Save the children reste préoccupée. Dans un communiqué de presse rendu public le 16 juin 2020 à l’occasion de la Journée de l’enfant africain, l’ONG internationale alerte: «la pandémie Covid-19 menace de ramener en arrière les progrès réalisés pour les enfants RD-congolais depuis plusieurs années». Pour Save the children, cette situation sanitaire peut provoquer des répercussions économiques risquant de plonger des communautés les plus vulnérables dans l’extrême pauvreté. Dans le même communiqué de presse, Save the Children rappelle qu’elle a lancé, au début du mois de juin, un rapport panafricain intitulé: «Comment protéger une génération à risque». Ce document analyse les effets primaires et secondaires de la pandémie Covid-19 sur les enfants africains. «La pandémie de Covid-19 a eu un impact multidimensionnel, non seulement en tant que crise sanitaire, mais également en tant que crise sociale et économique dévastatrice qui pourrait persister des mois voire des années», prévient le Dr. Alex Mutanganayi, responsable de la riposte Covid-19 à Save the children. Et Beatrice Coly, responsable du plaidoyer et de la communication à Save the Children, de renchérir: «la pandémie présente des impacts secondaires de grande envergure qui augmentent les risques pour les droits et le bien-être des enfants africains, avec un impact disproportionnellement plus important sur les enfants issus des communautés les plus vulnérables». L’ONG internationale a averti, à travers son rapport «Comment protéger une génération à risque», que si les enfants ne constituent pas le groupe le plus à risque en termes de décès directs, il faut prendre davantage de mesures dès à présent pour éviter que la pandémie n’ait des répercussions importantes sur les droits et le bien-être des enfants, aujourd’hui et sur le long terme.
Urgence d’assurer une continuité des services
Save the children reconnait que la Covid-19 exerce une pression énorme sur un système de santé déjà fragile, dans beaucoup des pays africains notamment en RD-Congo. «Les vaccinations de routine, les soins prénataux et autres services empêchant les enfants de mourir de maladies évitables ne sont plus accessibles aux populations vulnérables d’où l’urgence d’assurer une continuité des services dans les structures de santé», propose Beatrice Coly. Pour Save the children, la Covid-19 ayant entraîné la fermeture d’écoles à l’échelle nationale. Cette fermeture prolongée prive des millions d’enfants de leur droit fondamental d’apprendre et leur fait encourir un plus grand risque d’être maltraités, exploités, recrutés pour le travail ou dans des groupes armés. «Les filles sont plus susceptibles de ne jamais retourner à l’école une fois que les cours recommencent et deviennent plutôt des victimes du mariage des enfants. Beaucoup d’enfants ne mangent plus à leur faim», constate Clotilde Ndandu, 11 ans vivant à Kinshasa. Et de compléter:«les parents ne peuvent plus travailler à cause des mesures de distanciation sociale et de la fermeture des commerces. La vie a totalement changé».
Mise en place des actions concrètes et fortes
La campagne «Comment protéger une génération à risque» a été lancée en ligne lors d’un dialogue virtuel entre des jeunes africains et des représentants de l’Union africaine -UA. Les jeunes ont exhorté l’UA et les gouvernements africains à prendre des décisions favorables à l’endroit des enfants et à mettre en place des actions concrètes et fortes pour protéger les enfants africains, en veillant à ce que leurs droits soient respectés pendant et après l’épidémie de la Covid-19. «Les autorités avaient décidé de fermer les écoles comme mesure pour ralentir la propagation du virus à l’échelle mondiale. Ce qui touche des millions d’enfants à Kinshasa et dans les provinces. Certaines écoles ont introduit des plates-formes d’enseignement à distance, ce qui exclut numériquement les élèves vivant dans des foyers à faibles revenus. De nombreuses écoles publiques ne disposent pas des ressources, de la technologie et des équipements nécessaires pour dispenser un enseignement en ligne», indique Gradi Mbadu, 15 ans, membre du Conseil de jeune Bien grandir plus à Masina. «Les enfants des zones de conflit, ainsi que ceux qui vivent dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées internes, courent également un risque élevé d’être victimes d’abus et d’exploitation sexuelle et économique. Ils risquent également de tomber facilement malades et de mourir de maladies évitables» avise Rosalie Masika, secrétaire principal du Comité urbain des enfants à Goma.
Garantir les droits des enfants pendant la pandémie Covid-19
A l’occasion de la Journée de l’enfant africain célébrée le 16 juin 2020, qui s’inscrit dans la lutte contre la Covid-19, Save the Children exhorte le gouvernement RD-congolais à garantir les droits des enfants pendant la pandémie Covid-19 en veillant à leur garantir l’accès à des services de santé, d’éducation et de protection de qualité. Elle invite le gouvernement à reconnaître et intégrer les besoins spécifiques des enfants les plus vulnérables, y compris les filles, dans le plan de réponse de la Covid-19; à anticiper, prévenir et répondre au mieux à l’insécurité alimentaire corrélée à la crise économique. Enfin, elle recommande au gouvernement à développer et mettre en œuvre des mécanismes et des politiques de protection sociale pour protéger les enfants et les familles contre les futures pandémies. Depuis la déclaration du premier cas de la Covid-19 à Kinshasa, le 11 mars 2020 par les autorités sanitaires, la RD-Congo frôle la barre des 5000 avec 112 décès et plus de 11 provinces touchées sur l’ensemble du territoire.
Christian BUTSILA