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Affaire MCK : Katumbi repart à l’offensive contre Beveraggi

L’ex-gouverneur du Katanga a déposé plainte à Paris dans le litige qui l’oppose à l’homme d’affaires français Pascal Beveraggi. Il espère toujours obtenir les 99 millions de dollars dont il s’estime lésé.

C’est une saga qui dure depuis plus de six ans et qui, de tribunaux en tribunaux, ne cesse de rebondir. Après s’être joué en RD Congo, le bras de fer entre Moïse Katumbi et Pascal Beveraggi autour de la cession des actifs de Necotrans, dont MCK Trucks fait partie, une entreprise spécialisée dans la logistique dans le secteur minier, se poursuit en France.

Le 7 décembre dernier, Antoine Vey, l’avocat de l’ex-gouverneur du Katanga a déposé une plainte pour abus de confiance, faux et usage de faux et blanchiment. Cette requête, que «Jeune Afrique» a pu consulter, pointe aussi des «soupçons d’escroquerie» et de «forts soupçons de corruption».

Comme le veut la procédure, elle a été déposée contre X, mais est expressément dirigée contre Pascal Beveraggi qualifié «d’homme d’affaires à la réputation sulfureuse et proche de Joseph Kabila», alors au pouvoir au moment du litige. Elle a été déposée au nom de Bertrand Kirszbaum, l’administrateur de la société Astalia, détenue majoritairement par Carine Katumbi, l’épouse de l’ancien opposant. Cette contre-attaque de Moïse Katumbi intervient après que Pascal Beveraggi a lancé deux nouvelles procédures. D’une part, il a assigné l’ex-gouverneur du Katanga pour escroquerie devant le tribunal de Paris en 2021.

De l’autre, il a assigné l’État congolais pour défaut de juridiction devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements -CIRDI-, le tribunal arbitral dépendant de la Banque mondiale, et non pas devant la Chambre de commerce internationale -CCI- de Paris, comme cela avait été un temps envisagé.

Cette affaire remonte à 2015, lorsque Moïse Katumbi vend une partie de ses activités. Il envisage alors de se présenter à l’élection présidentielle contre Joseph Kabila et a besoin de financer sa campagne. Il vend à Necotrans Mining ses parts de Mining Compagny of Katanga -MCK- pour 140 millions de dollars -118 millions d’euros. Mais en 2017, Necotrans Mining est placée en faillite, alors qu’elle n’a versé que 20 millions de la somme due.

La société Octavia, gérée par Pascal Beveraggi, rachète alors cette créance auprès de la banque et rebaptise la branche NB Mining. S’estimant lésé, Katumbi a porté ce litige devant les tribunaux congolais, lesquels ont d’abord tranché en faveur de Moïse Katumbi dans une décision rendue à Kolwezi en août 2020, qui a ainsi tenté d’obtenir des mesures de saisie. Mais ce jugement a lui-même été annulé par le tribunal de la Gombe: l’ancien gouverneur a fait appel et il a été mis en délibéré.

En froid avec Tshisekedi

En déposant une nouvelle plainte à Paris, Moïse Katumbi espère recevoir la part restante de la vente de MCK qui, de 120 millions de dollars à l’origine, a été réévaluée à 99 millions de dollars. Cette offensive intervient alors que Katumbi est en froid avec Félix Tshisekedi. Si, officiellement, il n’a pas quitté l’Union sacrée mise sur pied par le président, il l’a sérieusement envisagé à la fin de 2021. En décembre dernier, il a officiellement lancé son parti, Ensemble pour la République, et se prépare à être candidat à la présidentielle de 2023.

Avec Jeune Afrique

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