Arrêté depuis le 8 septembre dernier à l’Aéroport international de N’djili, le journaliste Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint du média Actualite.cd et correspondant de Jeune Afrique et Reuters à Kinshasa, est toujours détenu à la prison centrale de Kinshasa -ex-Makala. Lundi 3 octobre, trois organisations de la Société civile sont montées au créneau pour dénoncer une détention qui «viole la liberté de la presse en RD-Congo». Au cours d’une conférence de presse co-animé par leurs responsables, l’Association africaine de défense des droits de l’homme -ASADHO-, l’Observatoire de la dette publique –ODEP- et Pro Justicia ABSL ont estimé que Bujakera «n’a pas bénéficié de toutes les garanties organisées par la loi sur la liberté de la presse qui assure la protection de la profession de journaliste».
Jean-Claude Katende de l’ASADHO a notamment évoqué une détention «arbitraire». Pour ce juriste, l’affaire Stanis Bujakera n’est ni plus ni moins qu’un «règlement de comptes». «L’arrestation et la détention de Stanis Bujakera révèle le vrai visage du régime actuel en République démocratique du Congo qui devient de plus en plus prédateur des droits humains et des libertés publiques. Ce n’est pas ce qu’on attendait du président Tshisekedi, encore moins de son gouvernement», a tonné Jean-Claude Katende.
Les trois organisations ont dit ne pas comprendre pourquoi Bujakera est poursuivi alors qu’il n’est pas l’auteur de l’article. Ils ont rappelé que seul le directeur de publication de Jeune Afrique peut répondre pour cet article. «Cette arrestation est donc une violation de la loi sur la liberté de la presse», ont soutenu les 3 organisations qui ont appelé au respect des lois du pays «Stanis Bujakera est arrêté pour des faits qui ne peuvent pas lui être imputables», a tranché Me Timothée Mbuya de Pro Justicia ASBL.
Officiellement, Bujakera est poursuivi pour «propagation de faux bruits», «faux et usage de faux» et «diffusion de fausses informations». Les faits portent sur un article de Jeune Afrique retraçant les circonstances de l’assassinat de Chérubin Okende sur base d’un rapport attribué à l’Agence nationale de renseignements -ANR- dont Kinshasa conteste l’authenticité.