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2023: Blinken alerté par l’Eglise catholique des USA après la multiplication des mauvais signes avant-coureurs

La CENCO, qui avait appelé, en juin dernier, les RD-Congolais à «se réveiller pour des élections crédibles» et avait dénoncé «la répression violente des manifestations de l’Opposition, la restriction de la liberté de mouvement des opposants, les arrestations arbitraires…», a reçu le soutien de l’évêque de Rockford

Dans sa démarche pour l’organisation des élections crédibles, en décembre prochain, la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO- peut désormais compter sur le soutien de Mgr. David J. Malloy, évêque de Rockford. Ce dernier, sous sa casquette de président du Comité pour la justice internationale et la paix de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, a entrepris de donner large échos aux «préoccupations» des évêques RD-congolais. Lesquelles «préoccupations» sont reprises dans la lettre de l’évêque de Rockford, datant du 8 août dernier, adressée à Anthony Blinken, secrétaire d’Etat américain, et, via laquelle, Mgr Malloy a exprimé son «niveau accru de préoccupation face à la détérioration de la situation en RD-Congo».

«Je partage les préoccupations de mes frères évêques RD-congolais face à la longue liste d’échecs du gouvernement à: endiguer la violence dans l’est de la RD-Congo en général; assurer un audit indépendant des listes électorales; et arrêter la violence politique perpétrés contre des candidats politiques de l’Opposition, y compris certains incidents menés par le parti politique du Président -UDPS-», peut-on lire dans la correspondance de Mgr Malloy.

Il s’y est dit «alarmé par le rapport de la CENCO sur la répression gouvernementale des manifestations de l’Opposition, les restrictions de la liberté de mouvement des opposants, les tentatives d’adoption de projets de loi discriminatoire, la manipulation du système judiciaire et les arrestations arbitraires».

Spectre d’une élection ratée

En effet, dans leur déclaration rendue le vendredi 23 juin 2023, à l’issue de la 60ème Assemblée plénière de la CENCO, les évêques catholiques RD-congolais n’avaient pas été tendres envers le Pouvoir de Félix Tshisekedi, en dénonçant notamment des signes avant-coureurs de la répétition du scénario de 2018 marqué par un processus électoral peu transparent et ne reflétant pas la volonté du souverain primaire, selon de nombreux observateurs.

«A six mois des échéances électorales, nous nous invitons tous à la vigilance sur le processus électoral. Ayant été abusés aux élections de 2018, nous devons en tirer des enseignements et nous comporter de façon conséquente pour que désormais, les Institutions à mandats électifs de notre pays soient dirigées par des personnes réellement élues», avaient appelé les évêques catholiques, soucieux de garantir aux RD-Congolais un processus électoral crédible, inclusif, transparent, gage de «la stabilité et du bien-être de la population».

Cette déclaration des évêques, en plus d’encourager les RD-Congolais à ne pas se laisser «corrompre» par des politiciens démagogues, incohérents et profiteurs, leur avait soufflé une stratégie pour «imposer pacifiquement la vérité des urnes» en vertu de l’article 64 de la Constitution. La stratégie, c’est de «ne pas quitter les bureaux de vote tant qu’on n’aura pas affiché les résultats. Avec l’affichage des résultats au niveau des bureaux de vote, nous aurons déjà une idée claire des gagnants. La CENI n’aura d’autres choix que de les confirmer. Au cas contraire, ce serait une haute trahison et n’attendons pas une autre instance pour nous remettre dans nos droits».

Dérive dangereuse

Pas bien accueilli dans les rangs de l’Union sacrée, la déclaration de la CENCO avait fait fulminer de colère le président Félix Tshisekdi, alors en séjour à Mbuji-Mayi, ainsi que tous ses partisans pratiquement. Le Chef de l’Etat avait eu une cinglante réplique, déplorant «une certaine dérive au sein de l’Église catholique». «Une dérive dangereuse, surtout en cette année électorale. L’église doit être au milieu du village, et doit prêcher l’amour, l’unité. L’église doit accompagner tous les fils de la République qui sont en politique de la même manière», avait poursuivi Tshisekedi devant une importante foule dans le chef-lieu du Kasaï Oriental. Une réaction qui, à scruter le contenu de la lettre de Mgr. Malloy à Blinken, n’a aucune raison d’être, tant l’appel de ses collègues RD-congolais, fondé sur une disposition constitutionnelle, est «clair» et invite à «une action non violente pour contrecarrer ce que l’Église craint d’être une élection ratée».

Partant de cette considération, l’évêque de Rockford a exhorté son destinataire à «prendre ces signes avant-coureurs au sérieux et à agir rapidement pour garantir des élections libres, équitables et crédibles». Cependant, à moins de cinq mois des élections, aucun challenger de poids au Président Félix Tshisekedi ne dit du bien du processus électoral en cours, a fait observer l’éditorialiste José Nawej. Ces opposants, comme les églises catholique et protestante, réclament un nouvel audit du fichier électoral, celui réalisé par des experts recrutés par la CENI étant jugé peu fiable. Les deux églises ont même récemment offert leurs services pour auditer le fichier électoral. Non, a répondu la CENI, soutenue par des partis pro-Tshisekedi, aussi bien aux opposants qu’à ces deux mastodontes confessions religieuses du pays.

«Cette absence de consensus même à minima, cet accord sur le désaccord n’est pas de bon augure pour la tenue d’élections réellement inclusives. Illusoire dans ces conditions de rêver d’un après-scrutin apaisé. Impossible de guérir de ces élections comparables à un remède plus dangereux que le mal qu’il est censé soigner», a écrit Nawej dans son édito du jeudi 10 août 2023. Dans ces conditions, pas besoin d’un croquis pour comprendre le pire que redoute Mgr. David J. Malloy et son souhait de voir les services américains «travailler publiquement avec la CENCO, l’ECC -église protestante- et d’autres organisations de la société civile pour défendre les valeurs démocratiques» et épargner le pays d’un scrutin bâclé et source d’un cycle des violences.

LOI

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