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CENI: Le budget et le cas Banza divisent Kadima et Mabiku

À exactement 14 semaines de la tenue des élections générales du 20 décembre 2023, les torchons brûlent entre Dénis Kadima, le président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, et Thotho Mabiku Totokani, le Secrétaire exécutif national -SEN-, l’homme chargé de veiller à la mise en œuvre des décisions de la commission et à l’exécution des plans, des programmes et des activités électorales.

Le premier a suspendu le second pour «faute lourde» et «insubordination», a-t-on appris jeudi. Aucun détail officiel relatif à ces griefs n’a été livré alors que les médias évoquent des relations réputées tendues entre le président de la Centrale électorale et le chef de son exécutif. Ça pourrit!

Tous deux issus des milieux proches de l’UDPS, donc présumés bien placés pour mieux collaborer, Kadima et Mabiku vivent une relation de suspicion permanente.

Pourtant, lorsque la nomination de Mabiku avait suscité la controverse dans le gotha politique, Kadima avait pondu via ses services de communication un portrait flatteur de son SEN. «Il possède une grande maîtrise des systèmes informatiques et des bases de données. Il a travaillé comme cadre et expert-consultant dans plusieurs entreprises multinationales œuvrant dans le secteur des finances, de la recherche et de la préparation électorale. Il est réputé intègre, rigoureux et discipliné dans son travail. Sa longue expérience et ses compétences sont des atouts majeurs pour aider la Ceni à garantir et assurer harmonieusement ses missions d’offrir à la RDC des élections véritablement libres, indépendantes et transparentes», indiquait le texte publié en janvier 2022.

Plus de 20 mois après, les choses ont changé. A en croire les informations du site infos.cd, «la cohabitation entre Denis Kadima et Mabiku Totokani n’a jamais été facile. Les deux personnalités n’ont que rarement émis sur une même longueur d’ondes, notamment au niveau éthique. A la CENI, Mabiku Totokani a même été soupçonné d’être celui qui aurait favorisé le fait que certaines machines d’enrôlement se soient retrouvées entre les mains de certains politiques».

Et avec une façon toute particulière de lancer quelque perfidie avec un air candide, des proches du Secrétaire exécutif national Mabiku bottent en touche et laissent entendre que le président Kadima «ne serait pas droit et loyal avec le Régime mais peut-être bien au service de l’Opposition. Et de commenter: «Certes, Kadima est issu des milieux de l’UDPS comme Mabiku, mais sa vraie casaque interroge quand on regarde le parcours de certains de ses conseillers les plus influents, envoyés souvent dans des missions de la compétence du Secrétaire exécutif national».

Interférences, le cas Dave Banza

Un agent du Secrétariat exécutif national enfonce le clou: «Outre les incursions dans le budget des opérations pré électorales et électorales dont la gestion exclusive est du ressort du Secrétaire exécutif national, le président Kadima a posé des actes de frustration depuis la cartographie et la révision du fichier électoral quand il a envoyé ses équipes en Corée du Sud pour la commande des machines destinées à l’enrôlement. Vous avez vu la qualité des photos et des écrits sur les cartes d’électeurs. Conséquence: des milliers de personnes affluent dans les centres pour les duplicatas et ces affluences donnent l’air d’une nouvelle opération d’enrôlement des électeurs. Mais le président Kadima est revenu à la charge, cette fois, en interférant dans le déploiement du personnel chargé de gérer les opérations des contentieux dans les secrétariats exécutifs provinciaux, en y injectant ses propres conseillers dont le juridique Dave Banza, désigné pour conduire la mission dans le Haut-Katanga dont il est originaire et où il a des relations avec certains acteurs politiques. Ce dernier cas a poussé le Secrétaire exécutif national à prodiguer quelques conseils au président Kadima, qui les a considérés malheureusement comme une faute lourde et une insubordination».

Pomme de discorde entre Kadima et Mabiku, autant que l’argent du budget des opérations, soit près de 90% du budget de la Centrale électorale, Dave Banza est l’ancien directeur de cabinet de l’ex-président de la CENI Daniel Ngoy Mulunda. Un moment proche de Jaynet Kabila, députée FCC et sœur du président de la République honoraire, il a aussi travaillé sous Corneille Nangaa en qualité de Conseiller principal au Collège juridique. A son avènement, Denis Kadima l’a maintenu à ce dernier poste, «pour ses compétences avérées», selon l’entourage du patron actuel de la CENI, «mais comme taupe d’une certaine opposition dont il est proche», affirment quelques têtes brûlées dans la ceinture du Secrétaire exécutif national. Une accusation rejetée par le camp Kadima, qui dit avoir opté pour la méritocratie.

Les agents du Secrétariat exécutif national affirment que Banza n’est pas un cas isolé. Il y a dans le précarré de Kadima une demi-douzaine d’autres taupes de l’ancien système. Pour ces agents, les interférences du président dans le travail du SEN violent l’article 36 de la Loi organique n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission Électorale Nationale Indépendante telle que modifiée et complétée par la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 et la Loi organique n° 21/012 du 03 juillet 2021. Cet article dispose: «Le Secrétariat Exécutif National est la structure chargée de la mise en oeuvre des décisions de la CENI.

Il est composé de directions techniques et administratives créées par décision du Président de la CENI délibérée en Assemblée Plénière.

Il est dirigé par un Secrétaire Exécutif National. Le Secrétaire Exécutif National coordonne les Secrétariats Exécutifs Provinciaux et les Antennes».

Natine K.

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