L’Étalon d’or de Yennenga à la 25ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou -FESPACO- pour son film «Félicité», le réalisateur Franco-sénégalais Alain Gomis avait opéré un bon choix en confiant le premier rôle à la RD-Congolaise Véro Tshanda Beya. Cette dernière l’a bien incarné, comme se raconte dans les circuits cinématographiques. Pourtant elle n’a jamais presté sur les planches ni devant les caméras comme actrice même pas dans ses rêves. Le hasard n’existe pas, Véro Tshanda est devenue à ce jour une star de la télévision.
Avant-hier c’était le Grand Prix du jury à Berlin et hier l’Etalon d’or au FESPACO, à Ouagadougou, le film «Félicité» s’invite dans des prestigieuses manifestations du 7ème art à travers le monde. Le triomphe d’Alain Gomis n’a pas surpris. Le travail abattu par le réalisateur, tant du point de vue contenu que qualités techniques, est salué par les férus du cinéma et autres cinéphiles, mais aussi l’incarnation du rôle confié à la RD-Congolaise Véro Tshanda Beya dépasse tout entendement. De la maison à l’interprétation d’un film qui accroche et surtout qui séduit différents jurys dans les compétitions, n’a pas été facile pour elle. Tshanda Beya a pu le faire sans beaucoup espérer. Aujourd’hui, le résultat est flatteur. Motif de fierté pour cette RD-Congolaise dont certains espéraient voir le prix d’interprétation féminine lui soit décerné par le jury du FESPACO présidé par l’ancien responsable du Centre cinématographique marocain Nouredddine Saïl. Surement, ce n’est qu’une partie remise.
Logée par sa sœur, qui l’a élevée après la mort précoce de leurs parents, Véro vivait à Kinshasa de divers petits boulots. N’ayant pas trouvé du vrai travail après des études commerciales, elle s’est donné à autre chose: se débrouiller dans le commerce ambulant, considéré comme étant informel. Ayant vécu cela, elle ne pouvait que bien traduire cette scène à travers le film d’Alain Gomis.
Comme indique son résumé, «Félicité» raconte la vie d’une chanteuse de bar mère célibataire de Kinshasa qui doit se battre pour trouver d’urgence de quoi payer une opération de la dernière chance à son fils adolescent grièvement blessé dans un accident de moto. Un film très musical, dont l’action est scandée par des morceaux du Kasaï Allstars et de l’Orchestre symphonique de Kinshasa, montrant comment cette femme désespérée va accepter la vie, malgré le décès de son enfant. Un rôle incarné par une qui n’a jamais presté sur les planches ni devant les caméras comme actrice même pas dans ses rêves. L’invitation de son amie qui travaillait dans le secteur culturel l’a appelée un jour en lui disant qu’elle faisait partie d’une équipe chargée d’un casting pour un film qui serait bientôt tourné à Kinshasa valait donc la peine. Le casting n’a pas été facile, raconte Véro Tshanda Beya à «Jeune Afrique». Elle a raison. Car, il a fallu passer quelques mois de suspens avant de retenir l’attention du réalisateur Alain Gomis, qui cherchait une femme d’une quarantaine d’années pour son film. Mais il avait mis du temps à se décider étant donné que la RD-Congolaise ne correspondait pas, selon lui, à l’image de «Félicité» dans son esprit.
Cela étant un destin, viendra alors, pour l’heureuse élue, un mois de formation accélérée au jeu d’acteur et au chant avec une coach venue de France et l’interprète vedette du Kasai Allstars, dont la musique joue un rôle central dans le film. Depuis, Véro a pris le goût. Elle souhaite suivre des formations pour devenir une véritable comédienne. Avec une petite volonté, elle peut atteindre ses objectifs et faire parler le monde, particulièrement le secteur cinématographique.
Patrick NZAZI
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