Ni ministre de la Fonction publique, ni ministre de la Santé publique, encore moins ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale ou Inspecteur du travail, le Secrétaire exécutif du Bureau de coordination et de suivi du Programme sino-congolais s’est étonnement mêlé à la gestion de la grève du personnel de l’hôpital du Cinquantenaire dont il a reçu et menacé une délégation mercredi 20 juillet 2016.
Pendant ce temps, dans un droit de réponse transmis à AfricaNews, l’ancien ministre d’Etat en charge ITPR n’a pas osé placer un seul mot sur l’argent reçu des Indiens… Un silence révélateur La persistance de la grève du personnel de l’hôpital du Cinquantenaire soulève un certain nombre d’interrogations sur le rôle ambigu et très suspect joué dans cette ténébreuse et délicate affaire de la levée des boucliers des blouses blanches par Moïse Ekanga Lushima, Secrétaire exécutif du Bureau de coordination et de suivi du Programme sinocongolais, hôte mercredi 20 juillet d’une délégation des grévistes. Les activités à l’hôpital du Cinquantenaire restent paralysées à la suite du débrayage des médecins et paramédicaux.
Le même mercredi 20 juillet, le ministre de la Santé publique, Félix Kabange Numbi, a reçu dans son cabinet de travail, une délégation des manifestants venus dénoncer les mauvaises conditions de travail et les violations répétées du Code du travail par le gestionnaire indien, Dr Rahman Hazeeb, l’initiative de l’entretien, mais il a cependant consenti de les recevoir étant donné qu’ils avaient déjà effectué le déplacement de son bureau.
Pourtant, certaines indiscrétions non confirmées, mais pas non plus infirmées, laissent entendre qu’un médecin employé de l’hôpital et proche parent du Secrétaire exécutif du Bureau de coordination et de suivi du Programme sino-congolais a été à la manœuvre. Et c’est bien lui qui a fait part à ses collègues du coup de fil de la secrétaire de Moïse Ekanga.
Selon les propos recueillis auprès de quelques invités du Secrétaire exécutif, Moïse Ekanga a clairement affirmé que le problème de l’hôpital du Cinquantenaire est juste un conflit entre le ministère entre le gouvernement RDcongolais et la firme indienne confient plusieurs sources recoupées. Ayant réceptionné le cahier des charges des protestataires, le ministre de la Santé les a invités à reprendre le travail afin que l’hôpital reste toujours opérationnel, même au moment des négociations.
Joint au téléphone le même jour, Félix Kabange a précisé avoir rappelé aux grévistes que le contrat de 25 ans signé Padiyath Health Care prévoit des évaluations annuelles pour les 5 premières années et qu’il sera procédé incessamment à l’évaluation de l’exercice 2016, suivie de la nomination des animateurs des organes de gestion. Pour leur part, les contestataires ont pris l’engagement de reprendre le travail, à l’unique condition d’être rassurés qu’ils ne seront pas de la Santé et le Dr Rahman Hazeeb.
Comment? «Le ministre de la Santé a exigé de plantureuses commissions. Il s’est montré très glouton et après avoir bouffé, il brille par une absence remarquable dans la gestion de l’hôpital», rapportent les grévistes citant Moïse Ekanga. licenciés en représailles au mouvement de grève.
«Le ministre de la Santé a réagi à cette préoccupation avec la promesse ferme de convier le gestionnaire de l’hôpital à une séance de travail quant à ce», renchérit un membre du groupe reçu en audience au ministère de la Santé. Immixtion de Moise Ekanga Aussitôt, ce délégué fait une révélation troublante: «La secrétaire de Monsieur Moïse Ekanga a contacté un de nos collègues pour une réunion avec son patron immédiatement après la rencontre avec le ministre de la Santé». Félix Kabange a déclaré ne pas être au courant de cette séance de travail parallèle.
Mais un proche collaborateur de Moïse Ekanga approché par la Rédaction a pu confirmer la tenue de cette entrevue. A en croire les grévistes, Ekanga n’a d’abord pas reconnu Ces derniers attribuent aussi au Secrétaire exécutif du Bureau de coordination et de suivi du Programme sinocongolais les propos selon lesquels «la grève déclenchée est une grève sauvage, avec des effets collatéraux tels que les manifestants risquent d’être tous chassés de l’hôpital du Cinquantenaire. L’Indien Rahman a donné beaucoup d’argent au pays et la main qui donne reste toujours au-dessus de celle qui reçoit». confirmées au ministère de la savoir qu’ils sont disposés à négocier uniquement avec les institutions compétentes.
Officielles Pasteur à l’église «Sang précieux», le révérend Moise Ekanga serait-il un animateur parallèle du ministère de la Santé publique? Son empressement à recevoir les grévistes serait-il une lui un partenaire privilégié et incontournable tant de l’ancien animateur des ITPR que des gestionnaires indiens de l’hôpital du Cinquantenaire? Les questions abondent.
Silence révélateur de Pierre Lumbi Pierre Lumbi a fait parvenir à notre Rédaction un droit de réponse dans lequel il s’est limité à nier avoir signé un quelconque contrat d’approvisionnement en équipements techniques de l’hôpital du Cinquantenaire.
Pas un seul mot de lui sur les révélations du principal gestionnaire de l’hôpital, Les membres de la délégation accusent également Moïse Ekanga d’avoir affirmé que l’Indien ne partira pas de l’hôpital du Cinquantenaire. Qu’il se charge ainsi de l’instruire personnellement pour ne pas licencier les agents entrés en grève et s’engage, en même temps, à instituer un Comité des sages destiné à chercher des solutions susceptibles de favoriser la paix sociale.
A l’évocation par ses visiteurs du rôle nuisible de la Société de gardiennage «Force One Security», qui a signé un contrat de sous-traitance pour gérer médecins, infirmiers et autre personnel RDcongolais de l’hôpital du Cinquantenaire -informations manière de justifier les commissions reçues des Indiens, comme le prétendent des sources généralement Santé-, Moïse Ekanga leur a répliqué, soutiennent-ils, que la sous-traitance est légale en RD-Congo et personne ne peut rompre ce contrat, fût-il ministre de la Santé.
Des réponses à la base de la déception et la colère des membres de la délégation qui ont communiqué séance tenante à Moïse Ekanga leur projet de radicalisation de la grève avant d’être chassés de son bureau comme des malpropres. Les grévistes dénoncent l’immixtion sans titre ni qualité du Secrétaire exécutif du Bureau de coordination et de suivi du Programme sino-congolais.
«Ni ministre de la Fonction publique, ni ministre de la Santé et encore moins ministre de l’Emploi, nous voulons comprendre pourquoi les affaires de l’hôpital du Cinquantenaire intéressent tant Monsieur Moïse Ekanga dont le rôle ambigu et très suspect consiste à ce jour à défendre les intérêts de l’Indien Rahman», déplorent les manifestants, faisant bien informées jusqu’au niveau de la Présidence de la République? Le législateur aurait-il créé une structure dénommée Comité des sages en remplacement de l’Inspection du travail en RD-Congo? De qui Moise Ekanga aurait-il reçu l’ordre d’instituer son fameux Comité des sages? Pourquoi s’évertuerait-il à jouer le rôle de sapeur-pompier dans ce dossier qui ne relève nullement de sa compétence? Sa position au cœur du Bureau de coordination et de suivi du Programme sinocongolais aurait-elle fait de Ce dossier projette également à l’écran la manière dont certains contrats juteux seraient négociés en RDCongo avec des investisseurs étrangers sous l’emprise d’interlocuteurs tapis dans l’ombre qui sucent des dividendes substantiels pendant que le pays est contraint de se contenter de la portion congrue.
Au demeurant, l’article d’AfricaNews consacré à la grève du personnel de l’hôpital du Cinquantenaire, a le mérite d’avoir donné à l’ancien ministre d’Etat en charge des ITPR et exconseiller spécial de Kabila passé à l’Opposition, l’opportunité de s’exprimer sur son rôle à la tête de ce ministère.
Via son avocat, selon lequel les premiers millions de dollars versés au projet ont servi à payer les commissions des responsables dont Pierre Lumbi, devenu dans l’entretemps conseiller spécial du Chef de l’Etat avec -à en croire des sources à la Présidence de la République- mainmise sur tout ce qui touche au programme chinois dont il a encore revendiqué la paternité dans sa correspondance. Un silence révélateur qui dit bien la très difficile équation dans laquelle se trouve l’opposant G7: pas aussi blanc que la neige. «Qui ne dit mot consent», dit l’adage.
YA KAKESA
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