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100 jours de Mushiete à l’ICCN: entre défis et perspectives

L’Institut congolais pour la conservation de la nature -ICCN- s’affirme comme un puissant vecteur de changement. C’est la quintessence du bilan des 100 premiers d’Olivier Mushiete à la tête de ce service public. A la faveur d’une conférence de presse organisée le vendredi 19 novembre à Showbuzz dans la commune de Ngaliema à Kinshasa, le DG ai de l’ICCN s’est félicité pour ce premier virage amorcé avec succès. Parmi les acquis des 3 premiers mois du Comité Mushiete figure notamment la signature de plusieurs accords de cogestion des aires protégées RD-congolaises. «Deux de ces accords ont été conclus avec des organisations 100% RD-congolaises», s’est réjoui Olivier Mushiete.

Face aux défis à relever, le DG ai Mushiete a mis à profit son premier trimestre de gestion pour prendre langue avec divers partenaires. En Allemagne puis en Belgique, il s’est lancé dans une campagne de séduction au profit des aires protégées de la RD-Congo avec notamment des fructueux échanges à Bohn, au siège de WWF Allemagne. De retour au pays, il a entrepris une tournée dans le Congo profond afin de s’imprégner des réalités et conditions de travail dans les sites de l’ICCN. Grâce au dynamisme de son DG, l’ICCN a ensuite pris part active à la COP26. «Là, nous avons participé à la sensibilisation de l’opinion publique sur la position de la RD-Congo dans la protection et la conservation de la nature», a rapporté le DG Mushiete.

Se projetant vers l’avenir, l’ICCN a annoncé le lancement prochain de l’Opération «Ishango», du nom d’un camp de formation des éco gardes au large du Lac Edouard. «Il s’agit de former de nouvelles unités d’éco gardes en vue de doubler et rajeunir les effectifs, passant de 3.200 à 6.000 unités», a expliqué Mushiete, précisant que le projet Ishango inclut l’aspect genre: «Aujourd’hui, seulement 8% d’Eco gardes sont des femmes. L’objectif est d’arriver à 25% d’ici 6 ans». Cette opération vise également le rapatriement d’un patrimoine culturel hors pair pour la RD-Congo: l’os d’Ishango. C’est la plus ancienne attestation de la pratique des mathématiques dans l’histoire de l’humanité. Découvert en 1950 dans la province du Nord-Kivu, l’os d’Ishango, datée de plus de 20 000 ans avant notre ère, est exposé au musée des Sciences naturelles à Bruxelles en Belgique.

Autre grand projet de l’ICCN: l’aménagement du corridor écologique de Bateke. L’objectif poursuivi est double: servir de lien entre deux zones du pays et préserver la culture Teke connu pour sa singularité. L’année 2022 verra également la sortie d’un long métrage sur la conservation de la nature en RD-Congo, avec un accent sur l’implication de l’homme. Le cinéaste Balufu est déjà impliqué pour la matérialisation de ce projet.

Consciente du potentiel de la RD-Congo en cette période de réchauffement climatique, l’équipe dirigeante de l’ICCN tient également à créer une dynamique autour de la protection des tourbières de la RD-Congo, une réserve d’au moins 40 gigatonnes de carbone.

Cependant, toute démarche de conservation de la nature est vouée à l’échec si la responsabilité de l’humain n’y est engagée. C’est dans cette optique que le DG Mushiete s’est résolu dans la logique de rendre accessible les aires protégées de la RD-Congo et les faire connaitre aux RD-Congolais. En RD-Congo, les aires protégées représentent 22% du territoire national, c’est plus grand que la France. Pourtant, il se dégage un manque d’intérêt de la population vis-à-vis de ces sites. Pour y remédier, le DG Mushiete a sa petite idée. Il prévoit de mettre sur pied dans un futur assez proche une compagnie aérienne qui viendrait booster les secteurs du tourisme: Congo Air nature.

Une nouvelle identité à la hauteur des ambitions

Dans cet élan de modernité, le DG Mushiete a ensuite dévoilé le nouveau logo de l’ICCN. «Ce nouveau logo répond au souci de faire de l’ICCN un puissant vecteur de changement», a rassuré le DG ai de l’ICCN. Composé de 4 éléments graphiques, le nouveau logo incarne 4 principes directeurs: la souveraineté, l’humanité, la responsabilité et la biodiversité.

En tenant compte de la souveraineté de la RD-Congo, l’ICCN veut insister sur le caractère «intègre et inviolable» du territoire national. Dans le nouveau paradigme de l’ICCN, l’homme sera au centre du dispositif. L’humanité, c’est l’exigence en matière d’intégration, équité sociale et des droits de l’homme. Aussi, l’ICCN se veut désormais plus responsable et s’engage à gérer son patrimoine en bon père de famille.

Se plaçant pleinement dans la vision du Chef de l’Etat, le DG Mushiete entend monter en puissance et augmenter les capacités d’autofinancement de son institut en s’appuyant notamment sur les énergies renouvelables et le crédit carbone.

Dernier pilier du nouveau logo de l’ICCN: la biodiversité. Il s’agit ici de créer des conditions propices à favoriser et à encourager les activités de recherche à même de contribuer à la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources biologiques.

Impliquer la population dans la promotion du tourisme

Le nouveau logo attend désormais une dernière validation avant d’être inscrit dans le patrimoine de l’ICCN. Pour le DG, cette nouvelle identité visuelle, plus moderne, représente mieux les aspirations actuelles et futures des l’Institut.

Abordant l’épineux problème d’insécurité notamment dans la partie Est du pays, le DG Mushiete a reconnu que cette réalité est un obstacle à la promotion du tourisme. «Pour voir les touristes, il faut rétablir la paix. L’ICCN renforcée peut être un acteur dans le rétablissement de cette paix», a fait savoir Olivier Mushiete. Pour lui, il est nécessaire d’accentuer la sensibilisation sur la législation régissant les aires protégées en RD-Congo.

Il a appelé à la création d’une «solidarité autour de la cause de la nature». A l’en croire, la conservation et la protection de la nature est un «travail à impact global» et que l’apport de tous s’impose. «Nous allons créer une unité spéciale de découverte et d’exploration», a-t-il annoncé, appelant tous les RD-Congolais à être des «ambassadeurs» de l’ICCN, de la nature et du tourisme.

Sur la situation des agents, le DG Mushiete a reconnu plusieurs difficultés. A son arrivée, a-t-il rappelé, bon nombre d’agents étaient en congé technique avec pour conséquence le non-paiement de leurs primes. Aujourd’hui, la situation a évolué. «Tous les agents ont repris suivant un système de rotation en vue de répondre aux contraintes du Covid-19», a-t-il informé. En ce qui concerne les nombreux véhicules de l’ICCN en panne, une solution a été trouvée pour leur remise en circulation.

Le défi est immense mais la conviction du DG Mushiete l’est encore plus. Avec l’appui d’une forte équipe constituée à près de 40% des femmes, Olivier Mushiete se veut rassurant et rassuré. «Avec des orientations et une vision claires ainsi que des partenaires engagés, nos chances de succès sont importantes», a soutenu le DG ai de l’ICCN. Pour relever ce défi, il compte notamment sur la mobilisation des compétences opérationnelles et financières pour un pays détenteur d’un patrimoine unique, une double réserve écologique: la forêt en hauteur et les tourbières en profondeur. «La RD-Congo, scandale géologique, est aujourd’hui un scandale écologique», a conclu le DG Mushiete.

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