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Congo Airways vol inaugural: le Q 400 ‘Anuarite’ en panne à Isiro

«Cet avion connait une fuite de l’huile hydraulique dans ses tuyauteries», à en croire un tweet de l’ancien directeur de cabinet de Kamerhe relayé par le député national Juvénal Munubo
Un vieux zinc d’occasion a fait mentir le Premier ministre Matata Ponyo qui, dimanche 17 mai à l’aéroport international de N’Djili, au lancement du vol inaugural des avions Bombardier Q400 baptisés l’un Kimpa Vita et l’autre Anuarite Nengapeta, se vantait d’avoir acheté sur fonds propres du gouvernement 4 avions en 7 mois, affirmant que le pays visait la qualité et non la quantité, laissant entendre que chaque Airbus A 320 de Congo Airways acquis à USD 25 millions la pièce valait 12 avions.
Ironie du sort, peu après son atterrissage dimanche 17 mai à l’aérodrome d’Isiro, province de Haut-Uélé, où le ministre d’Etat en charge de la Décentralisation Salomon Banamuhere et le gouverneur Jean-Pierre Lola Kisanga ont organisé une cérémonie retransmise en direct à la télévision nationale, Anuarite Nengapeta, dénomination de cet appareil pour saluer la mémoire de la religieuse du même nom morte martyrisée dans son village natal d’Isiro Wamba et symbole d’intégrité, a joué un mauvais tour aux organisateurs qui prévoyaient une escale à Bunia, en Ituri, avant de rentrer sur Kinshasa. L’avion n’a pas pu poursuivre son itinéraire.
Plusieurs versions sont avancées pour expliquer cette situation. Alors que Congo Airways n’a pas encore réagi, certains milieux politiques proches de la Majorité ont ironisé en ces termes: le gouvernement, heureux d’avoir créé et mis en exploitation une nouvelle compagnie aérienne avec des avions pour assurer des vols domestiques, a décidé de reporter le vol pour mieux fêter l’événement de l’arrivée du Bombardier Q400 à Isiro. Une journaliste kinoise présente à l’aérodrome d’Isiro a fait part d’une immobilisation passagère due à un contrôle de routine.
Mais des sources proches de l’Opposition ont tout balayé avançant la thèse, plausible, d’une panne technique. A en croire un message Twitter de Pierre Kangudia, ancien directeur de cabinet de Vital Kamerhe à l’Assemblée nationale, «cet avion connait une fuite de l’huile hydraulique dans ses tuyauteries». Auparavant, un autre tweet de Kangudia alertait: «Urgent. Le Bombardier Anuarite Nenga Peta vient de tomber en panne à l’aéroport d’Isiro ce jour, lors de son vol inaugural». Puis: «La délégation qui était partie en pompe est bloquée sur place. On va dépêcher Kimpa Vita pour la récupérer demain». Informations confirmées dans les milieux de l’aviation où l’on a précisé que Kimpa Vita quittera Kinshasa mercredi à 4 heures du matin pour tenter de dépanner l’avion en panne.
 
Défauts de fabrication et pannes récurrentes des trains d’atterrissage
Ces tweets relayés le même dimanche par le député UNC Juvénal Munubo ont suffi pour déclencher d’autres messages raillant le Premier ministre et son gouvernement. «La manipulation de dollars a eu raison sur la sécurité. Ce qui justifie l’achat de vieux zinc au lieu des avions neufs», a posté un Twitos. Imaginez la mine sur les visages à Isiro! Pourtant, selon Désiré Balazire, nouveau directeur général de Congo Airways, les deux avions Bombardiers sont sortis d’usine en 2010. Ils ont coûté USD 15 millions chacun. La panne survenue à Isiro serait la manifestation des signes d’une longue immobilisation, explique-t-on.
Les aéronefs Bombardiers seraient abandonnés en Occident à cause de leurs performances en sécurité aérienne jugées insuffisantes ces 20 dernières années. Sur Google, les renseignements y relatifs ne sont pas reluisants: «les grandes compagnies occidentales dont SAS ont cloué toutes leurs flottes des avions Q400 suite à des incidents techniques graves répétés notamment le non verrouillage du train d’atterrissage. Une flotte importante de ces avions DHC Q400 est abandonnée et stationnée partout pour vente». En janvier 2000, la compagnie Scandinavian Airlines -SAS- a été la première compagnie à exploiter commercialement le Q4002. Un appareil à Aalborg, le 9 septembre 2007, et un autre, dérouté sur Vilnius le 12 septembre 2007, ont effectué des atterrissages d’urgence en raison d’une défaillance de verrouillage du train d’atterrissage principal.
À la suite de ces deux incidents, SAS a temporairement suspendu l’exploitation de ses Q400. Elle a procédé à une inspection complète des trains d’atterrissage et au remplacement systématique d’une pièce vraisemblablement affectée par la corrosion. Les appareils ont été remis en service progressivement à partir du 3 octobre 2007. SAS a également affirmé être en discussion avec Bombardier pour obtenir des compensations financières à la suite de l’interruption de l’exploitation commerciale de l’appareil.
Le 27 octobre 2007, un Q400 de la SAS est contraint par une défectuosité du train d’atterrissage principal d’effectuer un atterrissage d’urgence à Copenhague 2. Ce troisième incident était cependant différent de deux précédents, car dû à un joint mal placé. Le lendemain, SAS a annoncé sa décision d’arrêter l’exploitation de sa flotte de Q400, constituée de 27 avions au total et contribuant selon elle à environ 5 % du trafic passager de la compagnie. Elle a affirmé que le Dash 8-Q400 avait provoqué des problèmes répétés «liés à la qualité», et que ces incidents provoquaient des retards sur les lignes où cet appareil était exploité. Le train d’atterrissage principal du Dash 8-Q400 est fabriqué par la compagnie américaine Goodrich et son installation est réalisée par Bombardier. Le 15 novembre 2007, SAS réclamait une compensation d’USD 78,3 millions à Bombardier en raison du coût lié aux deux premiers incidents.
Natine K.
 

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