Ça y est! Un comité de normalisation est imposé à la Fédération congolaise de football association -FECOFA- pour la «remettre sur les rails et permettre la relance du football en RD-Congo». Après une longue attente, la Fédération internationale de football association -FIFA- est finalement passée à l’action en congédiant le Comité exécutif -Comex- Tshimanga, accusé d’être à la base de «l’arrêt du football RD-congolais». La décision de la FIFA rencontre la position du gouvernement, prête à «prendre les choses en main» en cas de non intervention de la FIFA.
Le timing est bien choisi et la mesure ultime justifiée après plusieurs mises en garde. Arrivée à bout, depuis mars, la FIFA a toutefois voulu préserver le bon climat à Kinshasa pour permettre aux Léopards de bien aborder la trêve de mars.
A Kinshasa, une délégation de la FIFA/CAF, arrivée lundi 24 avril, a eu une journée marathon le mardi. Le matin, ces experts FIFA/CAF ont réuni les présidents des Ligues, la Direction technique nationale, les dirigeants des clubs ainsi que les staffs techniques des équipes nationales pour leur expliquer «le pourquoi, le comment, le cadre ainsi que le but du Comité de normalisation». L’après-midi, ils ont donné rendez-vous à la presse pour une communication suivie d’un jeu de questions-réponses.
Devant la presse, les experts FIFA/CAF ont dénoncé le «manque de coopération» de la part du Comex de la FECOFA dont le mandat a d’ailleurs été prolongé de manière exceptionnelle avec une feuille de route claire en 3 étapes. «Seule l’étape 1 et une partie de l’étape 2 ont pu être mises en œuvre alors que des élections en bonne et due forme auraient dû pouvoir se dérouler il y a près de 10 mois», a regretté la CAF, évoquant «une situation irrégulière, malsaine et de blocage» à la FECOFA. «La RD-Congo a perdu beaucoup de temps et beaucoup de générations. C’est dommageable, ce pays est un géant qui dort», a pour sa part dénoncé Gelson Fernandes, Directeur régional de la division Associations membres de la FIFA pour l’Afrique.
Le Comité Tshimanga accablé…
A travers cet «acte fort», la FIFA a refusé d’être complice de la baisse de régime du football RD-congolais après avoir constaté que «la FECOFA ne sera pas en mesure de régulariser sa situation dans les délais fixés par la FIFA et la CAF». Le Comex Tshimanga, fin mandat depuis 2021, a brillé par son refus de coopérer avec les délégués de la FIFA/CAF, refusant notamment «de transmettre les documents comptables requis pour l’audit commandé en janvier 2023».
La FIFA reproche également à la FECOFA la suspension pour une durée indéterminée du championnat national. De quoi pousser la FIFA à conclure que «le football RD-congolais est quasiment à l’arrêt dans tout le pays». Autre grief: le non-alignement des statuts des ligues provinciales, pourtant membres du congrès de la FECOFA, aux nouveaux statuts de la FECOFA. De plus, la FIFA a déploré le glissement dans le mandat des animateurs des ligues provinciales.
«En conséquence, les ligues provinciales ne sont pas dûment représentées aux assemblées générales électives», a assené la FIFA. Toutefois, la FIFA n’attend nullement imposer des têtes à la FECOFA. «La FIFA ne choisit pas les candidats. Elle ne choisit pas les membres du Comex», a insisté Gelson Fernandes. Cependant, la FIFA ne jure que sur des «élections propres, indépendantes et transparentes» tout en misant sur «le respect des textes, le transparence et la bonne gouvernance». La CAF également y tient et s’est érigée contre «toute élection bâclée» en vue d’obtenir «un leadership de qualité».
Dieudonné Sambi, l’heureux élu?
Loin d’être une chasse aux sorcières, l’arrivée du Comité de normalisation à la FECOFA a pour but «de donner à la FECOFA les moyens de sortir de la crise, mettre en œuvre les tâches définies dans la feuille de route, organiser des élections conformes au nouveau cadre statutaire et restaurer la confiance entre toutes les parties prenantes du football RD-congolais».
En d’autres termes, le Comité de normalisation est chargé de baliser le chemin avec une mission quadruple: gérer les affaires courantes de la FECOFA, veiller à ce que les membres des comités électoraux soient élus par le congrès de la FECOFA en accord avec les nouveaux statuts et le nouveau code électoral de la FECOFA, veiller à ce que l’élection des membres et des affiliés -ligues, districts, etc.- de la FECOFA ait lieu en temps utile et, finalement, veiller à ce que l’élection d’un nouveau comité exécutif de la FECOFA soit organisée en accord avec le nouveau cadre statutaire de la Fédé.
A propos de l’identité des animateurs du Comité de normalisation, Gelson Fernandes a appelé à la patience, en attendant la fin des auditions des profils ciblés. «Il s’agit de vérifier leurs motivations et, ensuite, leur donner une ligne directrice sur ce qu’on attend d’eux. On va l’annoncer sous peu mais avant il faut les rencontrer et les regarder droit dans les yeux», a déclaré Directeur régional de la division Associations membres de la FIFA pour l’Afrique.
Toutefois, l’actuel gestionnaire des Finances de la FECOFA est en pôle pour être le président de ce comité. L’expert FIFA/CAF a l’avantage d’avoir l’ADN des instances internationales en plus d’avoir palper les réalités de gestion de la FECOFA depuis maintenant près de 15 mois.
Dans l’opinion, plusieurs ont soupçonné Véron Mosengo d’être son parrain dans le cadre d’un prétendu «complot des ressortissants du quartier Yolo». Pour le SG de la CAF, cela relève carrément une absurdité. «Oui, je suis ressortissant de Yolo comme Sambi mais j’applique les règlements. Je ne serai jamais complaisant. Dieudonné Sambi, ancien Léopard, est une personne compétente avec une intégrité irréprochable. Son seul péché est d’être originaire du même quartier que moi», a-t-il déploré, avant de tacler «ceux qui bouffent l’argent de la FECOFA».
Composé d’un nombre opportun de membres, le Comité de normalisation a un mandat initial de 7 mois, soit jusqu’au 30 novembre 2023 au plus tard. Durant cette période de normalisation, «les fonds FIFA Forward seront versés chaque mois sous réserve de transmission du budget, de rapports mensuels et d’autres documents d’appui tels que des relevés bancaires». Pour obtenir une meilleure implication des animateurs, aucun membre du Comité ne sera éligible aux prochaines élections à la FECOFA.
