Ligne politique cohérente, ambition énorme, prise de risques et obsession pour la communication, le ministre de l’Industrie apporte des innovations susceptibles de bouger les lignes dans son secteur appelé à lancer le pays sur la voie de l’émergence à l’horizon 2030
Germain Kambinga conserve une cohérence, dans le discours et dans les actes, qui force l’admiration. Il a une vision et des convictions quant à l’avenir de l’industrie RD-congolaise longtemps entrée en léthargie. Au début de cette année, il a lancé Made in Congo. Cette campagne nationale pour la promotion de l’industrie RD-congolaise exhorte la population à consommer essentiellement des produits fabriqués en RD-Congo ou par des RD-Congolais.
Loin d’être du nationalisme économique, Germain Kambinga exhorte au patriotisme économique. Objectifs: se réapproprier l’indépendance économique, créer les richesses et les emplois. Dans le même ordre d’idées, il vient d’organiser le premier Forum national du développement de l’industrie et du redressement productif -FONADIR- du 10 au 11 avril 2015 à l’Hôtel Beatrice. Cette rencontre scientifique, avec des débats de fond et souvent houleux, a atteint ses objectifs.
Des recommandations, résolutions et autres mesures opérationnelles pragmatiques qui en découlent vont dans le sens de la renaissance de l’industrie RD-congolaise, dédiée à devenir le creuset du développement du pays. Une manière originale de préparer l’avenir et du secteur et de la RD-Congo. Pour le ministre de l’Industrie, plus rien ne sera comme avant.
Malgré le déclin de l’industrie RD-congolaise, le ministre Kambinga refuse de s’enfermer dans une litanie victimaire. Il estime qu’il faut plutôt agir et prendre à bras le corps cette problématique. Il croit au miracle industriel. Il s’y engage et exhorte chacun à y croire également. FONADIR a réussi à réunir du beau monde autour du développement industriel de la RD-Congo afin de baliser le chemin de l’émergence à l’horizon 2030, pari du Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange. Axées sur les fondements de cette émergence, ces assises de deux jours ont regroupé tous les acteurs opérant dans ce secteur. Après les échanges sans tabou et parfois houleux, les participants ont élaboré un document pragmatique et facile à mettre en œuvre à l’intention des décideurs politiques.
«Cette rencontre ne sera pas un rendez-vous de plus, mais plutôt ce qui peut faire de l’industrie le creuset du développement harmonieux de notre pays de façon à en faire une référence à tous égards dans une quinzaine d’années. Il ne s’agit pas de faire une nouvelle grand’messe, mais plutôt de permettre aux différents acteurs du secteur d’échanger. Les industriels doivent être écoutés parce qu’ils créent les richesses, paient les impôts et offrent des emplois. Ils sont des acteurs importants du renouveau voulu par le président de la République», a rassuré l’ingénieux Kambinga.
Et de renchérir: «l’industrie RD-congolaise se veut moderne et innovante, résolument tournée vers demain pour se mettre aux pas de la Révolution de la modernité, respectueuse du développement durable et, par conséquent, de qualité des vies des générations futures. Ce forum a été un cadre d’échange qui a permis d’explorer toutes les opportunités et les contraintes de développement industriel de la RD-Congo. Ce qui a été dit pendant deux jours permettra à la voix de la RD-Congo de porter davantage et son harmonie d’être citée en exemple pour les autres pays». L’abnégation, la qualité des interventions et la pertinence des recommandations prouvent que ce Forum était opportun.
Pari fou
Les participants ont identifié plusieurs contraintes qui plombent la compétitivité des industries RD-congolaises. Il s’agit notamment de l’inadéquation entre la formation, l’emploi et la problématique des normes. Car, la compétitivité ne doit pas être vue seulement dans une dimension quantitative mais également qualitative. «Le grand défi c’est le défi de la qualité. Des problématiques des normes qui doivent être améliorées. Dans un esprit de consensus, les uns et les autres ont suggéré plusieurs pistes. Je suis persuadé qu’il y a du vrai dans ce que vous avez avancé comme arguments durant ce forum», a-t-il signalé.
Concrètement, les participants ont proposé la transformation des humanités générales en section technique et professionnelle, le recours à des financements innovants et tant d’autres. Le ministre a révélé que pour ce qui est des infrastructures énergétiques, de la communication et de la fiscalité, le gouvernement a commencé à apporter des réponses concrètes. Un certain nombre de dispositions législatives réglementaires ont été prises.
«Nous avons besoins des capitaux étrangers pour suppléer à l’offre locale», a-t-il insisté avant d’ajouter: «des enjeux soulevés par vos échanges, je retiens trois volets non exclusifs dont comment s’assurer que le mode d’exploitation et de commercialisation des ressources naturelles soient durables et contribuent significativement au renforcement économique des populations locales, c’est la problématique de la croissance inclusive, comment maitriser progressivement les chaines de la valeur de nos matières premières à travers une politique de transformation locale et enfin sous quelle condition le processus de décentralisation en cours pourrait-il promouvoir la création des richesses au niveau local et participer à un développement harmonieux et équilibrés de nos économies. Tels sont les défis qui s’offrent à nous, auxquels nous devons répondre dans les années à venir à travers les actions concrètes et bien ciblées».
La RD-Congo a beaucoup régressé, a-t-il déploré: au sortir de l’indépendance il y a eu dans ce pays 9500 industries, sinon plus. Il en existe aujourd’hui que moins de 500. Malgré ce déclin industriel, Kambinga estime qu’il ne faut pas s’enfermer dans une litanie victimaire. Il faut plutôt agir et prendre à bras le corps cette problématique. Le ministre de l’Industrie croit au miracle industriel. Il s’y engage et souhaite que chacun y croie également. Un pari fou. Pour Kambinga, il est plus que jamais temps pour bouger les lignes.
A cette même occasion, les produits Made in Congo ont été exposés dans le salon industriel organisé pour la circonstance à la place de la gare, preuve du génie créateur RD-congolais.
Le vice-premier ministre en charge des PT-NTIC et représentant personnel du chef du Gouvernement, Thomas Luhaka, a laissé entendre que cette rencontre est organisée au moment où l’agenda du gouvernement est orienté vers la stratégie d’industrialisation dans la SADC et le COMESA et que ces organisations devraient se doter d’une feuille de route pour l’industrialisation cette année. A en croire ses propos, la présence massive de tous démontre tout simplement que les enjeux du moment sont bien compris. Kambinga, lui, est formel: après FONADIR ne sera pas égal à avant FONADIR.
Barick BUEMA
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