, vers 5h00, ils ont présenté à cette dernière deux mandats, l’un de perquisition, l’autre d’amener, tous signés le 10 mars 2021, toujours et encore par le même magistrat, l’Avocat général Robert Kumbu Phanzu, déjà récusé par moi-même, le 8 mars 2021, par ma lettre réceptionnée au Parquet général de Kinshasa/Gombe le même jour!», relate l’AG honoraire de l’Agence nationale de renseignements, convoqué par le Parquet à la suite d’une douzaine de plaintes déposées contre lui par des personnalités politiques et des activistes des droits de l’homme.

Puis: «Ma fille a donc accepté d’accompagner ces policiers perquisitionner dans mon grand bureau privé derrière, dans tous les véhicules, dans la grande maison, et dans les deux résidences secondaires, contiguës à celle principale. Les policiers se sont comportés correctement, et n’ont emporté aucun bien ni objet. Ils ont néanmoins refusé de laisser les copies de ces deux Mandats». Puis encore: «Mes avocats sont présentement au Parquet, d’abord pour retirer les copies des deux Mandats précités, ensuite pour savoir si le Procureur général a daigné réserver une suite à ma lettre du 6 mars 2021, récusant le Magistrat Instructeur, conformément à l’Article 59, de la Loi organique portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’Ordre judiciaire».

Sur place au Parquet, les avocats apprennent des sources judiciaires que le magistrat Robert Kumbu a été effectivement déchargé du dossier Kalev depuis le 9 mars à l’issue d’une réunion, soit 24 heures avant la mission nocturne chez le haut fonctionnaire, sur décision de sa hiérarchie. La perquisition de la nuit dernière a des allures iniques se convainquent les envoyés de Kalev, fondés d’interroger «comment un magistrat récusé et déjà dépossédé d’une affaire judiciaire peut-il poser des actes dans un dossier qu’il n’a plus».

L’expédition a de quoi conforter Kalev Mutondo dans la dénonciation d’une procédure qu’il juge abusive et politiquement motivée. De quoi donner un crédit total à la thèse du complot récemment soutenue par les avocats de l’ancien patron des services de renseignements. Dans un communiqué de presse publié mercredi, Maitres Gilbert Makanzu et Clément Tshitembo disent leur «regret de constater qu’au stade actuel de la procédure, le traitement au Parquet général de Kinshasa/Gombe d’un dossier qui se voulait judiciaire, est caractérisé par une violation flagrante de la Loi et même de la Constitution, attestant ainsi de l’existence d’une manipulation de cette procédure par les plaignants et les commanditaires». Dans la mesure où, affirment-ils, trop d’indices la font apparaitre comme une cabale destinée «à faire taire, à neutraliser, voire détruire un homme considéré comme adversaire politique».

Kalev assure ne pas vouloir défier la Justice du pays, à laquelle il est profondément attaché et soumis. Il entend «donc collaborer totalement et entièrement pourvu que cette justice demeure impartiale et équitable, telle qu’elle est prévue, définie et proclamée par la Constitution, les Lois et les Règlements de la République».

Tino MABADA

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