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Retrait de certains blocs petroliers des appels d’offre: Kinshasa exige une contrepartie équivalente à Washington

Dans le tout premier briefing hebdomadaire qu’il a animé le lundi 10 octobre sur les délibérations de la dernière réunion du Conseil des ministres, le ministre en charge de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, est revenu avec forces détails sur les différents sujets évoqués lors de cette 72ème réunion présidée par le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi. L’occasion était toute belle pour le porte-parole du gouvernement afin d’évoquer avec les journalistes, certains points saillants de l’actualité. Parmi les questions que lui ont posées les journalistes figurait celle relative à la demande de Washington concernant la renonciation, par la RD-Congo, à la mise aux enchères de certains blocs pétroliers, notamment ceux situés dans des zones sensibles. Pour le ministre Muyaya qui n’y est pas allé avec le dos de la cuiller, «cette demande ne peut être prise en compte qu’à la suite d’une contrepartie équivalente, car le pays s’est engagé à répondre aux besoins de la population. Une tâche qui nécessite des moyens colossaux».

Il a saisi cette opportunité pour préciser qu’un comité de travail congolo-américain a été mis en place pour statuer sur ce sujet. «Il ne faut pas rester sur cette posture qui exige au Congo de retirer six blocs. Il a été convié au terme de l’arrivée du Secrétaire d’Etat américain que nous allons mettre en place un comité de travail entre les gouvernements de la RD-Congo et des Etats-Unis pour statuer sur ce sujet», a indiqué le ministre Muyaya. Et de poursuivre: «si le gouvernement américain nous dit qu’ils veulent que nous retirions ces six blocs en nous offrant une contrepartie équivalente, tant mieux, ils peuvent nous assurer ce dont nous avons besoin pour le bien de nos populations».

Et de souligner en substance: «dans le vocable pays solution, autant nous devons être une solution pour le monde, nous devons également l’être pour nous-mêmes. Si de par la technologie, on a trouvé qu’il est possible d’exploiter le pétrole dans le parc sans entacher l’écosystème, pourquoi on ne le ferait pas?», s’est-il interrogé. Au sujet de la préoccupation concernant Dan Gertler, le ministre Patrick Muyaya a évoqué la continuation des discussions entre les gouvernements RD-congolais et américains sur les sanctions contre ce dernier. Il a précisé que l ’objectif serait la levée des sanctions américaines qui pèsent sur l’homme d’affaires israélien afin de faire profiter des actifs récupérés au Congo, grâce à l’accord signé entre le gouvernement RD-congolais et le groupe Ventora. «Concernant le dossier Dan Gertler, des options ont été prises grâce aux sanctions américaines pour récupérer nos actifs et en faire profiter à nos compatriotes», a martelé le ministre Muyaya. Et d’ajouter: «l’enjeu, pour nous aujourd’hui, c’est de regarder si l’accord qui a été fait constitue un moyen de détournement des sanctions contre Dan Gertler».

La récupération de Bunagana et la paix à Kwamouth, une réalité 

Au cours de ce même briefing, certains sujets préoccupants n’ont pas été omis et en particulier, la récupération de Bunagana, au Nord-Kivu, et le retour de la paix à Kwamouth, dans la province de Mai-Ndombe. A propos de la cité de Bunagana,  dont on sait qu’elle totalise aujourd’hui plus de 110 jours depuis son occupation par le M23, y compris la main noire qui défraie la chronique dans le Kwamouth, province de Mai-Ndombe, l’on retiendra pour Bunagana que le gouvernement reste attaché aux processus de Luanda en Angola, de Naïrobi au Kenya et, dernièrement, de New-York aux Etats-Unis sous l’égide du Président français Emmanuel Macron, qui prônent la résolution des conflits à l’Est du pays par le dialogue. «Le gouvernement Sama Lukonde préconise l’axe diplomatique pour récupérer cette cité assiégée depuis plus de 110 jours déjà», a affirmé le ministre en réponse à une des questions des journalistes.

Comme pour expliquer davantage le choix porté sur la voie diplomatique du côté RD-congolais, il a laissé entendre que le Chef de l’Etat Tshisekedi, soucieux de sa population, ne veut pas enregistrer des pertes en vies humaines et des déplacements de celle-ci. Et de signifier que dans sa communication sur le conflit inter-ethnique de Kwamouth, le Président de la République a instruit le ministre de la Solidarité de préparer une mission humanitaire sur place. «Il y a eu malheureusement, d’après le bilan qui nous a été partagé par la gouverneure de Mai-Ndombe, plus de 180 morts à la suite de ce conflit entre Teke et Yaka. La gouverneure a pris toutes les dispositions pour que la sécurité puisse être rétablie», a rassuré le ministre de la Communication et Médias. Et d’ajouter: «s’agissant de la situation à Kwamouth, le gouvernement se réjouit du retour au calme et prend des dispositions nécessaires pour la restauration de l’autorité de l’Etat et le retour de la population ayant fui la guerre». «Bien plus, après échange avec la gouverneure de Mai-Ndombe, Rita Bola, elle m’a informé que certains compatriotes se sont réfugiés au Congo-Brazzaville, à Kinshasa et dans d’autres provinces du Grand Bandundu», a signalé Patrick Muyaya, ajoutant qu’avec cette situation qui est sous le  contrôle des services de Sécurité et de Défense, le Chef de l’Etat a instruit le Premier ministre pour qu’une mission humanitaire soit d’urgence dépêchée sur place en vue de venir en aide à nos frères et sœurs de Mai-Ndombe.

«J’annonce par ailleurs un voyage pastoral du Cardinal Ambongo à Kwamouth et ses environs dans les prochains jours pour compatir avec les familles éplorées», a fait savoir le ministre, comme pour accréditer la thèse de la paix déjà établie en ce lieu. «C’est tout à fait normal que l’on se pose des questions concernant la main noire, à voir les armes utilisées et la manière dont certains compatriotes sont tués», a dit l’orateur, réagissant à la question sur la main noire dont il est question dans cette partie de la République. Le ministre Muyaya  a confirmé l’existence de cette main noire. Comme pour rassurer davantage sur l’effectivité du retour au calme à Kwamouth: «les grosses menaces se sont tues, la situation est redevenue calme et nous sommes sur le sujet».

Abordant un autre point de la communication du Chef de l’Etat, Patrick Muyaya a mis en exergue les dérapages judiciaires dénoncés par Félix-Antoine Tshisekedi, qui s’est prononcé sur la théâtralisation de la justice. Il a ainsi interpellé le Conseil supérieur de la Magistrature et le ministre d’Etat en charge de la Justice et Garde des sceaux pour que l’ordre soit remis dans ce secteur.

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