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CENCO – ECC: ça frise le rejet des résultats à tous les niveaux

C’est un véritable déculotté pour la Commission électorale nationale indépendante -CENI. Après les nombreuses dénonciations des parties prenantes au processus électoral sur les multiples cas d’irrégularités et fraudes qui ont entouré les scrutins du 20 décembre, étalés finalement sur 6 ou 7 jours, c’est au tour des Églises catholique et protestante de hausser le ton pour déplorer «plusieurs cas de violation du cadre légal» des élections en RD-Congo, occasionnant ainsi «plusieurs irrégularités documentées dans les annexes de la déclaration préliminaire» de la mission conjointe d’observation électorale de ces  Églises.

La position de ces deux Églises est loin d’être une formalité. A elles deux, elles rassemblent plus de 60% de la population RD-congolaise. Au cours d’un briefing presse le 2 janvier, le ministre Muyaya avait reconnu que le rapport des Catholiques et protestants était «très attendu».

Dans la déclaration conjointe signée le jeudi 4 janvier par Mgr Marcel Utembi, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO-, et le Révérend André Bokundoa, président de l’Église du réveil au Congo -ECC-, ces deux plus influentes confessions religieuses du pays, qui ont ensemble déployé la plus importante mission d’observation électorale avec plus de 25.000 observateurs, ont appuyé les recommandations contenues dans la déclaration préliminaire de la MOE CENCO-ECC du 28 décembre 2023. La prise en compte de ces recommandations, ont estimé Utembi et Bokundoa, aura le mérite «de rassurer les uns et les autres, de consolider la paix, la cohésion et la stabilité en RD Congo».

En des termes clairs, les Églises catholiques exigent à la CENI de «faire la lumière sur tous les cas documentés par les différentes parties prenantes». Cela devrait se faire en dehors des mécanismes déjà initiés par la Centrale électorale en interne. «Une commission d’enquête indépendante et mixte s’avère nécessaire», ont estimé Utembi et Bokundoa.

Enquête préalable avant d’accepter les résultats

Pour les Cathos et les protestants, le Procureur général près la Cour constitutionnelle devrait également «se saisir d’office de toute dénonciation en rapport avec les irrégularités afin d’amener la haute juridiction de la sincérité électorale à dire le droit et redorer la fierté de notre République». «Nous demandons au Procureur général, en sa qualité de garant de l’action publique, d’ouvrir des poursuites judiciaires à l’endroit de tous les auteurs d’actes de violation et de fraude électorales», ont écrit la CENCO et l’ECC dans leur déclaration conjointe.

À l’analyse, ça frise le rejet des résultats jusque-là rendus publics par la Centrale électorale. Clair sur sans les deux préalables relevés, les deux Églises laissent transparaitre entre les lignes leur non disposition à accepter les résultats proclamés par la CENI. «De cette lumière dépend aussi l’acceptation des résultats à chaque niveau des scrutins», ont-elles insisté.

Tout en condamnant fermement la violence tant verbale que physique observée tout au long de ce présent processus, la CENCO et l’ECC ont salué «l’engagement du peuple congolais qui s’est mobilisé à aller voter en dépit des désagréments liés au déploiement tardif des matériels sensibles et aux dysfonctionnements des dispositifs électroniques de vote -DEV- dans les bureaux de vote». Grâce à cette motivation, doublée d’une vigilance tous azimuts, des cas d’irrégularités ont été mis à découvert.

«Ce geste civique hautement symbolique prouve à suffisance que le peuple congolais a atteint une maturité qui ne peut plus permettre la manipulation politicienne ou l’imposition de la fraude électorale», se sont réjoui les deux Pasteurs, qui ont également fait fière chandelle à la MOE CENCO/ECC pour son «professionnalisme» et à la CENI, au gouvernement ainsi qu’aux autres parties prenantes «pour l’organisation de ces élections dans le délai constitutionnel, dans un contexte particulièrement difficile du point de vue sociopolitique, économique et sécuritaire».

Le même jeudi, une autre voix a porté pour dénoncer des irrégularités enregistrées lors des scrutins de décembre 2023. Dans un publication sur X -anciennement Twitter-, le président du Conseil national du suivi de l’Accord de la Saint-Sylvestre -CNSA- a dénoncé un «faux semblant d’élections» qui, selon lui, «a avili l’image du pays et délabré la démocratie RD-congolaise». Avis partagé par le Commission des relations étrangères du Sénat américain qui a vu des «entachées d’irrégularités» qui mettent «en péril la démocratie, la lutte contre la corruption et la sécurité en RD-Congo». Tout le contraste de la position du gouvernement pour qui la démocratie RD-congolaise est «bien perçue dans le monde».

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