Isabelle Ebambi, directeur technique à l’Office national de l’emploi, responsable de Madame l’Emploi, un magazine spécialisé dans les questions liées au travail des jeunes, salue l’initiative du Président de la République Joseph Kabila Kabange de créer le Fonds spécial de promotion de l’entrepreneuriat et de l’emploi de jeunes. Pour avoir pendant longtemps travaillé sur la création de ce type de structure qui fait défaut au pays et à sa jeunesse, Ebambi donne et explique le facteur déclenchant de ce projet, il dit pourquoi il est singulier et créatif avant de scruter les mécanismes de financement de ce Fonds suggéré dans un contexte de basse conjoncture.
Madame Isabelle Ebambi, vous êtes Directeur technique à l’Office national de l’Emploi -ONEM. Comment avez-vous accueilli l’instruction du Chef de l’Etat au gouvernement, dans son discours du 30 juin 2016, de créer rapidement un fonds spécial de promotion de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes?
Je salue l’initiative du Chef de l’Etat sur la création de ce fonds spécial de promotion de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes. L’emploi est une préoccupation du Président de la République depuis 2006. Le chantier «emploi» était déjà la 2ème priorité dans le clairvoyant programme des 5 chantiers. Dans son message, le Chef de l’Etat s’est adressé directement à la jeunesse en lui rappelant et assurant que la problématique de l’emploi des jeunes est et reste une priorité dans les actions prioritaires du gouvernement. Depuis 2006, il s’est installé en RD-Congo un réel élan économique qui a permis la création de nombreux emplois. Ces 10 dernières années, l’économie nationale est demeurée positive, enregistrant la plus longue période de croissance depuis notre indépendance, soit pendant plus de 10 ans d’affilés. En initiant ce programme, le Chef de l’Etat répond à la préoccupation majeure de la jeunesse. La problématique de l’emploi et de l’entrepreneuriat nous intéresse personnellement depuis quelques années. Le Chef de l’Etat a bien compris que l’attente des jeunes est forte, intense, pressante, grandissante. Pour la première fois, un instrument budgétaire spécifique et important sera mis en place pour la problématique de l’emploi des jeunes. De même, il y a lieu de reconnaitre qu’un certain nombre de mesures ou projets ont été mis en œuvre depuis ces 10 dernières années: le Conseil National de la jeunesse, le Proyen, la FNJEC avec le PR50, le PED avec ONEM. Des études très poussées et approfondies ont été réalisées, des propositions élaborées et un effort considérable d’informations et de sensibilisation déployé depuis que le Président Joseph Kabila est à la tête de notre pays.
Quel est, selon vous, le facteur déclenchant de ce projet?
Face au problème de l’emploi, le Président de la République entreprend de mettre sur pied ce fonds afin d’inciter les jeunes à l’auto emploi par l’entrepreneuriat. Il compte s’appuyer sur les jeunes entrepreneurs pour créer des emplois pour les autres jeunes.
En quoi ce projet est-il singulier et créatif?
Parce qu’il n’existe pas encore de structure de ce genre en RD-Congo, ce projet devra permettre, par exemple, aux jeunes déscolarisés sans formation professionnelle d’avoir des revenus. Il devra également permettre aux petits planteurs agricoles d’entretenir leurs plantations à moindre coût. Il devra s’adresser à la jeunesse rurale et il va sans dire que tous les jeunes bénéficiaires d’une formation professionnelle ou universitaire tireront incontestablement leur épingle du jeu. Vous réalisez que l’objectif poursuivi est l’insertion socio-professionnelle des jeunes par la création des opportunités d’emploi par les jeunes.
Le Fonds aura donc plusieurs rôles….
Certainement, il aura plusieurs rôles. Entre autres la recherche des financements et leur gestion; la mise en place d’un réseau de partenaires nationaux et internationaux pour promouvoir l’accès des jeunes à l’emploi et aux crédits; la mise en place des lignes de crédits dans les institutions financières partenaires pour faciliter les financements des investissements au fonds de roulement des entreprises créées par les jeunes; l’amélioration de l’environnement entrepreneurial -institutionnel, réglementaire et financier- afin de faciliter la création d’entreprise par les jeunes et d’encourager la formalisation des activités économiques; l’accompagnement des jeunes porteurs des projets grâce notamment à l’accès à des instruments d’incitation et d’appui à l’entrepreneuriat, par la mise en place d’incubateurs d’entreprises à destination des jeunes. Ces incubateurs doivent fournir d’appui à destination des jeunes entrepreneurs en termes de renforcement des capacités -formation, tutorat, le développement de plans d’affaires, les formations complémentaires à l’utilisation d’outils notamment les outils numériques. Il y aura aussi le développement de plates-formes d’échange de bonnes pratiques sur l’emploi et l’entrepreneuriat; l’accompagnement des entrepreneurs dans le processus de financement de leurs projets; la sélection et le financement des projets dans des secteurs d’activités porteurs.
Avez-vous une idée du mode de financement de ce Fonds lancé dans un contexte de basse conjoncture?
On peut partir du modèle de financement du FPI, de l’INPP ou de l’ONEM en innovant avec l’aide des partenaires techniques et financiers qui interviennent dans divers domaines en leur donnant les garanties d’une bonne coordination doublée d’une bonne gestion. Comprenez qu’il s’agit d’un projet sur lequel nous travaillons et dont nous n’allons pas dévoiler les grandes étapes à l’heure actuelle.
Tino MABADA
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